mercredi 11 mars 2009


La Guerre de Sécession
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Séries TV ]

Bon, bien sûr, y’a le foot, mais il y a aussi ce formidable documentaire sur Arte, et encore mieux, sur Internet, sur Arte+7.
Qu’on s’intéresse ou pas à la Guerre de Sécession, les documentaires de Ken Burns sont incontournables. Arte avait déjà diffusé The War, sur la Seconde Guerre Mondiale, qui était déjà très bien, mais La Guerre de Sécession est encore mieux.

Il y a un style Ken Burns, austère, mais rigoureux et efficace : photos d’époques zoomées et dézoomées, musique en arrière-plan léger, et surtout, une méthode : témoignages d’époque, du soldat de ligne au Président des Etats-Unis, quelques rares interviews d’experts, et la guerre toujours vue comme impactant d’abord le quotidien.

Pas d’héroïsme guerrier donc, pas de reconstitutions en 3D, pas de roulement de tambours, pas de clichés, mais un énorme travail de documentation, et d’écriture… et cette petite musique entêtante, celle de la vie quotidienne.

A ne rater sous aucun prétexte, malgré les horaires douteux (samedi et dimanche 16h), mais sans excuse ! Grâce à Internet, on peut voir La Guerre de Sécession sur Arte+7 en streaming, et c’est magique ! On ouvre le documentaire dans une fenêtre, dans puis GoogleMaps pour voir où se déroule cette fichue Bataille de Bull Run et, dans une troisième, Wikipedia pour trouver le texte de Battle Hymn of the Republic

Glory Glory hallelujah !!!




jeudi 5 mars 2009


L’Etrange Histoire de David Fincher
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Qu’est-ce qui fait courir David, c’est la question que l’on peut légitimement se poser, tant le cas Fincher résiste à l’étude filmique… Ses films sont clairement grand public, mais on voit bien qu’ils ont quelque chose en plus, avec le sentiment d’y trouver plusieurs niveaux de lecture cachés… Ils sont très esthétiques, parfois presque trop léchés et pourtant, ils ont toujours la profondeur qui manque toujours aux œuvres des autres clipeurs et pubeux (Scott, Jeunet, etc.) Il y a des thématiques typiquement Fincheriennes (rédemption, pardon, père absent, dimension christique), et pourtant, aucun scénario n’est signé de lui ! Comment fait-il pour imposer sa patte, alors qu’il n’a aucun contrôle sur l’écriture, le scénario, la production ? Fincher est devenu immédiatement un cinéaste culte, alors qu’il refuse le people : on ne sait rien de lui, de son épouse, de ses enfants, etc. Ses films ne marchent pas trop aux Etats-Unis, mais il a conservé la confiance des studios… on pourrait multiplier ainsi les questionnements, mais rien n’en sort ! Fincher est-il un Kubrick qui ne serait pas maudit, ou un Spielberg sombre, qui ne serait pas méprisé ?

Ici, on est en territoire fincherien inconnu : le mélo. L’histoire à rebours de Benjamin Button, orphelin né vieux, doit-il mourir jeune ? Pour le coup, ce Fincher est sûrement le plus classique, le plus posé de la filmographie du cinéaste chrétien, selon la formule du FrameKeeper (monographie en cours).

Ce n’est pas mon Fincher préféré, pour tout dire. On cherche en vain un sens à tout cela, mais y’en a-t-il un ? Car Benjamin Button est un film sur le sens de la vie. Tout ça et rien que ça.

La vie vaut le coup d’être vécue, que l’on soit un bébé monstrueux, un vieillard aux portes de la mort, un noir pauvre, un blanc riche, un père indigne, un marin alcoolique, ou une danseuse boiteuse.

Une fois passé l’ouragan de la vie, il ne reste qu’un lever de soleil, sur le lac Pontchartrain.

Un peu court ? Pas mal quand même, non ? Et se priver d’un film comme L’Etrange Histoire de Benjamin Button, c’est comme refuser une cuillère de Nutella.

C’est mal.




jeudi 5 mars 2009


Les Tudors saison 2
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Séries TV ]

Malgré les défauts inhérents au film historique (poses hiératiques, acteurs compassés, extrême pédagogie), les Tudors, ça le fait !

Le dernier épisode, vu hier, qui arrive à réconcilier le public avec la petite Boleyn, est un chef d’œuvre du genre. Et même si ça pataugeait au milieu de la saison (c’est la malédiction des séries !) avec Peter O’Toole en pape un peu répétitif, et l’obstination de Thomas More, tellement lourdingue que nous aussi, on souhaite qu’il ait la tête tranchée, les Tudors finissent sur les chapeaux de roues…

On voudrait déjà la saison 3, ne serait-ce que pour voir comment notre bon Henry, qui visiblement, n’a pas pris ses cachets depuis longtemps, va se débarrasser de cette fadasse de Jeanne Seymour… Et moi qui croyait que c’était une actrice !




dimanche 1 mars 2009


Dany ne Boone plus
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les gens ]

Bon finalement, le dany s’est dégonflé. Devant d’amicales pressions, il s’est rendu à la soirée potache de George Cravenne, pour autocélébrer – comme les autres – le cinéma français avec cet humour lourdingue qui fait le succès de cette soirée.

Dommage, cette rébellion-là était intéressante.




dimanche 1 mars 2009


Titanic, deux leçons de cinéma pour le prix d’un blockbuster
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les films ]

Incoulable Titanic ! 0h20, la semaine dernière, il reste dix minutes au chef d’œuvre de James Cameron. Malgré tout, on regarde la fin, qui contient sûrement l’une des plus belles du cinéma.

Un canot de sauvetage file lentement dans la nuit étoilée de l’Atlantique. On dirait un tableau. L’Officier, superbement joué par Ioan « Captain Fantastic » Gruffudd, cherche désespérément des survivants.

Autre tableau : Rose Dawson, Ophélie moderne, gît glacée sur son lit de bois, serrant la main de Jack : il est mort et elle ne le sait pas.

Ce qui est très fort à ce stade du film, c’est que Cameron arrive à nous faire croire que Rose est en danger de mort, alors que c’est elle qui nous raconte a tragédie, 90 ans plus tard, à bord du Keldysh.

Comment s’y prend-il ? En dilatant le temps à l’extrême, en retardant le climax, moment où le spectateur soulagé va assister au sauvetage de Rose.

Du grand art, en vérité : d’abord un simple reflet de lampe-torche sur le visage de Rose. Mais elle ne réagit pas, engourdie par le froid. Puis son regard accroche la lumière ; elle comprend, tente de réveiller Jack, et perd des secondes interminables : « Jack !? Jack !? Jack !!! » Petite subtilité qui fait la différence, Rose ne hurle pas, elle chuchote. Signifiant qu’elle est quasi-mourante, gelée, enrouée… Son destin semble ne tenir qu’à un fil. Mais réalisant finalement son serment (ne pas mourir ici, comme ça), elle abandonne Jack dans un dernier baiser. Se rue sur le cadavre le plus proche, s’empare du sifflet et maladroitement (le maladroitement est aussi très important), siffle de toutes ses forces. Elle est sauvée, d’ailleurs Cameron ne s’ennuie pas à filmer le sauvetage lui-même.

Les cinq dernières minutes serviront à boucler tous les arcs dramatiques : Rose ne reverra jamais sa mère, son fiancé se suicidera en 1929, le Cœur de l’Océan ne sera jamais retrouvé, etc.

Mais surtout, dans ces cinq dernières minutes, Cameron part avec la caisse. Au début du film, il avait fait en quelque sorte un pari avec le spectateur : « Vous êtes venu voir un film catastrophe ? Et bien moi, je vais vous raconter une histoire d’amour, et je vous parie que vous allez pleurer comme des madeleines à la fin ! »

Pour cela, Cameron va mettre en place un dispositif très malin, pour faire basculer le spectateur de son côté. Pendant les vingt premières minutes, Titanic-le-film s’attache aux aspects les plus prosaïques, pour ne pas dire vulgaires de la mythologie Titanic : chasse au trésor, pilleurs d’épaves, naufrage, catastrophe, etc. Ces éléments installent le spectateur dans un registre connu : le film d’aventure, le film catastrophe, le blockbuster racoleur…

Comment ? D’abord, en décrédibilisant la narratrice : « vieille dame », »fofolle amnésique », « actrice ». Ensuite, en tuant tout suspense. Et pour cela, il utilise deux outils tout aussi vulgaires : l’ingénieur nerd, l’image de synthèse cheap. Lors d’une réplique mémorable, l’ingénieur Bodine (gros barbu à lunettes, T-Shirt Watchmen) explique crûment à la vieille Rose comment s’est déroulé le naufrage, mais surtout, il déflore le sujet en parlant en fait au spectateur : voilà ce que vous, au fond de votre siège, vous allez voir dans les 120 prochianes minutes : « She hits the berg on the starboard side, right? (…) finally she’s got her whole ass sticking up in the air – And that’s a big ass, we’re talking 20-30,000 tons. Okay? (…) The bow section planes away, landing about half a mile away going about 20-30 knots when it hits the ocean floor. « BOOM, PLCCCCCGGG! »… Pretty cool huh? ». Côté image, c’est aussi cheap : des images de synthèse, mais pourries.

Avec cette scène, il a déjà désamorcé le suspens, mais surtout, il a démonté l’aspect sensationnaliste inhérent à ce genre de film. Le film catastrophe, c’est cheap !

Mais maintenant, il faut que le film bascule : il faut inverser la vapeur, passer au film romantique, à l’histoire d’amour, à la tragédie. Rejoindre le vrai projet du film : pas un film catastrophe, mais bien un drame humain. Cameron va alors réutiliser la vieille dame, mais sur un brusque changement de pied : « Thank you for that fine forensic analysis, Mr. Bodine. Of course, the experience of it was… somewhat different. ».

Tout est dit : la vieille folle est devenue une narratrice crédible*. Le film catastrophe est une histoire humaine. L’épave qui vient de couler en 3D est « the Ship of Dreams ».

L’Histoire peut commencer.

*Tant et si bien qu’à la fin, le film aura changé de héros, passant de l’explorateur (Bill Paxton) à Rose (Kate Winslet – Gloria Stuart)