dimanche 15 juillet 2007


Matewan
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD ]

Sous ce nom bizarre se cache un des films du grand John Sayles, cinéaste peu connu mais indispensable du cinéma américain. Vous avez peut être vu un de ses films plus récents, comme les formidables Passion Fish, Lone Star ou City of Hope. Si ce n’est pas le cas, sachez qu’il est un des script doctors les plus reconnus du Hollywood, sur Apollo XIII, par exemple.

Ses films sont toujours très orienté sur les personnages, plein d’humanité et de situations réalistes, peu commune dans le cinéma américain. Lone Star s’intéresse par exemple au wetbacks, à la frontière du Texas, et les lâches ne sont pas toujours ceux qu’on croit.

Dans Matewan, il est aussi question de lâcheté entre mineurs en grève en Virginie Occidentale et milices de la Pinkerton agency, et du socialisme naissant. C’est très engagé, mais jamais too much. Et avec le casting qui tue (Chris Cooper, James Earl Jones, Mary McDonnell, Will Oldham), et des performances d’acteurs comme s’il en pleuvait !

A glisser dans le DVD un de ces jours…




dimanche 15 juillet 2007


2 Days in Paris/Persépolis
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Mêmes motifs, mêmes punitions. Pourquoi faire deux chroniques, quand deux films disposent des mêmes qualités, et des mêmes défauts ? Et des défauts qui, devons-nous ajouter, sont le lot commun de la production française.

A la base, deux réalisatrices qui ont, pour des raisons diverses, toute notre sympathie. Julie Delpy pour avoir vraiment tenté l’aventure US, Marjane Satrapi pour son indéniable talent, et son fabuleux Persépolis, la BD.

Mais leurs deux films, au final, souffrent du même défaut : ils ne sont pas finis, ce sont des films fainéants. Tellement satisfaites de leurs idées (anecdotes qui sentent vraies pour Delpy, tranches de vie vécues pour Satrapi), nos réalisatrices en oublient leur scénario, la dramaturgie, les enjeux. Delpy, par malheur, l’avoue même dans la presse, quand on lui reproche les scènes de chauffeur de taxi, trop caricaturales : « mais ces trois scènes me sont arrivées personnellement ! » Mais, chère Julie, ça ne suffit pas !!! On s’en fiche de ta vie ! La « vraie vie » n’a rien à faire au cinéma ! C’est une emmerdeuse, la vraie vie ! Quand on va au cinéma, c’est une maîtresse qu’on vient voir, par la mère de ses enfants ! On veut du rêve, de l’excitation !

2 Days in Paris, comme Persépolis, ont un vrai fond, une vraie sincérité, des dialogues qui fusent, mais pas de rythme. Tout simplement parce qu’on ne sait pas où on va… que nous raconte-t-on ? Quel aboutissement ? Où est le début ? Où est la fin ?

Vivement Transformers, mercredi prochain !




jeudi 12 juillet 2007


Flyboys
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD ]

Petite surprise que ce film, sorti directement sur Canal+ et en DVD. Un bon petit film d’avion, sur un thème rare : la première guerre mondiale, et l’escadrille Lafayette en particulier. Pas de star, à part notre Jean Reno national, mais de bons acteurs, comme l’excellent James Franco (le fils du Bouffon Vert). Au final, un film distrayant avec de zolis combat aériens un tantinet irréaliste, beaucoup de bons sentiments et une trame archi-éculée : une bande de militaires mal dégrossis va devenir une bande d’amis unis par un idéal commun.

Mais intéressant néanmoins, grâce à quelques variations subtiles sur ces thèmes : la love story finit mal, l’héroïsme ne sert à rien : « cette guerre finira un jour, et elle n’aura servi à rien ». Ce qui explique probablement l’échec du film aux Etats-Unis…




dimanche 1 juillet 2007


Midway
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les films ]

Toujours passionné de seconde guerre mondiale maritime, je me suis attelé à Midway, avec Charlton Heston et Robert Mitchum. Bon, c’est mauvais, mais ce n’est pas grave. En fait, c’est un film très pédagogique, probablement tourné en 1976 pour remonter le moral des américains sortant du Vietnam, et exhorter les valeurs patriotiques de cette improbable victoire. Le film est donc scolaire (on se croirait sur History Channel), il n’y pas d’histoire, et on nous débite le nom des commandants et du nombre d’appareils qui reviennent se poser.

Le seul intérêt, c’est de lever une grave question historico-cinématographique : pourquoi les combats maritimes ne passent pas au cinéma ? Ca devrait être visuel, mais ce ne l’est pas. On ne comprend rien à la bataille, ça tire dans tous les coins, les avions mitraillent, mais on s’ennuie ferme. A côté, le cinéma de sous-marin prospère, chefs d’oeuvre décennaux à l’appui. Pourquoi ? On ne voit rien dans un sous marin, encore moins la bataille. L’action ne peut se dérouler que dans un huis-clos angoissant, à coup de « Immersion périscopique ! » et autres « Torpilles 3 et 4, feu ! »

Mais peut-être qu’être enfermé dans un sous-marin ou dans une salle de cinéma, c’est la même chose, non ?




dimanche 1 juillet 2007


Boulevard de la Mort
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Drôle. Délirant. Parodique. Distrayant. Long. Trop long. Perso. Trop perso.

Voilà ce qu’on peut dire du dernier Tarantino. Parce que Tarantino, on l’aime bien, même si contrairement à la hype, ce n’est pas un génie du cinéma. Tarantino fait des films rigolos, inclassables, « tarantinesques », mais c’est tout. C’est probablement le seul type de cette industrie qui est resté comme nous, comme vous. Il aime les films comme on les aime. Il est avant tout un passionné du cinéma, pas un type qui fait du cinéma.

Et ça, ça se voit à l’écran. Tarantino fait peu de films, et il est visible que ce qu’il fait l’amuse beaucoup, qu’il prend du plaisir. Il ne s’emmerde pas, contrairement à beaucoup à Hollywood, qui aimeraient tellement faire autre chose : d’autres films, de meilleurs films… Non Tarantino, il prend son temps, réunit une bande de potes et fait le film qu’il a envie de voir. La question, c’est est-ce que nous on encore envie de voir des films de Tarantino ?

Boulevard de la Mort pose la question. C’est un pastiche des films d’exploitation des années 70, de Point Limite Zero et La Course à la Mort de l’An 2000. Tarantino en respecte parfaitement le cahier des charges : filles, musique, dope, pas d’histoire, le tout bâti à la hâte, sans véritable dramaturgie. Bâti à la hâte, à l’époque. Car aujourd’hui, Tarantino a le temps, et le budget qui va bien. Mais non, il respecte la charte. La fin est volontairement bâclée, la poursuite irréaliste, mais QT ne manque pas de nous rappeler qu’on est là dans le second degré. Et de jouer constamment entre la référence 70’s et le fait que le film se passe bien aujourd’hui. Les filles écoutent Joe Turner sur un iPod, et – symbole parmi les symboles – la Dodge Challenger démolit méthodiquement les 4×4 du nouveau millénaire. Tarantino aime tellement cette époque qu’il se caste lui-même, en improbable barman.

Il n’empêche qu’on s’ennuie ferme, que le film est trop long*, et qu’il n’est sauvé que par la présence d’acteurs et d’actrices formidables, amoureusement filmé par Tarantino, mais autour d’un scénario trop creux et trop second degré pour qu’on s’y accroche. Quentin, please, retrouve toi un scénario ou un scénariste, vite !

* il semble qu’à l‘origine il devait sortir en double feature, c’est-à-dire le film de Rodriguez (Planet Terror) et Boulevard de la Mort




jeudi 28 juin 2007


L’avocat de la terreur
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Autre documentaire, franco-suisse, celui-là. Aux manettes, un grand pro, Barbet Schroeder (More, Tricheurs, La Vierge des Tueurs).

En deux heures quinze, Schroeder n’aura pas résolu l’énigme Vergès, mais il l’aura approché, et de très près. On passe ainsi de la guerre d’Algérie, à l’OLP, aux Fraction Armée Rouge, aux Khmers Rouges, aux attentats rue de Renne, et aux sales affaires des services secrets. Passionnant résumé de l’histoire contemporaine, de notre histoire contemporaine : autant on regarde avec une distance amusée la guerre d’Algérie, autant les années 80 font froid dans le dos ; mon père aurait sûrement la réaction inverse.

Le plus fascinant restant probablement de voir ces acteurs témoigner : anciens terroristes, anciennes tueuses de bidasses français devenues mère de famille ou ministre ou épicier. Comme si l’éternel mouvement de la vie finissait toujours par l’emporter.




jeudi 28 juin 2007


Kings of the world
posté par Professor Ludovico dans [ Documentaire -Les films ]

Splendide. Voilà un film qui fait honneur au cinéma français*, et au cinéma documentaire. Un film que devraient voir tous les anti-américanistes primaires, n’ayant que le mot « Bush » à la bouche, en évitant ainsi toute autocritique.

« Nous ne sommes pas ce que nous prétendons être » : Tout est dans l’affiche, et dans les cinq premières minutes du film. On y voit effectivement un texan débiter, dans une laverie, un condensé de tout ce qui nous fait détester l’Amérique : oui, heureusement que l’Amérique est là, oui, nous sommes la police du monde. Vous les européens, vous êtes bons pour critiquer, mais pour aller libérer l’Irak, y’a plus personne ! On se dit qu’il va être difficile de supporter ça pendant deux heures. Mais miracle, on n’est pas Michael Moore, c’est-à-dire pas dans la comédie, le plan coupé court, la chute façon sitcom. Non, ici on est chez Rivette, le plan séquence. Et le type continue à parler, pendant cinq minutes. Et ce qui est terrible, quand on laisse les gens s’expliquer, c’est qu’ils ont tout à coup un discours plus construit… Et si à la fin on n’est pas d’accord avec lui, il a exposé, un point de vue, qui, ma foi, se tient.

On n’est pas au bout de nos surprises : plan suivant, l’autoroute baigné de chaleur, de la Californie. A la radio, les news. Ca parle de quoi, les news ? De la mort de jacques Derrida. Et le speaker d’expliquer l’importance de Derrida, philosophe français, qui a si bien pensé les USA…Le film est lancé, et va alterner le chaud et le froid, « Amérique, terre de contrastes ! » Le film navigue ainsi, à l’occasion de la campagne Bush-kerry, dans l’Utah, le Nevada, la Californie. Paysages splendides, et rencontres : des mormons sexistes, un danseur, des intellos de gauche, des cowboys, des indiens…
Ou cet aumônier, vétéran des droits civiques, qui conclura de façon terrible : « J’aurais quand même voulu dire quelque chose de positif. Ce pays est grand. C’est très grand ! C’est très beau. C’est … dommage. »

Pour ne pas oublier qu’il existe un pays avec 125 millions d’opposants à Bush, et qui s’appelle les Etats-Unis. Le pays de The West Wing, The Wire, de Syriana à La Ligne Rouge, de Soderbergh et Clooney, Susan Sarandon et Tim Robbins, et Sean Penn.

* un film de Rémi Rozié, Valérie Mitteaux, et Anna Pitoun




mercredi 20 juin 2007


Une polémique, une !
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Un lecteur nous écrit, et il n’est pas content ! Comme cet avis est enterré au fin fond d’une vieille chronique de 2006, nous la republions ici, agrémenté de la réponse du Snake et du Professore Ludovico.

Voici ce que nous écrit Decker :

Mes pauvres petits, il vous faudrait des siècles pour assimiler un film tel que “Le Nouveau Monde?? ne vais pas me rabaisser à vous dire que j’ai aimé (c’est un euphémisme) ce film. Non, je vais vous répondre que vos petites existences (c’est aussi un euphémisme) sont bien moindres en comparaison du bonzomme qu’est T.Malick. J’ai beaucoup de peine quand je lis vos critiques car elles reposent sur le vide intergalactique de vos vies. Avez-seulement conscience de la portée de vos mots ? Avez-vous seulement conscience que vous êtes, la plupart condamnés à rester passifs et à critiquer tout ce qui passe à votre portée ? Jamais de votre vie, vous ne prendrez d’engagement aussi semblable que celui de s’engager dans la voie ultra-risquée de l’Art. Jamais vous ne direz : “Personne ne m’a cru capable de réussir à devenir acteur, cinéaste, scénariste; et j’ai réussi. J’ai brisé toutes les barrières !??r critiquer n’importe quel domaine; il FAUT FAIRE. C’est ce que vos petits esprits ne pourront jamais comprendre. Laissez les Magiciens FAIRE. Arrêtez de DISPOSER. Celui qui vous écrit est précisément un “acteur??sens propre comme au figuré. Il respecte les gens humbles de tous bords, pas les coloques de beaux-parleurs qui passent leur temps à tergiverser sur “la manière de??us allez me dire que les artistes dépendent de Nous, simples individus ? Vous avez raison. Mais ne les prenez pas en otage, car EUX, ont pris TOUS les risques pour Eclater au grand jour. EUX, ont pris des décisions viscérales et sacrificielles pour arriver à leur fin; décisions dont vous n’aurez jamais conscience. EUX, sont dans la lumière; pas Vous. Vous en serez toujours au même point dans les siècles à venir et disposerez toujours des mêmes formules ultra-galvaudées que vous aurez auparavant maintes fois entendus et les répèterez inlassablement. La différence majeure entre Vous et EUX; c’est qu’ils savent QUI ils sont, et ce pourquoi ils sont faits.

C’est précisément Là tout le secret.

La réponse du Snake :

Oh là là ! Un moment, j’ai cru que Dexter nous avait repéré.

Celle du Professore Ludovico :

Tout d’abord, bienvenue, cher Decker ; enfin un contradicteur, enfin une polémique ! Comme disait Cerdic, le saxon du Roi Arthur « enfin un adversaire à ma taille ! »

Je vais d’abord répondre à ta QUESTION, Homme-Aux-Majuscules : oui, nous sommes des intermittents du spectacle frustrés, oui, nous avons des projets de scénario sous le bras, oui, nous avons été refusés par des grandes chaînes de télévision, oui, nous rêvions d’être Spielberg ou Ozu ! Evidemment ! Bien sûr ! Quand on aime le cinéma à ce point là, on finit par avoir envie d’en faire, non ?

Mais nous n’en avons point fait. Il y a donc probablement une dose de frustration dans nos critiques.

Mais ton analyse, développée par d’autres signatures prestigieuses (Patrice Leconte, pour ne pas le nommer), est au fond extrêmement pernicieuse. Parce qu’au final, qu’est-ce que cela veut dire ? Si on n’a pas de talent, on n’a pas le droit de parler d’un film ? Pas de compétence pour avoir un avis de spectateur ? Pas le droit d’avoir un goût ? D’aimer ceci et de détester cela ?

Toi-même, cher Decker, ne fais-tu pas la différence entre Terrence Malick et Max Pecas ? Pourtant, à ma connaissance, ta carrière me semble mois prestigieuse que celle de l’immortel auteur de On se Calme et on Boit Frais à Saint-Tropez. Est-ce à dire que tu n’aurais pas le droit de critiquer sa brillante et nombreuse filmographie ? Ne fais-tu pas la différence entre le Ridley Scott d’Alien et celui de GI Jane ? Entre le Malick des Moissons du Ciel et celui du Nouveau Monde ?

Pour ma part, j’ai adoré La Ligne Rouge et Badlands ; J’ai trouvé le Nouveau Monde faiblard. N’ai-je pas le droit de le dire ? Avec mon style, ma mauvaise foi ? Ne peut on dire que du bien des artistes ?

CineFast, c’est une bande de types qui ont chacun leur goût, chacun leur marotte, mais qui partagent un certain idéal, celui du cinéma américain bien fait.

Et qui continueront à défendre leur droit de dire du mal de ce qui ne leur plait pas.

Never give up, never surrender.




dimanche 10 juin 2007


La Vie des Autres
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Pressé par les autres, justement, j’ai fini par voir le film dont tout le monde parle. Evidemment, comme je suis snob, je ne peux pas aimer ce que tout le monde a aimé. Là aussi, c’est pareil : voilà un film que j’ai vu trop tard. Essayons néanmoins de rester objectifs : c’est un bon film, l’intrigue est superbement développée, les acteurs jouent très bien. Il y a juste un petit goût de pas assez… Voire d’un peu trop, comme la scène trop romantique –à mon goût- de la sonate pour piano, mais c’est tout à fait visible et hautement recommandable…




dimanche 10 juin 2007


Pirates Des Caraïbes -Jusqu’au Bout Du Monde
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Critique de cinéma à CineFast, ce n’est pas toujours une sinécure. Preuve en est le visionnage douloureux du dernier opus de la franchise de Jerry Bruckheimer, Pirates Des Caraïbes -Jusqu’au Bout Du Monde.
– « Comme l’Amérique au Vietnam, nous avions trop d’argent, nous consommions trop de drogues, nous étions perdus dans la jungle, nous sommes devenus fous » Comme le disais Francis Ford Coppola à la conférence de presse d’Apocalypse Now, trop d’argent, trop de pouvoir rend fou. La folie n’est pas négative ; elle peut faire sortir d’authentique chez d’œuvre hypertrophiés, comme d’Apocalypse Now ou Titanic. Quand c’est raté, la gloutonnerie rime avec bouffonnerie. Ici, comme dans le deuxième épisode, trop d’argent, trop d’effets spéciaux, trop d’intrigues, trop de personnages. C’est beau, ça s’agite, mais on ne comprend plus rien. Pour quoi sont ils là ? Qui complote avec qui ? ça bavasse, mais l’intrigue n’avance pas. Bien sûr, il y a de bonnes idées, des gags, mais de moins en moins drôles et plus en plus ralentisseurs d’action. A fuir, s’il est encore temps…