dimanche 4 septembre 2022


Key Largo
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Brèves de bobines -Les films ]

Dès les premières minutes de Key Largo, on sait qu’on est dans la production hollywoodienne, qualité Triple A. Noir et blanc marmoréen, couple mythique Bogart/Bacall, John Huston et la Warner. La Warner, peut-être le seul studio hollywoodien qui ait tenu une forme de ligne éditoriale tout au long de sa longue existence (99 ans au compteur) : des films méchants, mauvais esprit, immoraux, de William Wellman aux sœurs Wachowski en passant par Kubrick…

Key Largo, c’est la ville au début des Keys, cet archipel magnifique au sud de la Floride relié malheureusement par une horrible highway lardée de supermarchés. Il faut chercher la beauté derrière l’anarchie immobilière, ou revoir Bloodline. Mais là, on est en 1948, les Keys sont encore sauvages, et c’est l’hiver, l’ouragan gronde. Bogart débarque dans un hôtel ; il est venu dire au propriétaire quel héros son fils était pendant la guerre. Mais traine dans l’hôtel une bande patibulaire, en fait le gang d’un mafieux revenu en Floride, le terrible Johnny Rocco (Edward G. Robinson) qui va rapidement prendre tout le monde en otage.

Première audace, le bad guy n’apparait qu’au bout d’une demi-heure. Ce qui laisse le huis clos s’installer, les personnages (ambigus) se découvrir, et la tension monter jusqu’à l’explosion finale. En 1h40, Huston extrait l’essence même du film noir : des conflits moraux (qu’est-ce que le courage ?), le désespoir moral de l’après-guerre qui voit les profiteurs revenir sur le devant de la scène, et bien sûr, l’amour impossible. Voir Bacall qui regarde Bogart (ils sont en couple depuis quatre ans) suffit à donner des frissons dans le dos…