samedi 17 septembre 2016


Leftovers, saison 2
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

C’est le début de la deuxième saison de nos disparus et c’est déjà la perfection. Jusqu’à preuve du contraire, The Leftovers fait déjà partie de la top liste.
Incroyablement bien construite, extraordinairement filmée et interprétée, The Leftovers confirme les espoirs placés dans la saison 1. Ces disparus font bien sûr penser à Lost, et la patte de Cuse/Lindehof est extrêmement repérable dans les deux. Les deux séries jouent à fond la carte du mystère mais, contrairement à notre île chérie/haïe, on s’est engagé ici à ne pas le résoudre.

Ce pari peut-il être gagnant sur le long terme ? Là est la question. Car si ce que le spectateur vit en ce moment sur The Leftovers est tout simplement magnifique, on ne jugera, comme toute œuvre, que la fin… c’est la tragédie de Lost, qui a fait vibrer… jusqu’au moment où elle a cessé de nous faire vibrer.

Jusque-là, The Leftovers accumule les questions. Pourquoi le sudden departure ? Cet événement séminal pourrait rester, comme promis, sans réponse. Mais avec toutes les questions annexes qui se sont accumulées sur les personnages, – et qu’on ne va pas révéler ici –, si l’on restait sans réponse, la déception pourrait être immense. Comme dans Lost.

Par ailleurs, The Leftovers se refuse à toutes les putasseries habituelles. Au spectateur de relier les fils entre les personnages, de reconstituer la chronologie*. C’est aussi, une série sans fard. La vérité nue, à l’image des deux actrices principales** qui acceptent de jouer démaquillées. Et un motif visuel récurrent apparaît dans chaque épisode de cette saison 2 : un affrontement face à face entre deux personnages, en long gros plans champ/contrechamp, qui laissent aux acteurs la part du roi.

Car c’est bien ça, le cœur de Leftovers ; l’examen brut de tous les recoins de notre humanité. Le couple, la parenté, la famille, la communauté sociale ou professionnelle, sous le choc d’un drame extraordinaire, à savoir la disparition de 140 millions d’habitants. Mais est-si extraordinaire qu’à ça ? Dès le pilote de cette nouvelle saison, le débat est lancé : L’humanité a déjà été menacée d’extinction, et des gens disparaissent tous les jours, pour bien d’autres raisons que le sudden departure. The Leftovers est déjà une critique de cette compétition mémorielle, et semble dire que la question de savoir qui souffre le plus est un non-sens Une question qui ne motive finalement que les religions établies ou celles qui veulent le devenir, sans parler des états et les marchands du temple.

Non, la question n’est pas là. Comment chacun regarde l’abîme, telle est la vraie question. Et c’est ça qui fascine le spectateur, lui aussi confronté à ces questions existentielles.

Même si la saison trois se révélait décevante, on conviendra qu’on voit rarement ça à la télé.

* Même quand ses auteurs se permettent des flash-back pour le moins étonnants. Ce qui rappelle les acrobaties de Lost avec la chronologie, et ses fameux flash forwards
** Amy Brenneman (Heat) ou Liv Tyler (Armageddon, Le Seigneur des Anneaux)


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