mercredi 10 juin 2009


Le Retour du Roi
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films -Pour en finir avec ... ]

Le Retour du Roi mérite bien son nom; après deux opus lourdingues, le nazgul de l’infâme Jackson décolle enfin.

Il décolle, en fait, dans une dernière heure d’exception. Avant, on aura dû supporter de ridicules pirates (Peter Jackson lui-même, le chef op’, et quelques autres, costumés, juste pour la fendouille, dixit le making of), des morts vivants aux effets spéciaux vraiment pas terribles, et Denethor qui (sur)joue le désespoir.

On échangea tout cela volontiers contre le siège de Minas Tirith, et le combat avec Sheelob, magnifiques, ou tiout simplement, cette dernière heure du Retour du Roi.

Car, cette heure, mazette ! Elle commence par l’une des plus belles répliques du film, une des plus belles exhortations cinématographiques au courage et au sacrifice : Aragorn, désespéré, lance ses troupes devant la Porte Noire, pour faire diversion et sauver Frodon : « Je vois dans vos yeux la même peur qui s’empare de mon cœur. Un jour viendra peut-être, où le courage des hommes faillira, où nous oublierons nos amis et les liens qui tissent cette communauté. Mais ce jour n’est pas venu. Aujourd’hui, nous combattons, pour Frodon !* »

Pour la première fois depuis neuf heures de pyrotechnie jacksonienne, un frisson me parcourt enfin l’échine. Il ne va plus me quitter jusqu’à la fin. Car en face, on enchaîne avec le martyr hobbit, impeccablement joué par Elijah Wood (Frodon). Et, surprise, comme dans le livre, le vrai héros du Seigneur des Anneaux se révèle enfin : Sam le valet, Sam le lourdaud, Sam le brave type (Sean Astin). On avait déjà compris, dans cette histoire extraordinaire d’anneaux magiques, d’épées brisées, de magiciens wagnériens et de Götterdämmerung, que les vrais héros étaient les hobbits, ces common people, ces paysans aux pieds poilus échappé d’une quelconque campagne anglaise. Des héros petits, faibles, sans armes, et sans magie : c’est eux qui allaient écrire cette histoire**

Mieux, ce n’est pas Frodon, Saint Sébastien percé de milles flèches, qui va détruire l’Anneau comme prévu. Sans Sam, qu’il a congédié sous l’influence de Gollum, Frodon, ne peut plus rien, accablé du poids de l’Anneau. Mais l’amitié, la fidélité indéfectible du « cœur simple » flaubertien de Sam, revient le sauver, selon le fameux adage « Je ne peux pas le porter lui, mais je peux vous porter, vous… » Frodon faillit pourtant, car, par un superbe retournement de situation, il finit, corrompu, par s’emparer de l’Anneau. C’est là qu’intervient la plus belle réussite de Peter Jackson : Gollum.

Car depuis le début, le personnage le plus étonnant, le plus émouvant, c’est un personnage simplement issu du processeur d’un ordinateur (et de la performance en motion capture d’Andy Serkis, qui « joue » non seulement Gollum et King Kong***, mais aussi un marin dans ce dernier film). Gollum est non seulement un personnage splendide, l’archétype de la corruption, du mal, de la trahison, mais aussi un personnage incroyablement riche, et c’est donc une gageure de l’interpréter : à la fois schizophrène, effrayant, amusant, apeuré, comploteur… la 3D, plutôt que d’aplatir le personnage, lui donne une dimension inégalée…

Jackson ne commettra qu’une faute de goût, très hollywoodienne. Dans le film, c’est Frodon qui – en héros – précipite l’Anneau vers sa destruction. Dans le livre, c’est… le hasard ! Gollum recule, et, sans le savoir tombe dans le vide, l’Anneau à la main. Il réalise ainsi la prophétie de Gandalf, qui a permis d’épargner la vie de Gollum à de nombreuses reprise : « Même les gens les plus minuscules ont un rôle à jouer »****.

Il restait à conclure, et c’était l’angoisse majeure des Tolkienniens, l’adaptation de ces cent dernières pages extraordinaires qui font du Seigneur des Anneaux un chef d’œuvre, et pas un livre de fantasy de plus. Dans ces pages, antithèse hollywoodienne, il ne se passe rien. Nos amis sont remerciés, retournent à la Comté, où l’on oublie vite leurs hauts faits. Un simple échange de regards entre Sam et Frodon suffit dans le film à le faire comprendre (le cinéma, c’est simple parfois, hein, Monsieur Jackson !) Puis on raccompagne Bilbon, maintenant très âgé, jusqu’aux Havres Gris.

S’il y avait un gage à donner aux fans, c’est bien cette scène-là : tout le Seigneur des Anneaux est dans ces dernières minutes. Jackson réussit un sans-faute, sans dialogues, sans flonflons, l’émotion pure. Et termine en beauté, avec le retour de Sam,
« à la maison ».

Le Retour du vrai Roi.

* C’est encore plus beau en anglais : I see in your eyes the same fear that will take the heart of me. A day may come when the courage of men fails, when we forsake our friends and break all bonds of fellowship, but it is not this day.
This day we fight.
For Frodo!

** C’est le cas d’ailleurs, littéralement : à la fin, Frodon a complété le Livre Rouge de Bilbo : le récit des souvenirs de son oncle, les siens, il reste à Sam de le compléter.

*** Il est notable de constater que, libéré de toutes contraintes (pas de fils Tolkien sur le dos, pas 30 millions de fans hardcore des Terres du Milieu pour lui faire des leçons de grammaire elfique), le Peter Jackson de King Kong vole en apesanteur, opposé à ses lourdes bottes de plomb orques du Seigneur des Anneaux.

**** L’influence marquante de Tolkien, c’est son expérience des tranchées. Il y connut, comme tant d’autres, les affres de la guerre, mais aussi la naissance d’amitiés indéfectibles. Et aussi l’idée que parfois ce sont des petits « soldats » insignifiants qui peuvent faire de grandes choses.

les chroniques des deux opus précédents :
Le Seigneur des Anneaux
Les Deux Tours




lundi 1 juin 2009


The Wire, dernière saison
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Le CineFaster, comme à Auteuil, renâcle soudain devant l’obstacle, au moment de mettre le DVD#1 de la cinquième et ultime saison de Sur Écoute, la meilleure série des années 2000. En tout cas, c’est ce que le monde finit par découvrir, grâce à un certain Barack Obama, déclarant soudain que son personnage de série favori est Omar.

Omar ? Un dealer, noir, pédé, et un tueur… Pour ceux qui n’auraient pas compris, on est au XXIème siècle. Mannix, c’est fini. Jack Bauer aussi.

L’angoisse, donc. Et si ce n’était pas aussi bon que les quatre premières saisons ? Et s’ils nous tuaient Mc Nulty, Carcetti, Bunk ? Pas de risque, en fait. Des les premières images, on a compris, rien n’a changé dans The Wire.

C’est ce qui fait la force de Sur Écoute : sa sobriété. Format carré, plans fixes ou quasi immobiles, champ/contrechamp, pas de fioriture, si ce n’est une image toujours parfaite. Pas surtravaillée comme les Experts, non. Simple, et parfaite. Et pas de révolution non plus, d’idée foireuse pour entretenir artificiellement l’intérêt. Pas de terrible menace sur les personnages. Pas de cliffhanger. Pas d’épisode « décalé », pas d’épisode comédie musicale (comme dans Oz). Pas de rêve éveillé (les Sopranos), pas d’épisode parodique (X Files).

Non, la même histoire, quotidienne et définitive, des petits trafics, des magouilles politicardes, des gamins à la ramasse, et des flics-éboueurs de la bonne ville de Baltimore.

Il est encore temps d’acheter votre billet.

PS pour cette série « maudite » (2 saisons, puis, suite à la plus grosse pétition de tous les temps aux États Unis, 3 saisons supplémentaires), un coffret intégral vient de sortir. Il doit y avoir aujourd’hui plus d’acheteurs dudit coffret que de spectateurs sur Canal Jimmy, il y a cinq ans, qui, comme votre serviteur, se scotchèrent sur l’unique diffusion française, le samedi au plus profond de la nuit.




lundi 1 juin 2009


Anges et Démons
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines -Les films ]

Sacré Dan Brown ! C’est reparti pour deux heures de catholic bashing, à tel point qu’on cherche en vain dans le générique la mention « Aucun catho n’a été blessé pendant le tournage ».

Car résumons : non contents de nous avoir caché qu’Audrey Tautou est l’arrière-petite fille de Jésus, les cathos sont aussi : des carriéristes (« je veux être pape à la place du pape »), incompétents (« les carabinieri osent réfléchir à deux fois avant de désobéir à leur commandant pour obéir pourtant à Tom Hanks !! un CITOYEN AMERICAIN, for god’s sake ! »), ignorants (« Ne connaissez vous donc pas votre propre histoire ? » »), contre le progrès (la foule place St Pierre contre les expériences sur embryon humains), fanatiques (le cardinal refuse d’évacuer la place Saint Pierre, pourtant sous la menace d’une terrible bombe), pas reconnaissants pour deux sous, etc., etc. De même, les italiens sont pas très fut-fut’, les suisses sont fanatiques, les allemands tyranniques, les portugais sont gais, et les espagnols sont gnols. Les gars sympas sont noirs (un cardinal sympa), ou irlandais (le camerlingue, fort bien joué par Ewan McGregor).

Et puis évidemment, il y a les américains, représentés à lui tout seul par Robert Langdon, Tom Hanks en personne. Le decent american guy parfait : intelligent, cultivé, pragmatique, courageux, et… toujours aussi pédé : après Audrey Tautou à qui il ne faisait pas grand mal, le grand duduche passe la journée avec une italienne sculpturale et ne lui parle que de physique quantique…

Mais encore une fois, le paradoxe brownien marche à plein : après deux heures de pilonnage anticatho, le film fait un demi-tour inexplicable, inversant tous les repères du spectateur, et terminant sur l’équilibre nécessaire entre foi et science, et qu’il faut bien pardonner à l’église catholique, car (sic) « Personne n’est parfait ».

Les livres de Dan Brown calent très bien une armoire normande, le film de Ron Howard calera très bien un dimanche soir sur TF1.




lundi 25 mai 2009


Millenium
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les films ]

Intéressant de voir l’adaptation d’un livre culte que l’on n’a pas lu. On sent le bouquin derrière, les gages concédés aux fans hardcore, mais dans Millenium, ça n’affecte pas la compréhension de l’œuvre… contrairement, par exemple, au Seigneur des Anneaux.

Avec Män Som Hatar Kvinnor*, on passe un bon moment. Enfin, façon de parler : meurtres enlèvements, nazis, immolations, tout y est. Non, ce qui est bien rendu, c’est cette ambiance glauque des pays scandinaves, déjà très bien rendu dans L’Hôpital et ses Fantômes, ou Les Idiots de Lars von Trier. Ou plutôt, Festen, dont l’ambiance se rapproche le plus. Mais ici, pas de Dogma, on est dans le polar le plus classique.
En 1966, Harriet, héritière de la famille Vanger, a disparu. Depuis, tous les ans, son assassin envoie une fleur sous cadre à son grand père, Henrik, qui décide de missionner le journaliste Mikael Blomkvist pour enquêter. En parallèle, une mystérieuse hackeuse gothique, Lisbeth, se fait persécuter par son tuteur.

L’ambiance est là, certes, mais le suspense, non. Quand la vérité est révélée, difficile d’applaudir à deux mains, car rien, dans les deux heures précédentes, ne nous permettait de trouver la solution de l’énigme. Hors, selon la Loi d’Olivier (il faudra un jour que je publie les grandes lois CineFastiques, largement inspiré de mes petit(e)s camarades cinéphiles), si le metteur en scène a toutes les cartes en main (et le spectateur aucune), alors il joue à Dieu, et alors, c’est pas juste ! Et il a raison Olivier ! A la fin de Millenium, ça pourrait aussi bien être le père, le frère, le cousin ou la belle sœur, on n’en serait pas plus étonné. Pire, on s’en fout.

Sans rien dévoiler, disons juste que la confession finale sort un peu de l’ordinaire, et qu’elle apporte un peu de fraîcheur à dans ce genre de scène assez convenues.

Ce qui amène, en passant, à constater les différences entre roman et cinéma. Si cette révélation finale a passionné les lecteurs de Millenium, c’est que pendant les heures passées à dévorer le livre, ils ont eu le temps de s’intéresser à cette enquête, à apprendre à aimer (ou à détester) les personnages, à s’associer (ou non) à leur destin, en bref, à vivre avec eux pendant plusieurs semaines. Le cinéma, c’est différent : on a deux heures à passer ensemble (comme un livre de Marc Levy), donc on ne peut pas faire dans la fioriture. Il faut poser l’enjeu des le début : Mikael dévoilera-t-il l’assassin de Harriet Vanger ? Et surtout, jalonner le film d’indices. Le spectateur doit être avec lui, il ne peut pas être lui.

Autre sujet de méditation, très Framekeeperienne, cette fois-ci : Millenium est-il un film chrétien ? Sûrement, mais chrétien fondamentaliste, et donc, un film américain.

Le héros est très à gauche, et son géniteur, Stieg Larsson, l’était aussi. Mais le film montre, avec une complaisance très américaine (L’Arme Fatale, 24…) des scènes de torture. Soit. Mais aussi une scène de vengeance que je n’ose appeler mimétique (y’a-t-il des girardiens dans la salle ?)

Sans rien en dire, résumons simplement le propos : tu m’as fait ça, je te fais exactement la même chose ; on m’a fait ça quand j’étais enfant : je me vengerai de la même façon. Ces scènes sont filmés dans la longueur, avec une certaine délectation, qui tranche avec le propos « démocratique » du livre/film : Mikael Blomkvist se bat pour ses idées, et pour que la justice, et la vérité triomphe.

Mais non, ici, c’est œil pour œil. Dent pour dent. La loi du talion, si chère aux fils d’Abraham, à l’ancien testament, donc au cinéma US**, et si absente de notre cinéma européen (sauf le cinéma d’action, directement sous influence américaine). Dans un film français, on va chercher (même dans la douleur) l’application de la justice, ou du pardon. Ici, aucun pardon n’est possible.

Parce que la Suède est protestante ? Ou parce que le film (le livre) est sous une inconsciente influence US ? Ou parce que la gauche n’est pas à une contradiction près sur le christianisme ? On ne saurait le dire…

* Cherchez Millenium sur IMdB, vous n’êtes pas près de trouver !
** FrameKeeper, nous attendons votre thèse de troisième cycle sur le sujet !




lundi 25 mai 2009


Belzec
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Un documentaire, sur le camp d’extermination, l’autre soir sur France 2 ; intéressant mais sans plus : on n’apprend rien de plus sur Belzec, alors que l’introduction laissait entrevoir un angle inédit et intéressant : le camp devant être réhabilité, comment gérer les fouilles archéologiques sur un lieu si atroce ? Malheureusement, on n’en su guère plus. Venait s’ajouter une ambivalente impression de déjà vu : si l’on oubliait le fond (là n’est pas mon propos, évidemment), on s’apercevait que la mise en scène était copiée, plan pour plan, sur celle de Shoah. Même voix off posant les questions en français, même traduction en polonais, mêmes panoramiques lents sur la campagne polonaise, mêmes plans de coupe sur les bois, les trains, les voies de chemin de fer…

L’idée de marcher dans les pas de LA référence sur l’holocauste n’est pas mauvaise en soi, encore faut-il apporter un contenu…

Mais fallait-il en singer le style ?




samedi 23 mai 2009


Termarketingor 4 : Renaissance
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Dans le métro, l’œil du CineFaster est soudain attiré par l’affiche de Terminator 4: Renaissance. Erreur, ce n’est pas du film dont il s’agit, ou plus exactement, le film n’est qu’un des sujets de l’affiche. Si la date de sortie est bien indiquée (3 juin 2009), il s’agit plutôt du jeu Terminator: Renaissance Le Jeu Mobile, assorti d’un concours pour gagner une Jeep Wrangler (mon pauvre Schwarzy, où est passé ton Hummer ?). Ou encore, des jeux vidéos, qui sortent eux sur Xbox, PS3, PC, le 28 mai, c’est à dire avant le film.

Même si, avec un peu de sagesse, on peut regarder cela avec un certain détachement, il y a quelque chose de troublant là-dedans. Accepter que les jeux vidéo aient dépassé le cinéma ? On le savait depuis longtemps (en 2001, leur chiffre d’affaires représentait déjà 21 milliards de dollars, contre 15 seulement pour le cinéma).

Mais finalement, que le film ne soit qu’un morceau du mix produit, c’est ça qui est triste. Qu’Hollywood sorte le jeu avant est aussi un signe ; un manque de confiance autant dans le film que dans le jeu. Si jamais le buzz était mauvais à la sortie de salle, cela affecterait les ventes dudit jeu.

Le film, là-dedans, n’est plus qu’un titre, un setting, un décor de quelque chose de plus vaste qui n’a pas encore de nom.




samedi 23 mai 2009


Dans la Brume Électrique
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Un film, ça tient à pas grand’ chose, c’est comme une recette de cuisine ; le préalable, c’est bien sûr d’acheter des bons produits, pas forcément très chers d’ailleurs (Tommy Lee Jones, Tavernier, la musique cajun, le Sud profond)

Après, c’est des choses toutes bêtes, comme le sel et le poivre, le tabasco, et le temps de cuisson. Mais là, la jambalaya, elle est trop cuite.

Y’a tout ce qui faut, c’est pas la question. Casting « local qui tue » : Tommy Lee Jones, John Goodman, Buddy Guy, Levon Helms (de The Band), John Sayles en réalisateur, et l’excellent Peter Sarsgaard, déjà vu dans Flightplan. Musique ad hoc, pas du blues traditionnel, mais quelque chose d’encore plus spécifique, que seuls ceux qui sont allés là-bas, comme Tavernier et son très beau documentaire Mississipi Blues, peuvent comprendre : le zydeco.

Mais voilà, Dans la Brume Electrique est comme Gran Torino, un film de vieux, à opposer à un film à l’ancienne, ce qui serait plutôt un compliment.

Un film à l’ancienne, c’est un film qui ne se croit pas obligé de couper au bout de deux secondes, de faire gigoter la caméra quand il y a de l’action, ou d’avoir un scénar « destructuré » pour faire moderne. Un film de vieux, c’est un film rebouilli, sans trop d’explications, pensant que le spectateur se fiche du réalisme, et que seuls compte les beaux sentiments qu’on met à l’écran. Mais le spectateur, il a évolué, mon petit Bertrand, et grâce à toi justement ! Il a vu les Hitchcock, les Borzage, les Capra. Et la génération Nouvel Hollywood a intégré tout le discours cinéphilique, l’a remâché, digéré, intégré. Et les Tarantino d’aujourd’hui ont redigéré aussi tout ça.

On ne peut plus faire ces films unidimensionnels aujourd’hui. C’est triste, mais c’est comme ça.

Alors quand Tommy Lee Jones est accusé de meurtre, on ne comprend pas pourquoi il reste flic. Quand il se fait tirer dessus, on ne comprend pas pourquoi il ne protége pas sa famille. Quand il va chercher le coupable présumé, on ne comprend pas qu’ils n’y aillent qu’à deux, comme dans Starsky et Hutch. Ca pouvait marcher dans La Soif du Mal, mais ce ne marche plus aujourd’hui.

Au final, malgré une belle ambiance poisseuse-qu’on-dirait-le-sud (comprendre sexe, racisme, vengeance, zydeco et fantômes), on s’ennuie paisiblement devant la Brume Electrique.




samedi 23 mai 2009


Malédiction Star Trek
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les films ]

Alors que la version Abrams cartonne aux USA et dans le monde, patatras ! L’Enterprise se plante en France, pourtant pays de la Science-Fiction depuis La Soupe aux Choux ! 600 000 entrées France, c’est pas mal, mais en fait, c’est très peu… vu les 480 salles mises à disposition de l’engin. Pendant ce temps, Dan Brown complote en tête (800000 pour Anges et Démons), et Millenium complote derrière (440 000 entrées).

Mais bon, il faut s’y faire, Star Trek n’a jamais marché en France. Péché originel, les Bogdanov, dans leur émission culte Temps X, nous avaient annoncé en 1978 l’arrivée tant attendue de la série. Ce fut Battlestar Galactica (la naze, pas celle d’aujourd’hui).

Et pour l’anecdote, de mémoire de professore, c’est le seul film retiré avant la fin de la première semaine d’exploitation. Voulant voir l’opus IV ou V (ma mémoire me joue des tours) dans un cinéma des grands boulevards, et malgré les indications toujours précises de L’Officiel des Spectacles, je fis chou blanc. Le film, ayant réalisé moins de 10 entrées en 3 jours, avait été retiré !




jeudi 21 mai 2009


Les Deux Tours
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films -Pour en finir avec ... ]

Le Professore, le Professorino, et la Professorinette continuent leur patrouille aux avants-postes des Terres du Milieu, toujours sous domination de l’affreux Jackson.

Les Deux Tours souffre en effet des mêmes problèmes que Le Seigneur des Anneaux. Sept ans après, c’est déjà ringard (ses effets spéciaux vieillissent très vite). Les obstinations pédagogiques, laissant peu de place à la poésie, finissent par lasser. Alors que la vue du simple objet aurait suffit, tout est nommé et contextualisé dans la trilogie : « l’épée d’isildur », « les aigles du Caradras », « le lembas, le gâteau elfique ». C’est la malédiction des adaptations de livres-cultes : on doit donner des gages au hardcore, et au final, on oublie qu’on fait des films pour tout le monde, et qu’il y a peu d’aveugles dans la salle.

Pas besoin non plus de TOUT nous expliquer (Quand la bataille commence, Thoden dit « la bataille commence », et quand elle finit, Gandalf dit « la bataille se termine ». Merci, on avait compris.

De même la sidekickisation régressive de Legolas en archer surfer, et Gimli en nain de caricature, devient encore deplus en plus insupportable.

A cela s’ajoute un défaut spécifique de la version longue de ce chapitre deux : elle ne se justifie pas. Ainsi, une bonne idée scénaristique (déplacer le chapitre des Ents et l’insérer en contrepoint de l’action principale) se retrouve gâchée en version longue, à force de l’étirer à l’infini. On se croirait dans une étape du Tour de France, quand Jean-Paul Jaud quitte l’échappée pour revenir voir ce qui se passe dans le peloton : rien. Bon, ben, les Ents, on en est où ? Ben, on réfléchit…

Ceci étant dit, Les Deux Tours recèle quelques pépites, qui, comme le reste de la trilogie, justifient de passer 3h30 devant. Ainsi, le Gouffre de Helm reste une incontestable réussite graphique et émotionnelle, tout comme l’épisode du Rohan. L’amour impossible d’Eowyn pour Aragorn est très bien utilisé. Le siège d’Osgiliath, les Nazguls, et le superbe personnage de Faramir donnent enfin de l’épaisseur à quelques personnages secondaires : quelle meilleure façon de rendre grâce au génie de Tolkien ?

Et puis bien sûr, un personnage explose littéralement dans Les Deux Tours, c’est Gollum, mais on y reviendra prochainement.

Le Seigneur des Anneaux
Le Retour du Roi




mardi 19 mai 2009


Star Trek
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Il y a deux façons d’envisager ce film ; soit du point de vue du trekkie pur, soit de celui du cinéphage-trekkie (si vous n’êtes pas trekkie, passez votre chemin).

Dans le premier cas, Star Trek – version Abrams est un régal, un des meilleurs opus de la série, du niveau par exemple de Star Trek: First Contact. Action, paradoxe temporel, voyage spatiaux, tout y est. Et en plus, un renouvellement – nécessaire et attendu – de la franchise : d’où viennent ces personnages ? Comment sont ils devenus amis ? On se régale.

Mais si on ajoute l’option cinéphile, Star Trek est juste un film moyen, et surtout, déceptif. La bande-annonce, survendeuse, faisait rêver : on allait voir ce qu’on allait voir : Monsieur Abrams lui-même, non-pratiquant, allait renouveler la cathédrale Star Trek. On allait découvrir l’avant, la création de l’Enterprise, la jeunesse des personnages, bref, sortir des archetypes BD, et donner une vision sérieuse. Belle entreprise que de vouloir, enfin, donner ses lettres de noblesse à la SF : 30 ans qu’on attend ça, de la SF sérieuse. A part Outland, Alien et Blade Runner, que des conneries à la Star Wars/Cosmos 1999, des types en pyjama tout pareil, et des propulseurs photoniques et des vaisseaux à réacteurs atomiques.

Le début nous laisse croire ça, avec ses décors fabuleux, l’Iowa et ses monades urbaines (les lecteurs de Christopher Priest, et les amateurs de Chris Foss me comprendront). Mais très vite, ça redevient le Star Trek habituel : décors cheap (palme spéciale à l’intérieur du vaisseau romulien), dialogues incompréhensible, et baston finale, à coups de poing, bien sûr.

Mais la plus grosse déception, c’est J-J. Abrams lui-même, qui confirme être un metteur en scène très moyen (après Mission Impossible III). Grand scénariste (Armageddon), grand script doctor (Lost), grand producteur (Alias), mais qui ne sait pas tourner un film. Caméra branchée sur un vibromasseur, coups de laser dans tous les coins, on ne voit rien. A tel point que le premier plan séquence sur la démission de Spock (dix secondes) passe pour un chef d’œuvre. (Il faut l’avouer, les comédiens sont excellents)

Donc pour résumer, si vous êtes trekkie comme le Professore, vous passerez un excellent moment avec des amis de longue date. Sinon, passez votre chemin.