vendredi 17 juillet 2009


Michael Jackson, une star Hollywoodienne
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Bien que Bambi n’ait rien à faire dans CineFast – son œuvre cinématographique est proche de zéro -, il a sa place dans la grande légende Hollywoodienne, celle de l’Age d’Or (1920-1930), pour être précis.

On a du mal à imaginer, nous qui sommes si obsédés par l’idée de progrès des civilisations, et si fiers de nos libertés chèrement acquises, à quel point Hollywood ces années-là était plus décadent, sexe, trash, violent, que nos gentillets Tom Cruise d’aujourd’hui, dont les frasques se résument à une séance de prière à l’Eglise de Scientologie, une biture par ci, et un adultère par là. Pour comprendre il faut lire Hollywood Babylon de Kenneth Anger, ou s’intéresser à la vie de Michael Jackson, martyr des temps modernes.

Sans raconter à nouveau ce que tout le monde sait – contraint et forcé – des turpitudes de M. Jackson depuis un quart de siècle, force est de constater que la vie du gosse de Gary, Indiana, reste sa plus belle œuvre artistique, œuvre visionnaire de notre XXIème siècle débutant.

En cumulant scandales, lubies, frasques, tabous divers, Michael Jackson nous a présenté, avec vingt ans d’avance, le film de notre futur.

Le métissage

En brisant, le plus gros des tabou américains, à savoir la ségrégation, Michael Jackson n’à pas seulement réussi une performance artistique (être le premier noir au Top 50 blanc, le premier noir à passer sur MTV), il a aussi poussé la logique jusqu’au bout, et fini par devenir métis, puis blanc, jusqu’à l’absurde : le teint diaphane de la mort. Réduire les races à zéro, voilà un thème furieusement actuel.

L’auto-ingéniérie

Sans inventer la chirurgie esthétique (nombreux prédécesseurs à Hollywood), Michael Jackson en est le chef d’œuvre ultime : la peau, les cheveux, le nez, la bouche, le front, où est passé le playboy des années 70 ? Mais aujourd’hui, sans aller jusqu’à l’extrême Jacksonien, qui n’est pas prêt à remodeler un bout de son corps : refaire ce nez, réaligner ces dents, augmenter ses seins ?

La paranoïa pédophile

En étant à la fois victime (et probablement coupable), Michael Jackson anticipe notre monde actuel, entièrement tourné, (et de manière absolument insensée), vers les enfants, leurs besoins, la satisfaction immédiate de leurs désirs. Qui est MJ, sinon un enfant qui a grandi trop vite ? Ses fameux pantalons trop petits pour lui, ses socquettes blanches d’ado… lui peut tout s’offrir : peluches, jouets, et amis (plus trop) de son âge ?

Le village global

Avec un We Are The World prémonitoire (You are the World, Michael !), MJ s’est imposé comme la vraie star mondiale, que les Beatles, Elvis, avait préfiguré. Bien sûr ces derniers avaient rencontré un succès mondial, mais pas aussi universel que celui que Jackson allait rencontrer : Noir ou blanc, straight ou gay, riche ou pauvre, occidental ou pas, chaque foyer dans le monde avait une télé pour le voir danser, un CD pour passer ses disques, une radio pour l’entendre. Sa mort est un événement gigantesque, qui arrête le cours du temps, de l’actualité, ce à quoi n’arrivera jamais un Bob Dylan, un McCartney, un Bowie dont l’œuvre le mérite pourtant cent fois plus…

C’est dans ce sens-là que MJ est une star définitivement Hollywoodienne, qui égale Howard Hughes, dans la démesure, la célébrité… Fatty Arbuckle, pour les passions coupables… Gloria Swanson, pour les caprices… Erich von Stroheim, pour la démesure neverlandienne…

Les années 20, vous dis-je… Mais dans une Babylone Blade Runnerienne du troisième millénaire…


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