mardi 9 mai 2017


The Walking Dead, saison 3
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

C’est dur d’être père. Cédant aux penchants gore du fiston, le Professore Ludovico s’infuse la tisane TWD. On couvre pourtant une partie passionnante de la BD, dite « du Gouverneur ».

Mais c’est tellement mal joué, pontifiant en diable, qu’on attend le générique de fin avec impatience.

Dans la BD, comme dans la plupart des comics, certains mots sont en gras ; pour créer de l’émotion mais surtout – obsession américaine de l’efficacité – pour accélérer la lecture. On a l’impression que les auteurs de la série ont repris ce principe à leur compte en demandant à leurs acteurs de jouer « en gras » une partie de leurs répliques. De sorte que l’on voit ce pauvre Andrew Lincoln, acteur britannique, s’échiner sur son accent redneck du fin fond de la Géorgie, en s’attardant sur certains mots : « At least have the balls to call this what it is: murder! »

Dommage, il y a plein de choses à sauver dans The Walking Dead : le fond d’abord, beaucoup plus subtil que sa réalisation, et quelques bons acteurs, Daryl (Norman Reedus), Maggie (Lauren Cohan), Glenn (Steven Yeun) et le gamin (Chandler Riggs), tout simplement extraordinaire.




lundi 8 mai 2017


Wyatt Earp
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Wyatt Earp fait partie, dans l’esprit, des grands films de Lawrence Kasdan. Pourtant, il subsiste dans la tête du CineFaster le souvenir tenace d’un échec au box-office. A la vision, on comprend pourquoi. Certes, la reconstitution far west est aux petits oignons, et l’image est magnifique. On imagine ce qui a plu aux CineFaster (et ils sont nombreux) qui l’ont vu à l’époque : un western réaliste, qui se débarrasse de la propreté hollywoodienne, mais qui reprend quand même à son compte une forme de classicisme mis à mal par le western spaghetti ; ici c’est donc poussière, rasage de trois jours et antihéroisme de rigueur.

Mais pour le reste, c’est absence de cinéma à tous les étages. Kevin Costner ne joue pas très bien. Il n’a jamais très bien joué mais ce n’est pas exactement ce qu’on lui demande. Denis Quaid cabotine à qui mieux mieux dans le rôle de Doc Holiday, et le reste n’est pas mieux, au bord de la caricature. En fait, on est dans l’un des premiers biopic, on est en 1994. Wyatt Earp, le film, enchaîne donc les grands moments, façon image d’Épinal, de Wyatt Earp, l’homme. Le chasseur de bison, le veuf éploré, le shérif.

Les dialogues sont indigents et la direction d’acteur quasi nulle. Comme dans les pires dramatiques françaises*, on peut voir dans Wyatt Earp un acteur patientant dans un coin de l’image, et qui soudain s’anime pour dire sa tirade, comme au théâtre.

En 1994, Lawrence Kasdan était perdu pour le cinéma, mais nous ne le savions pas encore.

* Phénomène notamment identifié dans L’Affaire Villemin.




dimanche 7 mai 2017


Election Day, part two
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

« Il y a une certaine conception de l’honneur, qui, dans les situations humiliantes et devant les périls manifestés, inspire les réactions les plus désastreuses. »

Thucydide, La Guerre du Péloponnèse
Ve siècle av. J.-C.




samedi 6 mai 2017


The Bling Ring
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Hollywood Gossip -Les films ]

La cinéphilie, c’est simple comme un coup de fil. On lit un vieux Vanity Fair de 2010 qui traîne*, et notamment un article sur le Bling Ring, cette bande de rich kids qui décidèrent un jour de dévaliser leurs idoles. S’introduisant dans les villas des Hollywood Hills, le Bling Ring déroba argent, bijoux, mais surtout vêtements de Lindsay Lohan, Paris Hilton ou Orlando Bloom. Etrange effet miroir que ces fashion victims dérobant à d’autres fashion victims leurs atours, et s’en parant. A l’instar, comme le fait remarquer l’article, du Tueur au Papillon avec la peau des cadavres, dans le Silence des Agneaux. Hollywood, toujours et encore.

On en parle à la Professorina**, qui, elle, a vu le film de Sofia Coppola. Elle nous informe qu’il passe toujours sur OCS. On regarde et on découvre, dès les crédits, que le film est inspiré par l’article qu’on vient de lire. In girum imus nocte et consumimur igni …

À vrai dire, la petite Sofia s’est contentée d’adapter – presque mot pour mot – les verbatim des interviews recueillis par Nancy Jo Sales. Mais elle a du talent, et ça marche.

Comme l’explique la règle scénaristique de Robert McKee, le ponte du scénario, « Parle de toi. Parle de tes expériences », Sofia Coppola est parfaitement à l’aise, dans la description de ces adolescents gâtés, gâchés par l’argent (et l’absence) de leurs parents. Comme elle l’est dans la plupart de ses films, car elle a appliqué ce principe jusqu’à Marie Antoinette.

Mais elle a aussi la bonne idée de prendre comme point de vue non pas la cheffe du Bling Ring, l’odieuse Rebecca, (Katie Chang) mais celui, plus attendrissant, de Marc (Israel Broussard)***, l’ado le moins riche de la bande. C’est lui qui, énamouré « I loved her like a sister », se jette à corps perdu dans cette stupide aventure. Son visage, au bord des larmes, dans le bus qui l’emmène en prison, est une des plus belles réussites du film.

* Au sommaire : A new decade, a new Hollywood, The genious and tragedy of John Hughes, Annie Leibovitz’s Oscars Masters, et Ryan Kavanaugh, The theory of Relativity. Y’a-t-il mieux que VF pour le Cinefaster ?
** Qui vient de déclarer que tout compte fait, Los Angeles, c’est quand même mieux que New York. Bon sang ne saurait mentir.
*** Bizarrement ce sont les acteurs les moins expérimentés qui s’en sortent le mieux, alors qu’Emma Watson est moins convaincante…




dimanche 23 avril 2017


Election day
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

« Quand le duc eut prit la Romagne, trouvant qu’elle avait été gouvernée par des seigneurs impuissants, qui avaient dépouillé leurs sujets plutôt qu’ils ne les avaient corrigés, et leur avait donné matière à désunion, non à union – si bien que cette province était pleine de brigandages, de querelles, et de toutes sortes d’insolences – il jugea qu’il était nécessaire, pour la rendre pacifique et obéissante au bras royal, de lui donner un bon gouvernement. »

Machiavel, Le Prince

Ou encore : « Les hommes changent volontiers de maître, pensant améliorer leur sort. »




mercredi 19 avril 2017


Les Cavaliers
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Le film de John Ford ne brille pas par son histoire, elle est même un peu confuse. Les Cavaliers prend appui sur une histoire vraie de la Guerre de Sécession, le raid Grierson, pendant le siège de Vicksburg : 1700 cavaliers nordistes traversant le Mississipi sur les centaines de kilomètres pour harceler les lignes de ravitaillement sudistes.

Dans le film, le colonel Marlowe (John Wayne), obtus, vieille école, sévère mais juste, est soudain flanqué de Kendall (William Holden), un médecin-major sarcastique et progressiste. Bientôt en territoire ennemi, nos cavaliers sont hébergés par une riche héritière sudiste (Constance Towers, qui révèle progressivement ses talents de comédienne). Mais l’on découvre qu’elle espionne. Aujourd’hui, on la tuerait sans vergogne mais dans un John Ford on l’emmène avec son esclave noire.

Elles vont donc accompagner le régiment de Cavalerie dans sa chevauchée à travers les territoires sudistes et révéler les caractères de chacun. (Rien de tel qu’une femme pour révéler le vrai caractère de John Wayne). Dans cet étrange trio amoureux, où Wayne et Towers sont raides dingues du camp adverse, facon Roméo & Juliette in Dixieland, William Holden tient la chandelle et arbitre toute l’affaire.

On l’aura compris, c’est un western sans western (les quelques batailles ont pris un bon coup de vieux), un conflit Hawksien sans Howard Hawks, et pourtant, ça marche. Car de cette tragédie plutôt drôle et de cette comédie fondamentalement tragique, il se dégage une irrépressible mélancolie. Celle d’un pays déchiré, cet amour impossible entre le Nord qui a déjà raison et le Sud qui a déjà perdu. Le Sud, dernier rêve d’une noblesse à l’européenne, ce mode de vie élégant et prestigieux auquel les Etats enfin Unis n’accèderont jamais.

Il reste aussi quelques plans splendides, au milieu d’une mise en scène évidemment conventionnelle, comme ce wagon en flammes, ou cette conversation bucolique dans un champ de blé, dans un magnifique contre-jour de fin du monde.




dimanche 16 avril 2017


Stranger Things
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Par son concept, Stranger Things s’est immédiatement classée dans les séries événements, concept pourtant très galvaudé.

Mais en marchant dans les pas de Spielberg, et en l’assumant, avec les années 80 reconstituées aux petits oignons, voilà qui vise la nostalgie quadra-quinqua sans trop de risque. Si, quand même, car le backlash peut aussi être maximum.

Mais cette partie-là est extraordinairement réussie. Les frères Duffer ne se contentent pas de filmer « à la manière de » mais réussissent leur hommage au cinéma, à la musique, à l’ambiance générale de ces années 80 honnies.

La nostalgie y trouvera son miel ; musique façon Carpenter, Goonies, Au-Delà du Réel (dont il emprunte même le gimmick du titre), E.T., Donjons et Dragons et sa fameuse Demogorgon (200HP, AC-8, alignement Chaotic Evil), les Geeks et les Jocks, Breakfast Club et Retour vers le Futur.

L’intrigue, forcément sera dans le domaine du prévisible : une bande de pré-ados voient un des leurs disparaître. Ils partent à sa recherche, tandis que se profile, dans le centre de recherche voisin, d’étranges expériences. Comme on le voit, on est en terrain connu. La déco et les acteurs jouent parfaitement cette partition pendant six épisodes. La mise en scène, minimaliste, reprend le principe de Mad Men : pour reconstituer une époque, rien de mieux que filmer comme on filmait à l’époque.

Mais les deux derniers épisode sont légèrement décevants. La machine commence à se répéter un peu (Winona Ryder en mère courage, les ados en mode panique/courageux), et même si la série finit parfaitement (à mi-chemin entre une fin définitive et un cliffhanger prêt pour une saison 2), il y a comme un goût de trop ou de pas assez. On voudrait plus d’intrigues, plus de rebondissements, plus de « en-fait-je-suis-ton-père » mais les frères Duffer, trop respectueux de leur cahier des charges initial, en restent là. Un peu comme dans True Detective, ils avancent lentement en ne savant pas finir.

On aura en tout cas découvert une poignée de jeunes acteurs talentueux, dont l’incroyable Millie Bobby Brown, on aura revu Mathew Modine (encore un acteur tué par Kubrick), et on a hâte de voir la suite.




dimanche 16 avril 2017


David Lynch: the Art Life
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Brèves de bobines -Les films ]

Il faut voir ce documentaire qui filme longuement David Lynch en train de fumer et de peindre, et qui raconte sa vie jusqu’à son premier film, c’est-à-dire Eraserhead.

L’histoire d’une vie paisible dans les années 50, qui va donner naissance au cinéma le plus bizarre qui soit.

Si vous aimez Lynch, il faut voir ce film




vendredi 14 avril 2017


Les Horizons Perdus
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Comme on le sait, on n’aime pas beaucoup Capra ici. Trop gentillet.

Mais la curiosité américano-cinéphilique emporte tout, et on veut voir Lost Horizon pour une seule raison, pour un seul mot, magique : Shangri-La. Longtemps, on a prononcé ce mot comme une incantation. Comme un enfant dirait « Abracadabra ». Shangri-La… Shangri-La… Shangri-La…

Et puis, peu à peu, on a su, notamment grâce au cinéma. Apprend-on ailleurs, finalement ? Captain Sky et le Monde de Demain. Captain America. Shangri-La, c’est une lamaserie secrète, et imaginaire, au cœur du Tibet. Un endroit où l’on se ressource, on se rédime, et où l’on renait.

Lost Horizon, c’est d’abord un roman de James Hilton, qui connait un gros succès en 1933 et est transformé en film par Frank Capra quatre ans plus tard. Le pitch : un avion avec des Américains ayant chacun leurs problèmes s’écrase dans les montagnes du Tibet. Ils sont recueillis et emmenés dans la cité secrète de Shangri-La.

Là-bas, ils découvrent une sorte de paradis perdu où l’on vit (presque) éternellement et où nos personnages vont soigner blessures de l’âme et du corps. La malade sera soignée, le célibataire trouvera une femme et tout est bien qui finit bien dans le meilleur des mondes possibles, comme dirait Candide. Seuls ceux qui ne comprennent pas Shangri-la ne peuvent accéder à ce nirvana, qui, comme disait Gaspard Proust, est le nom indien de la déprime. En deux mots, le film est long, assez mal filmé, pas très bien joué et pontifiant en diable.

Mais l’intérêt est plutôt américanophilique ; cette passion des américains, peuple très chrétien et très occidental s’il en est, pour le mysticisme tibétain. Des récits affabulés de Lobsang Rampa (chomeur dans le civil), Le Troisième œil, etc., au gratin de hollywood (Richard Gere en tête), le Tibet est une sorte d’idéal qui remonte probablement à ce livre et ce film initial. Depuis, des chansons s’en sont emparé (Kashmir de Led Zeppelin, le girlgroup Shangri las et leur Leader of the pack, Camp David, la résidence des présidents US, qui s’est longtemps appelée ainsi, etc.

Tout ça est bien intéressant, mais que ça ne vous oblige pas à voir le film…




samedi 1 avril 2017


Tombé du Ciel
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Sur le papier, ça fait envie : à Beyrouth, un milicien libanais qu’on croyait mort revient vingt ans après. Il retrouve son frère et son père et tente de renouer avec une vie normale. Sujet passionnant sur le papier : est-on le même homme à vingt ans qu’à quarante ? Et pourquoi les blessures de la guerre cicatrisent-elles plus vite sur les hommes que sur les pays ?

Malheureusement, le film de Wissam Charaf ressemble à un film de Kaurismäki, et l’humour burlesque finlandais n’est pas du tout le genre du Professore. Gags absurdes, plans fixes : un truc sans queue ni tête. Il n’y a dans Tombé du Ciel que le sujet ; dommage.