jeudi 15 octobre 2015


3D, la lente chute
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Pour en finir avec ... ]

Vous le savez, CineFast ne cesse de se réjouir des déboires de la 3D. Non pas parce que CineFast est méchant, mais parce qu’il dénonce depuis le début cette plaie cinématographique. Une plaie qui affecte à la fois la forme du septième art, détruisant les couleurs, la netteté, le confort du spectateur et son porte-monnaie, mais aussi le fond, car la frénésie 3D qui s’est emparée d’Hollywood a modifié son business model, transformant les blockbusters chers en blockbusters ultra chers.

Certes, les profits s’envolent aussi, mais la 3D oblige à concentrer l’énergie des studios sur 2 ou 3 tentpoles, ces « piquets de tente » qui font tenir debout le cirque du studio pendant toute l’année. En obligeant à produire des films extrêmement onéreux qu’il faut absolument rentabiliser, la 3D castre toute l’industrie ; aucun sujet un tant soit peu clivant ne peut alors éclore ; les histoires, les héros doivent rassembler non pas seulement l’Amérique, mais le monde entier. C’est donc la mort à petit feu d’un cinéma spécifiquement américain et la naissance d’un cinéma mondialisé sans saveur. Des blockbusters au bon goût de burger comme USS Alabama (qui passe en ce moment sur TCM, à ne pas rater !) sont impensables aujourd’hui. Nous voilà condamnés à Divergente, Hunger Games et aux sempiternelles aventures manichéennes de superhéros en short moulant bleu et rouge.

Mais pour combien de temps encore ? Voilà que la 3D est en soldes. Au Gaumont Aquaboulevard, une pub offre la 3D gratuite à la séance du dimanche. La fameuse innovation qui devait tout révolutionner dans le cinéma (dixit Jeffrey Katzenberg) ne se vend pas si bien que ça, comme le témoigne les mentions « disponible en 2D également ».

Rappelons que le western, genre obligé des années soixante comme le sont les superhéros d’aujourd’hui, devint soudain obsolète sous les coups de boutoir des ragings bulls des seventies, Coppola, Scorcese et autres Denis Hopper.

Patience, donc.