samedi 10 janvier 2015


A Most Violent Year
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Après les vampires de la finance, les porte-containers, les mafieux… JC Chandor poursuit son exploration du capitalisme et des tréfonds de l’âme humaine. Pour lui, aujourd’hui, ces deux-là ne font qu’un. Qui suis-je dans ce monde de compétition féroce ? Qu’est-ce que je peux faire ? Comment survivre au naufrage quand on est dans le bateau (Margin Call) ? Quand on est LE bateau (All is Lost) ? Ou qu’on croit être le seul capitaine de ce bateau (A Most Violent Year) ?

Même si Margin call reste de la preuve la plus évidente du talent et du génie de JC Chandor, cette année très violente n’est pas mal non plus.

Pendant longtemps, on croit avoir affaire avec un de ces merveilleux films sur la mafia dont nous a gratifié le cinéma US depuis les années 70 : Le Parrain, les Affranchis, Scarface, Les Sopranos. Des hommes qui essaient d’échapper à leur destin criminel, mais qui sont condamnés à la violence.

Mais ici, c’est plutôt le dilemme d’un Macbeth hispanique et new-yorkais. Abel Morales (Oscar Isaac) n’est pas encore le Thane de Brooklyn, mais il est sur un gros coup. Il est sur le point d’acquérir le terminal pétrolier au bord de l’East river, qui lui permettra de développer son entreprise de fioul livré aux particuliers. Mais voilà, nous sommes en 1981, a most violent year in New-York, et ses camions se font régulièrement agresser et dévaliser, probablement par la concurrence.

Pressés par sa femme, une Lady Macbeth frustrée (Jessica Chastain), et ses créanciers, Abel basculera-t-il dans l’illégalité ? C’est à ce cliché du film mafieux que s’attaque JC Chandor. Il préfère proposer un personnage qui veut à tout prix atteindre la réussite par le rêve américain, alliance de travail, de succès, et d’honnêteté. Mais autour, les autres immigrés (juifs, noirs et irlandais) semblent susurrer à l’oreille de ce Macbeth moderne, la leçon coppolio-scorsesienne : ce pays s’est construit dans le sang et la violence.

Si le film a tout pour être magistral (couple Davis-Chastain en or massif, les nouveaux Pacino-Pfeiffer, images sublimes, musique subtile), il manque juste le peu de muscle qui faisait la perfection de Margin Call.

Mais Chandor a tout d’un grand.