dimanche 14 décembre 2014


Hard Eight
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Hard Eight, c’est le premier film de l’immense PT Anderson. Dans ce film de débutant, aussi appelé Sydney ou Double Mise, tout le talent du réalisateur est en germe. Toutes ses obsessions aussi : les pères absents, les fils et les filles perdues, l’Amérique des losers, le sexe et la violence.

L’intrigue est simple. Un homme âgé, Sydney (Philip Baker Hall) prend sous son aile un jeune homme un peu paumé, John (John C. Reilly). Nous sommes dans le Nevada, ce no man’s land de l’Amérique, entre Reno et Las Vegas. Déserts, motels, diners, et casinos.

Ce couple, père et fils de substitution, nous semble dès lors très étrange. Pourquoi Sydney consacre tant de temps (et d’argent) à aider ce parfait inconnu, cet abruti de John ? Court-il en fait après sa petite amie, la délicieuse Clementine (Gwyneth Paltrow) ? Et que vient faire dans ce trio Samuel L. Jackson, le trouble Jimmy, mi-maquereau, mi-chef de la sécurité du casino ?

Avec le jeu des acteurs, qui passe du minimaliste Philip Baker Hall, au jeu outré de Samuel L. Jackson, avec la perfection graphique de chaque plan, P.T. Anderson installe ce qui va devenir une œuvre, de Boogie Nights à The Master.

Mais ce qu’on peut néanmoins regretter, au visionnage de Hard Eight, c’est la complexification inutile – et semble-t-il, irréversible – de l’œuvre andersonienne. Après des débuts limpides (Hard Eight, Boogie Nights), Paul Thomas Anderson semble vouloir de plus en plus faire l’auteur. Ses films sont de plus en plus magnifiques (There Will Be Blood), mais aussi de plus en plus arides (The Master). Ses personnages nous touchent moins, le propos est moins clair.

C’est peut-être plus arty, mais c’est moins parfait.