jeudi 25 août 2011
A Propos d’Elly
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
C’est l’histoire d’une bande de trentenaires qui montent une cabane à leur copain récemment séparé. Et qui amènent une jeune et jolie institutrice à ce week-end au bord de la mer, on ne sait jamais… Des jeunes mecs à la coule, des petites nanas canons, 4×4, portables et sacs Vuitton, tout l’attirail de ces ex-étudiants en Droit est là… Sauf que la scène ne se passe pas à Cabourg ou au bord du Lac Tahoe, mais à Chalous, sur la rive iranienne de la Mer Caspienne.
Car le Professore est allé voir son troisième film iranien, A Propos d’Elly, of course. Qu’arrive-t-il au Professore ? A-t-il cédé aux sirènes du Grand Satan iranien ? Que nenni ! Non seulement A Propos d’Elly est le second film de Asghar Farhadi, auteur de la fabuleuse Séparation, mais la vérité oblige à dire qu’à sa sortie en 2009, le Professore avait déjà failli y aller, probablement à cause de la magnifique Golshifteh Farahani.
Eh bien n’y allons pas par quatre chemins : A Propos d’Elly est aussi bien, si ce n’est mieux que son cadet. On y retrouve non seulement ses deux acteurs d’Une Séparation (Shahab Hosseini et Peyman Moaadi), mais surtout les thématiques, et la structure fétiche des films de Farhadi. A partir d’un petit rien (un week-end à la mer), Fharadi fait partir l’intrigue en vrille, sans avoir besoin de requérir de grands effets de manche. Car chez ce cinéaste, comme chez Haneke, comme chez Kubrick, l’enfer est pavé de bonnes intentions : on invite une copine pour consoler un copain, on ment au propriétaire de la maison, à ses amis, à ses parents, on cache un sac, et l’empilement de ces petits mensonges du quotidien peuvent conduire à la catastrophe… Comme dans Une Séparation, et comme chez Hitchcock, le plus simple serait de dire la vérité, mais comme chacun sait, nous préférons généralement nous arranger avec.
Les deux parties d’A Propos d’Elly, l’une joyeuse, l’autre cruelle, montre les effets dévastateurs de cette conduite : personne ne sortira indemne de ce week-end. Le spectateur non plus…
mardi 23 août 2011
Bienvenue à Zombieland
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Brèves de bobines -
Les films ]
Bienvenue à Zombieland fait partie de ces films qui sont évidemment desservis par leur titre et leur thématique. Ne vous y trompez pas pour autant : Rhett Reese et Paul Wernick, ses auteurs et Ruben Fleischer (son réalisateur) iront loin. Le pourquoi du comment en 4 leçons :
– BaZ est magnifique : Ruben Fleischer fait à l’évidence partie de l’école Zack Snyder : chaque plan est magnifiquement cadré, éclairé, filmé. Les effets spéciaux sont particulièrement soignés.
– BaZ a le sens de l’humour. C’est rare dans les films de zombies, où le rire est plutôt du côté du spectateur, en pleine distanciation Brechtienne. Ici, l’humour est compris dans le prix, notamment via ses règles de survie en milieu zombie (Règle #17 : Ne pas jouer les héros)
– BaZ a de grands acteurs : les films de genre attirent rarement un tel cast : Jesse Eisenberg (The Social Network), Woody Harrelson (Tueurs Nés), Emma Stone (Supergrave), Abigail Breslin (Little Miss Sunshine)
– BaZ arrive à conjuguer action, dérision, émotion : pas facile au milieu des tronçonneuses et des shotguns…
Bref, mesdames, ne louez pas Bienvenue à Zombieland, mais surveillez les futures productions de ces trois messieurs…
lundi 22 août 2011
Put the bunny back in the box !
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines -
Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]
C’est l’histoire d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent connaître… Une Amérique pré Ben Laden, sûre d’elle même et dominatrice, qui produisait de la GCA sans complexe. Dimanche soir, TF1 diffusait Les Ailes de l’Enfer, Con Air en VO, Air Con pour les intimes*
Eh bien à ma grande surprise, ça n’a pas trop vieilli. Pas mal pour un film déjà pas terrible à l’époque. Loin derrière pourtant des autres productions du tandem roi de la décennie, Don Simpson-Jerry Bruckheimer ; loin derrière The Rock, Armageddon, USS Alabama…
Mais bon, c’est peut-être le dernier bon Nicholas Cage, et c’est surtout le film d’une réplique, culte forever :
– « Repose le lapin dans la boîte »
*© James Malakansar
lundi 22 août 2011
Super8
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
JJ Abrams, c’est le type qui, à l’école, recevait toujours la mention « peut mieux faire« . C’était l’élève à potentiel, qui aurait pu être premier de la classe, mais qui ne travaillait pas assez. C’était vrai avec Alias, avec Lost, avec Star Trek, et c’est vrai maintenant avec Super8.
La première demie heure est excellente, comme d’habitude, car JJ a dégotté un sujet en or : Steven Spielberg lui-même. Le film, produit par l’intéressé, parle évidemment de la jeunesse du petit Steven, comme il l’a souvent raconté : sa vie avec un père divorcé et mutique, sa passion pour les maquettes, pour les trains, et pour les histoires terrifiantes d’extraterrestres qu’il racontait à ses sœurs…
JJ a dans la poche son Exile on Main Street ; c’est à dire une occasion unique de payer ses dettes artistiques, comme les Stones le firent avec le blues… Le film commence donc comme ça, une ode à l’enfance, au seventies (Electric Light Orchestra et Blondie à la BO), au midwest, et au cinéma. Et l’on sait qu’Hollywood n’est jamais meilleur que quand il parle de lui-même (Sunset Boulevard, Mulholland Drive, Ca tourne à Manhattan…) Super 8 donc part donc en beauté, car Abrams est doué pour lancer des films : trente minutes sans pyrotechnie, sans alien ou Projet Dharma, mais un drame intimiste, la mort d’une mère, le désespoir du père, l’amitié et l’espoir de l’enfance, et la magie du cinéma. Puis il nous lance, de manière époustouflante, dans l’action. Un train déraille, pourquoi, comment, cela va être le sujet du film…
Mais à partir de là, l’histoire, elle, va peu à peu décliner. De Stand by Me, on va passer aux Goonies… Tout les atouts qu’il avait en main, JJ va les laisser passer, comme un vulgaire beloteur débutant : l’analogie spielbergienne, le contexte 70’s (effleuré, mais pas réellement utilisé), le super8 (qui aurait pu être le McGuffin du film), tout ça est mis de côté, oublié, comme on en a malheureusement l’habitude avec l’élève Abrams. Il tisse même un incroyable problème familial, qui devait amener une montagne, et n’accouche que d’une souris.
Pendant tout le film – et c’est son grand malheur – on pense à son inspirateur : qu’aurait fait Spielberg d’une telle mine d’or ?
lundi 15 août 2011
Cars 2, une question d’éthique
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines -
Les films ]
On a beau dire qu’il n’y a rien d’autre à faire à l’Ile d’Aix, que c’est les vacances et que tous les voyants sont au vert (places pas chères, enfants motivés, grasse mat’ garantie), on se refuse à aller voir Cars 2. On veut bien faire un effort pour aller voir la Fontaine de Jouvence, mais Cars 2, jamais !
Même la critique commence à s’échauffer, beaucoup de journaux ne recommandant pas franchement le film, et pourtant, ce ne sont pas les plus rudes (Le Parisien, par exemple)… Comme nous l’avions déjà dit ici, Pixar est devenu Disney : scénario tire-larmes, photocopiés en dix exemplaires, gag foireux et jeu de mots de rigueur (cf. Campagne publicitaire dudit film)…
La 3D n’est plus une révélation, elle est désormais présente partout, et on peut déduire sans trop de risques le déclin probable de ces productions stéréotypées…
En tout cas, l’espoir fait vivre…
lundi 15 août 2011
Hollywood Crime Stories
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip -
Le Professor a toujours quelque chose à dire... -
Les gens ]
Tout le monde ne peut pas lire la bible, c’est à dire Hollywood Babylon, le chef d’œuvre introuvable de Kenneth Anger. Hollywood Babylon racontait les anecdotes les plus crues, les plus trash, les plus violentes de l’usine à rêves pendant son âge d’or, c’est à dire les années 20-30. Un livre vient de sortir en français sur le même sujet, moins bien écrit, mais qui vaut le détour. D’autant plus que Hollywood Crime Stories ajoute quelques chapitres français à cette histoire : Max Linder et son suicide en couple, Jean Seberg et son suicide en R5, les mauvaises fréquentations d’Alain Delon (l’affaire Markovic) ou de Gérard Lebovici.
Lecture donc indispensable au CineFaster, qui se passionne pour les coulisses, ou pour l’historien, qui adore les mises en perspectives. Ici, on notera que Lady Gaga ou Paris Hilton passeraient pour des bonnes soeurs face aux turpitudes des people californiens : détournement de mineures (Charlie Chaplin), viol, orgies (Fatty Arbuckle, sorte de John Goodman années 10), meurtre (William Desmond Taylor), drogues (Olive Thomas)… On suivra aussi avec intérêt l’histoire de John Holmes, star du porno américain, dont la déchéance criminelle inspirera deux films, l’un médiocre (Wonderland), l’autre un chef d’œuvre instantané (Boogie Nights)
Hollywood Crime Stories, sexe, mensonges et violences dans le monde du cinéma, de Vincent Mirabel, éditions First Document
vendredi 12 août 2011
Le Gamin au vélo, deuxième
posté par Professor Ludovico dans [ Les gens -
Pour en finir avec ... ]
Une des passions secrètes du Professore, c’est le scrapbooking. On achète des grands cahiers noirs destinés à la compta, on découpe des articles, des photos, des tickets de cinéma, et on colle ça au petit bonheur la chance. On fait ça en vacances, une fois qu’on a accumulé trois kilos de vieux journaux… Et là, au dos d’un article sur Lady Gaga qu’on est en train de découper, une perle : un article sur les frères Dardenne au Festival de Marrakech, pre-Gamin au vélo.
O joie ! Nos intuitions d’aujourd’hui soudain corroborées par un article venu du passé, on se croirait dans une nouvelle de Philip K. Dick adaptée par John Woo, avec Nicholas Cage dans le rôle du Professore…
Et là, je cite, Libération du 15 décembre 2010, « Marrakech ouvre l’atlas du cinéma » : « A chaque fois, on se dit pas de plan séquence… et puis on craque. On aime le plan séquence parce qu’on aime pas couper, on ne sait pas couper » On avait remarqué.
Et deuxième citation : « Il ne s’agit pas de peindre la vie, il s’agit de faire une peinture vivante […] De toutes façons, ce que l’on attend des acteurs, c’est qu’ils ne jouent pas… »
Merci les gars. On avait compris.
vendredi 12 août 2011
Pirates des Caraïbes IV, La Fontaine de Jouvence
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
C’est mystérieux le cinéma, c’est souvent une affaire de contexte. Qu’est-ce qu’on vous a dit de ce film ? Qu’est-ce que vous avez lu ? Lors d’un voyage décevant au Canada, un Bed and Breakfast nous avait ouvert les yeux : « Qu’est-ce que vous êtes venu chercher ? Un voyage réussi, c’est quand vous trouvez ce que vous êtes venu chercher… »
Le cinéma, c’est pareil.
Ludo Fulci, Le Beauf avaient beau nous avoir violemment découragé, on est allés voir Pirates des Caraïbes IV, La Fontaine de Jouvence. Il faut dire qu’après Le Gamin au Velo, Les Tuches, Les Femmes du 6ème étage, Switch, nous étions en forte demande de GCA.
Ceci expliquant cela : ce Pirates-là n’est pas très bon, mais il n’est pas déshonorant par rapport au 2 et 3 qui se prenaient un peu le melon. De toutes façons, aucun n’égalera l’heureuse surprise que fut le premier opus.
Ici, plus de Kheira Knightley, dommage. Mrs Cruz est pas mal, l’intrigue ne tient pas forcément debout (trois équipes cherchent au même moment la légendaire Fontaine de Jouvence !), il y a beaucoup de trous dans le scénario, mais on sait qu’on est chez McDo : on a demandé un Double Cheese Bacon, et c’est exactement ce qu’on a : duels rigolos, magie, et pirates super size (mention toute particulière à Geoffrey Rush)… On notera également, qu’une fois de plus, nos amis anglais s’en prennent plein la tronche : ridiculisés pendant les vingt premières minutes, et une petite couche vers la fin : « Ça va marcher ? Je ne sais pas, ça a été fabriqué par des anglais… »
On ne s’est pas ennuyés, c’est déjà ça…
jeudi 11 août 2011
Les Femmes du 6ème Étage
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
Que dire d’un film comme Les Femmes du 6ème Étage ? Qu’il est pétri de bonnes intentions ? Soit. Qu’on ne peut être que touché par cette histoire de nanti (Luchini), qui découvre l’existence misérable des femmes de ménage espagnoles ? Également.
Mais bonnes intentions ne veut pas dire bon film. Les Femmes du 6ème Étage est trop gentil, trop mièvre, trop peu crédible pour que son message passe… On s’interrogera peut-être dans vingt ans sur cette étrange propension au conformisme qui envahit le cinéma français des années 2000. Cette impression tenace de se retrouver devant une dramatique de France 2… A part Desplechin, Amalric, qui secoue le cinéma hexagonal aujourd’hui ? Quelque soit le type de cinéma, comédie, ou drame (à part peut être celui du film de genre (Horreur, zombies et action)), on a l’impression tenace de se trouver devant les Dossiers de l’Ecran
Philippe Le Guay a lui l’intelligence de déplacer l’intrigue en 1962, quand l’avant-garde de l’immigration était féminine et espagnole. Malin, car on ne peut s’empêcher de transposer la situation, vers celle, actuelle, des maghrébins, africains, et autres chinois en situation irrégulière… Mais contrairement à Mad Men, il ne profite pas de ce décalage pour accentuer son récit, vers plus de drame ou plus de comédie.
Un film qui ne comblera pas notre appétit de CineFaster… Pirates des Caraibes IV remplira peut-être ce rôle ce soir, qui sait ? On nous a bien prévenus de ne pas y aller, mais rappelons que nous sommes à l’Ile d’Aix…
mercredi 10 août 2011
Woody, Paris-New-York, New-York-Paris
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip -
Le Professor a toujours quelque chose à dire... -
Les films -
Les gens ]
Dans le TAL (Trucs à Lire) qui traîne aux pieds du lit vacancier un Nouvel Obs de juillet. Vieux réflexe d’attaché de presse, je lis tout, même le magazine bobo moralisateur à demeures de charme …
Et là, p.21, l’info toute crue qui ravit le Professore. Midnight in Paris*, le dernier Woody Allen, est devenu le plus gros succès du cinéaste New-Yorkais, dépassant Hannah et ses soeurs : 4 millions de dollars de recettes.
Que d’infos en une si petite brève ! D’abord, parce qu’on nous signale au passage que Woody, enchaînant les flops, était obligé de trouver ses financements à l’étranger, d’où sa période anglaise (Match Point), espagnole (Vicky Cristina Barcelona) et francaise… Grâce aussi aux déductions fiscales que propose la vieille Europe… Quoi ? L’Amérique, Land of Opportunity, serait odieusement taxatrice ??? Cela ne surprendra que les contempteurs habituels des impôts-qui-écrasent-l’initiative-individuelle, et qui me connaissent les fonctionnements US en la matière.
Ensuite, on notera qu’un succès de Woody aux USA, ce n’est que 400 000 personnes…
Enfin cela vient corroborer notre théorie des amours contrariés franco-americains : si les américains privilégient Midnight in Paris, c’est probablement parce que le Woody y livre une vision carte postale de la capitale, tout comme le plus gros succès français de Woody en france est évidemment… Manhattan.
*J’ai failli y aller, selon le syndrome aixois, mais j’ai renoncé, grâce à une belle fièvre.