jeudi 13 octobre 2011


The Social Network, la bande annonce
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les films ]

Depuis quelques jours, me voilà pris d’une frénésie Facebookienne. Je regarde des bouts du film de Fincher chaque fois qu’il passe sur Canal+, je me ballade sur Internet, glane de ci, de là des infos sur le sujet, et ai même commandé au Père Noël le bouquin qui a inspiré le film*. C‘est ainsi que j’ai déniché le teaser, qui m’était un peu passé par dessus la tête à la sortie du film.

Eh bien, cette bande-annonce est un chef d’œuvre en soi.

De quoi s’agit-il ? D’une simple enfilade de copies d’écran Facebook (« accept », « confirm », « profil », « statut », etc.) sur fond de Creep, la fabuleuse chanson de Radiohead, reprise par le chœur d’enfants de Scala.

RAS donc, si ce n’est le talent du monteur (Fincher ?) et l’effet qu’il produit sur le spectateur. Car ce que montre ce montage, c’est tout simplement l’enfilade de nos vies : naissance, mariage, enfants… mis en ligne sur le petit site malin de Mark Zuckerberg.

Fincher joue comme d’habitude sur tous les tableaux : le feelgood (qui n’a pas envie, en effet, de pleurer sur sa propre vie, rétrécie sur une misérable minute ? sur cette musique aérienne, sur ces clins d’œil entendus : « célibataire », puis « en couple » ? « Confirm » ?

Cette trajectoire humaine, commune à tous, ne peut être que terriblement émouvante…

Terrifiante aussi.

C’est la deuxième couche du moraliste Fincher. Quelle mouche nous a donc piqué ? Mettre en ligne le moindre de nos faits et gestes ? Notre emploi du temps ? Nos pensées ? Nos opinions ? Accessibles de tout un chacun : « what do you have in mind ? ».

La réponse est évidemment dans la chanson, faussement mélancolique, et tout simplement effroyable : cause I’m a creep, I’m a weirdo…

Comme le personnage de Zuckerberg, comme le narrateur-creep de Thom Yorke, nous sommes plongés ad vitam aeternam dans cette terrible quête de reconnaissance. Exister aux yeux des autres, et appartenir à quelque chose de plus grand que soi… I want a perfect soul, I want a perfect body…

En une minute, jamais bande-annonce n’a aussi parfaitement saisi l’essence d’un film dont elle assurait la promotion. Et l’essence de nos vie désormais facebookiennes…

*La revanche d’un solitaire – La véritable histoire du fondateur de Facebook, par Ben Mezrich