dimanche 22 février 2009


Valkyrie
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines -Les films ]

Sacré Tom Cruise. On ne peut pas dire qu’il fasse les choses à moitié ! Comme il l’a déclaré à l’autre limande de Laurent Weiss, Tom a exigé de voler dans des vrais Junker 52 dans le film, et c’est le « vrai bruit du moteur qu’en entend » !

Bon, mais à part ça, le cinéma, il est où ? A part ça, que dire du film ? Si vous aimez l’Histoire, avec un grand H, Valkyrie, c’est intéressant, mais si vous aimez le cinéma, c’est juste le Plat du Jour. Bien fait mais sans plus, le film sombre de toutes façons comme n’importe quel BOATS : on sait comment ça va finir !

Reste Tom Cruise, toujours aussi fascinant dans cette auto-détestation de lui-même.

Et autre chose : la preuve définitive que Bryan Singer n’était qu’un faiseur (mais un bon faiseur), puisqu’en s’adjoignant les services de son compère Christopher McQuarrie, ils ne retrouvent pas la magie de Usual Suspects.




dimanche 15 février 2009


Les Rois Maudits
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Séries TV ]

Avec quarante ans de retard, j’ai attaqué cette série culte de la télé Française. Plus par curiosité historique (j’adore le Moyen Age), que par appétence télévisuelle.

Évidemment ça a pris un coup de vieux : décor seventies minimalistes (des murs peints), dialogues empesés, jeu théâtral, mise en scène inexistante, et filmage approximatif.

Une borne, en fait, pour mesurer combien la télé a changé aujourd’hui. Plus beau, plus rapide, plus « cinéma » : la télé a appris.

Mais bon, c’est vraiment intéressant. C’est pédagogique, on a envie d’en savoir plus, et c’est bien joué, on va donc regarder la suite.




dimanche 15 février 2009


Vive Danny Boon !
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les gens -Pour en finir avec ... ]

Bon, j’ai très peu de considération pour Bienvenue chez les Ch’tis, et encore moins pour les Césars. C’est pourquoi je soutiens chaleureusement le boycott de ladite cérémonie par le comique, et également son idée d’un César de la comédie.
Ce qui éviterait la surreprésentation des drames et autres « performances d’acteurs » qui empoisonnent ce genre de remise de décorations : Darling, My Left Foot, Le Scaphandre et le Papillon, etc. Jouez un aveugle, un estropié, un schizophrène profond, un cowboy pédé, et c’est l’Oscar/César/Ours berlinois/Palme maritime garantie. Et quoi qu’on en dise, la plupart de nos comédiens ne rechignent pas devant les récompenses, et décorations. C’est ainsi que Robert Evans convainquit Mia Farrow de dire non à Sinatra et oui à Polanski (décision risquée, vu les petits amis du rital) : « Si tu finis Rosemary’s Baby, je te garantis l’Oscar ! »

Si les Oscars ne valent pas mieux que les Césars, ils ont au moins le mérite (ils sont américains, après tout !) d’être plus près des goûts du public. Et s’ils encensent My Left Foot ou Brokeback Mountain, il couronnent aussi systématiquement les gros succès publics (Autant en Emporte le Vent, Titanic).
Mais, comme les Césars, pas les comédies…

Genre maudit depuis toujours, faire rire n’est pas noble. Au panthéon des comédiens, pas d’humoriste, pas d’imitateur, pas d’acteur comique, mais uniquement des tragédiens. Pire : quand ces derniers s’aventurent dans la comédie, c’est instantanément salué (Deneuve, de Niro…), mais quand les comiques attaquent l’Everest de la Tragédie, ils sont attendus au tournant (Jim Carrey, Coluche).

Sociologiquement parlant, il faut comprendre que le jury des Césars (3500 votants) est composé essentiellement de professionnels du cinéma, en majorité âgés. C’est eux qui nominent les films, et ensuite votent pour ces films.

C’est pourquoi, évidemment, ils dédaignent Le Grand Bleu (un film qu’ils ne sont probablement même pas allés voir à l’époque) ou, aujourd’hui, Bienvenue Chez les Ch’tis, Mesrine, « films de jeunes », réalisés par la nouvelle génération de cinéastes français, qui n’ont pas les appuis qu’il faudrait pour susciter un maximum de votes.

Donc oui à un César de la meilleure comédie, mais pas pour Bienvenue chez les Ch’tis ! Cette année, je donnerais plutôt la statuette à Un Conte de Noël, où j’ai bien ri, ou mieux encore, à Burn After Reading




dimanche 15 février 2009


Recoller les morceaux
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Séries TV ]

Petit à petit, la maladie s’étend… Après avoir contaminé Adrien, puis Michel, Aymeric, de nouveaux clients viennent pour réclamer leur dose de The Wire. Évidemment, maintenant, c’est plus cher : trois épisodes minimum, les gars !

Il est arrivé à Michel une anecdote étonnante, et plus ou moins la même à votre serviteur.

The Wire étant une fresque gigantesque de destins entrecroisés, on s’habitue à recoller les morceaux. Truc est avec Machine, et Bidule sort de taule… Michel est ainsi passé de l’épisode 6 à l’épisode 10, sans se rendre compte de rien ! Au contraire, il a recollé les morceaux, tant Sur Écoute avance doucement, et logiquement. Pour ma part, j’ai regardé le dernier épisode de la saison 4 avec admiration devant tant de retenue, tant de refus devant les effets faciles les cliffhangers, au moment où je me suis rendu compte qu’il restait encore un épisode !

Tout ça pour dire que la magie du cinéma est là, tout comme la BD : elle oblige le cerveau à associer deux plans (ou deux cases) et à faire tout seul un lien entre les deux. Michel a raccordé les différentes intrigues pour retomber sur ses pieds, et moi, habitué aux figures de style de fin de saison, j’ai interprété différemment chaque scène de l’avant-dernier épisode…

Mais le cerveau interprète, analyse, garde en mémoire les conventions, et fait le travail à la place du scénariste. C’est aussi pourquoi quand quelque chose cloche, le cerveau, inconsciemment, s’en rend compte aussi. Et décroche.




dimanche 15 février 2009


Ce qui cloche avec les Tudors…
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films -Séries TV ]

Série sympathique au demeurant, pédagogique, sexy, les Tudors avaient quand même un défaut, mais lequel ?

C’est en regardant simultanément l’épisode 13 de Sur Écoute saison 4 et l’épisode 2 des Tudors saison 2 que j’ai compris. Là où la série US est moderne, c’est dans le montage. Surchargée de personnages, The Wire passe de l’un à l’autre sans explication préalable : à vrai dire, nous ne connaissons même plus le nom des personnages. On prend les scènes en cours de route, et on les coupe avant la fin… Selon la loi non écrite qui veut qu’une scène change de polarité entre le début et la fin.*

Les Tudors sont, sur ce point, restés dans le canon de la tradition du film historique. Il y a beaucoup de personnages, mais chaque scène a un début et une fin classique : le domestique vient voir la reine : « Votre Altesse, Sire Thomas More désire vous voir !» « Qu’il entre ! » Il entre. « Bonjour Sir Thomas ! » « Bonjour Votre Altesse ! » La scène peut enfin commencer. Autre vieillerie : les personnages sont debouts, et échangent des informations oralement… dans la plus stricte tradition des Rois Maudits !

Les séries plus modernes ont assez confiance dans le cinéma pour faire passer des idées visuellement : dans Sur Écoute, un simple bruit de pas rappelle que l’équipe est cantonnée dans un local miteux, et que leur condition reste précaire… Dans Burn After Reading, la seule coupe de cheveux de Brad Pitt donne une idée de la superficialité du personnage, dans Alien, les conflits entre les mécanos et le poste de pilotage sont symbolisés par un jet de vapeur qui empêche toute conversation, et au mitan de Barry Lyndon, la fumée d’une pipe jetée au visage de Lady Lyndon inverse le sens du film. Nous étions pro-Barry, nous voici dans le camp des antis.

Des détails, mais qui font la différence entre une mise en scène lourdingue et une mise en scène subtile…

*Par exemple si un personnage entre heureux au début de la scène, il doit en sortir malheureux à la fin de celle-ci, sans quoi la scène n’aura pas fait avancer l’intrigue ni apporté d’information au spectateur…




dimanche 15 février 2009


La Folle Journée de Ferris Bueller
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Hollywood Gossip -Les films -Les gens ]

Étrange destin que celui de John Hugues, le Citizen Kane de la teen comedy. Et très hollywoodien, en même temps : ancien pubeux, rédacteur de blagues (c’est un métier, là-bas !), scénariste, John Hughes explosa vraiment dans les années 80 en créant un genre à lui tout seul (la teen comédie intelligente) et en révélant toute une génération d’acteurs, le brat pack (Emilio Estevez, Rob Lowe, Bill Paxton, Charlie Sheen, Kevin Bacon, Robert Downey jr).

Disons le : ces films, nous les avons adoré : Breakfast Club, Une Créature de Rêve, La Folle Journée de Ferris Bueller, She’s Having a Baby), John Hugues a accompagné notre adolescence, nos émois amoureux, nos premières responsabilités…

La Folle Journée de Ferris Bueller est le chef d’oeuvre, le climax de cette période : plus haut, plus loin, plus fort. Breakfast Club était la révélation intimiste, Une Créature de Rêve, le délire le plus parodique…. La Folle Journée de Ferris Bueller, c’est la synthèse : les autres seront biens, mais moins bons.

Le pitch, pour ceux qui ont plus de quarante ans ou moins de trente ? Ferris Bueller est le petit chouchou d’une famille bourgeoise de Chicago, et tout lui réussit : ses parents l’aiment, sa fiancée est magnifique et intelligente (Mia Sara), et il est l’idole du lycée. Aujourd’hui, il a décidé de prendre sa journée : il simule la fièvre, et évidemment, on le croit. Son odyssée dans Chicago va l’amener d’aventures en aventures, manquant à plusieurs reprises de se faire prendre par ses parents, le proviseur, ou sa sœur jalouse, mais passant à chaque fois, au culot. Ce ne serait qu’un film ado de plus, s’il n’y avait la Hughes’ touch. Plus on avance dans le film, et plus la comédie enfle, plus le propos devient paradoxalement sérieux : mariage, dépression, père abusif…. John Hughes a toujours eu le génie d’aborder des thèmes sérieux (la dépression des ados) au travers de films drôles, clairement marketés pour eux (il fut l’un des premiers à utiliser des groupes indépendants dans la BO de ses films).

Ainsi, voilà un cinéaste américain qui cite Molière (dans Breakfast Club) ou Seurat (dans La Folle Journée…) Des citations jamais gratuites : le gros plan sur la petite fille d’un tableau du maître pointilliste, utilisé en alternance avec le visage défait du copain dépressif de Ferris, reste le plus beau moment du film.

Après cette décennie prodigieuse, John Hughes réalisa des films de plus en plus mièvres, jusqu’à l’insupportable Curly Sue. Puis il sombre du côté obscur de la Force, en réalisant la trilogie Maman J’ai Raté de l’Avion, de sinistre mémoire… Depuis ces succès colossaux, qui aurait dû lui tailler une place de choix dans le panthéon hollywoodien. Au contraire, et inexplicablement, John Hughes préféra retourner à l’anonymat du métier de scénariste, sur des projets peu glorieux (la série des Beethoven). Il signe actuellement sous le pseudonyme d’Edmond Dantès. Tout un programme !




vendredi 6 février 2009


Topten 2008
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les films ]

C’est une tradition : mi-janvier, nous tirons les rois chez Philippe et nous élisons les 10 meilleurs films de l’année. Ce genre de classement n’a aucun sens, je l’ai déjà dit, dans le domaine artistique. Comment peut-on dire que 8 est supérieur cette année à y, le film juste après ?

Mais bon, les traditions « l’intelligence des imbéciles », selon Maurice Clavel, ça a parfois du bon. Ici, c’est le plaisir de se retrouver et de s’engueuler. Déception cette année : pas beaucoup d’engueulades, et beaucoup de consensus. J’avoue pour ma part avoir eu du mal à trouver le Bottom Five, les 5 pires films de l’année. Signe, à la fois, d’une année assez bonne, mais sans chef d’œuvre, et aussi de faible fréquentation des multiplexes par votre serviteur : 36 films seulement, et 21 de plus à la télé, soit 10 fois plus que ma moyenne habituelle.

A la demande générale, voici donc mon Topten 2008 :

Un Conte de Noël
Into The Wild
I Feel Good
Juno
Burn After Reading
Cloverfield
A Bord du Darjeeling Limited
Valse Avec Bachir
No Country For Old Men
There Will Be Blood

Et le Bottom Five :
Phénomènes
Indiana Jones et le Royaume des Crânes de Cristal
Voyage au Centre de la Terre
Bienvenue Chez les Ch’tis
Il y a longtemps que Je t’Aime




vendredi 6 février 2009


The Wire, saison 4
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Séries TV ]

Si on ne m’entend peu sur la 4ème saison de la meilleure série du moment, c’est d’abord parce que je la regarde à haute dose (un épisode par soir*). Ensuite, parce que c’est un peu plus faible (surtout un peu plus gentil) que d’habitude. Thème de cette saison : l’éducation. On suit les enfants, à Ecole municipale, et à l’école du deal. « Qu’apprennent-ils à l’école ? Mais à mieux dealer ! » s’exclame Colvin, un des personnages apparus Saison 3.

Le génie de Sur Écoute, maintenant qu’on en est à 46 épisodes (plus que 14 en stock), c’est son coté roman russe. Foisonnement de personnages, tout aussi riches les uns que les autres : pas de profondeur de champ dans The Wire. Ainsi, McNulty, la « star » des deux premières saisons, s’est effacé au profit des autres, sans complètement disparaître. Mieux encore, sa mutation inespérée est rendue crédible par son éloignement de l’intrigue principale. Peu de séries (sauf Oz, peut-être) ont aussi bien joué cette notion de troupe, au service de l’histoire.

Seul personnage récurrent : Baltimore, de son City Hall aux terribles corners de Calhoun st. Comme le dit Omar : « Quitter Baltimore ? tu n’y penses pas ! When you got a home, you got a home »

*Honte à ceux qui regardent plusieurs épisode de série d’affilée ! Un épisode par semaine, comme c’est diffusé là-bas !




mardi 27 janvier 2009


Armageddon (part III)
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Véritable mine d’or à ciel ouvert, Armageddon continue, diffusion après diffusion, de dévoiler ses secrets. Le chef d’œuvre (toutes proportions gardées) de Bruckheimer-Bay passait hier sur W9, et malgré la saison 4 de Sur Ecoute qu’il faut finir, on tombe dessus et on regarde jusqu’à la fin.

Ce qui n’est pas forcément frappant du premier abord, c’est la grande perfection graphique du film. Il faut dire qu’on n’a pas beaucoup le temps de s’y arrêter, puisqu’aucun plan (c’est LE défaut du film) ne dure plus d’une seconde ! Mais hier, on avait le temps, et on regarde. Chaque plan est une petite merveille de netteté, de profondeur, et d’éclairage. Outre les habituelles couleurs criardes, marque de fabrique Simpson-Bruckheimer, Bay nous gratifie d’une étonnante palette de bleus, du bleu nuit de l’Astéroïde, au bleu clair du ciel au dessus de l’Amérique. Ajoutez à cela étincelles, explosions, voyants lumineux, compteurs clignotants, et mouvements ininterrompus de caméra, tout cela est riche, trop riche même…

Autre sujet d’observation, nous l’avions déjà dit, Armageddon est un film religieux. Au delà du thème, évidemment millénariste, de l’Apocalypse selon St Jean, Armageddon est imbibé de christianisme puritain. Le décor de l’astéroïde évoque bien évidemment l’enfer de Dante, tandis que l’Amérique rurale ressemble en comparaison à un petit Paradis. Sur terre, c’est pareil, on voit beaucoup d’églises, de minarets, de temples hindous. Quand Paris est détruite, la vue est prise de Notre Dame, etc. Le film se termine dans une église, par le mariage religieux de Ben Affleck-Liv Tyler.

C’est d’autant plus étonnant que nos héros ne sont pas des anges : alcoolos, obsédés sexuels, divorcés : ils jurent, baisent et boivent dès le début du film. Mais évidemment, comme dans toute parabole, les Premiers seront les Derniers, et le royaume des Cieux est ouvert aux Simples d’Esprit, car la rédemption est toujours possible : le père inconsciemment incestueux (Bruce Willis, chassant l’amoureux de sa fille (Affleck) au canon scié, finira par se sacrifier et lâcher sa fille au Fils Prodigue (mais ben Affleck n’échappera pas au mariage à l’église, quand même !), le divorcé (Paxton) renouera avec femme et enfant, et l’obsédé (Buscemi) rejoindra la pute « pour faire des bébés »… La morale est sauve…

Troisième observation, qui ne m’avait pas marqué jusque-là, du moins à ce point, mais qui est cohérente avec la précédente : Armageddon est un grand film de propagande, façon soviétique, à la Roman Karmen. C’est un film que pourrait produire une dictature, pour glorifier à la fois son peuple, et prôner un redressement moral. Car dans Armageddon, l’Amérique est partout. Comme nous l’avons déjà signalé, l’Amérique gouverne la planète, et quand le président des Etats-Unis parle, le monde écoute, et il fait jour partout.

C’est pourquoi le drapeau US est omniprésent : sur les uniformes, les navettes, les murs des bleds paumés de l’Oklahoma, partout ! Armageddon exhorte les valeurs traditionnelles : travail, famille, et patrie. Il défend aussi des valeurs plus spécifiquement américaines, comme la liberté et l’indépendance à l’image de ses deux navettes (Freedom et Independence, dont on sait qu’il s’agit du principal sous-texte du film, à savoir la lutte contre la tyrannie).

Ainsi quand le conflit explose, entre le militaire rigoureux et obéissant (William Fichtner) et le héros prolo pragmatique (Bruce Willis), la désolation envahit le siège de la NASA. On peut y voir là une allusion au célébrissime discours de réconciliation d’Abraham Lincoln, au moment de la Guerre de Sécession « a house divided » : seule l’unité nous permet de tenir debout, si nous sommes divisés, nous chuterons*…

Plus prosaïquement, Armageddon valorise aussi le mode de vie américain, la culture américaine White Trash (Evel Knievel **, le pétrole, les Harley, les 4×4). Il célebre aussi le mythe de la conquête spatiale, via une double allusion à Kennedy (en poster et dans le dialogue), glorifiant l’Air Force et la NASA***.

Mais surtout Armageddon emprunte les stéréotypes du film de propagande : existence d’un Mal Incarné qu’il faut combattre (l’astéroïde, les complots de Washington), héroïsme désintéressé du peuple ouvrier dans ce combat (foreur, cowboy…), corruption des élites (le président « sans visage », l’armée au service du coup d’état), la suprématie du travail manuel sur les œuvres intellectuelles (ou comment réparer un ordinateurs à coups de clef de douze)…

Autant de thèmes qui ne dépareraient pas dans un documentaire sur un kolkhoze du district de Minsk…

En attendant une autre diffusion, pour forer plus loin (« I will make 800 feet. I swear to God I will. »)

* « United we stand, divided we fall. »
** Evel Knievel était un casse-cou très célèbre aux USA durant les années 70, réputé pour sauter à moto par-dessus des précipices. Ben Affleck fait la même chose, dans une scène clé du film.
*** A ce sujet, lire l’excellent ouvrage de Jean-Michel Valantin « Hollywood, le Pentagone et Washington , Les trois acteurs d’une stratégie globale », collection Autrement, un portrait des conflits acharnés entre la Marine, l’Armée de Terre, et l’Air Force, pour s’attribuer les bonnes grâces d’Hollywood.




vendredi 23 janvier 2009


Transformers (part two)
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Prié (mais pas trop) par mes enfants de louer Tranformers, j’ai cédé, et revu pour vérifier comment le robot hybride Spielberg-Bay avait passé ces deux dernières années.

Eh bien, très bien, toujours aussi bon ! Pas la moindre trace d’encrassement dans les durites ! Toujours aussi drôle, divertissant, tout public.

Ce qui m’a frappé cette fois-ci, c’est à quel point le film est léger, habile, à l’image de ces robots de cinquante tonnes qui font du patin à roulette sur l’autoroute, dans une des scènes d’anthologie du film. Transformers passe avec aisance du rire à l’action, du background stupide d’origine (Mégatron et autre Deceptikons) à l’intrigue d’aujourd’hui, du registre adulte (sexe and co) au film d’aventure enfantin…

Avec une telle graisse (un budget de 150M$, une licence, jamais facile à gérer, et Hasbro co-producteur du film), on a vu des films moins malicieux.

Non, Transformers n’est pas Citizen Kane, mais dans son genre, il est musclé et racé.