samedi 31 mars 2007


300
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

300 est un OVNI. Ce qu’on appelle amicalement, à CineFast, mais aussi chez les gens de bon goût, une « Grosse Connerie Américaine ». Amicalement, et même en se pourléchant les babines ; car une GCA, c’est tout de même ce qui fait l’essentiel de nos sorties cinématographiques depuis notre plus tendre enfance. Les Canons de Navaronne, Le Jour le Plus Long, Alien, The Thing, Indiana Jones, Star Wars, tout ça c’est des GCA qui ont été- depuis – élevés au rang de chefs d’œuvre.

Donc, une Grosse Connerie Américaine, c’est en général bon signe. Mais en sortant, on peut trouver que c’est VRAIMENT une grosse connerie américaine, mais avec les majuscules qui ont disparu, et le ton de la voix qui a changé, délestée de 10€.

300 est entre les deux. 300 est vraiment très con, mais très con ! D’un côté les gentils spartiates qui se sacrifient pour faire triompher la paix et la démocratie, de l’autre, des salauds de pacifistes, la plupart lâches et veules, d’autres envieux, et achetés par l’ennemi. L’ennemi, quel ennemi ? Mais les perses voyons ! Qui ne sont pas gâtés : leur chef semble être un gigantesque transsexuel SM, les perses sont fourbes et cruels … arabes, quoi ! En ces temps d’amitié franco-iranienne, ça ne fait pas dans le détail.

Les scènes à Sparte sont d’un ridicule achevé, et la machine à remonter le temps est grippée : 300 ne remonte pas jusqu’en -480, mais plutôt en -47, c’est-à-dire à Maciste contro i cacciatori di teste (1960). Hommes en jupette, femmes nichons à l’air, monstre à deux balles en plastique, le tout tourné en studio, dans l’appartement de la grand-mère de Zack Snyder. Ce qui, paradoxalement, fait son charme, alors que le film a quand même coûté 60M$…

Mais en même temps, les scènes de combat sont superbes, les dialogues plutôt rigolos. J’en suis sorti le sourire aux lèvres, et l’envie, après tant de testostérone, de me voir un petit Téchiné. Pour ces deux dernières choses, un peu honteux sous ma cape, je ne suis pas sûr qu’il me sera beaucoup pardonné…




mardi 13 mars 2007


La catastrophe du jour
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip ]

C’est plein de larmes que nous avons fini l’article de Libération.fr : oui, vous avez bien lu : Salma Hayek est enceinte de François-Henri Pinault, PDG du groupe de luxe et de distribution Pinault-Printemps-Redoute (PPR).

Donc : non, elle ne se mariera pas avec vous. Oui, elle a l’air très heureuse avec l’héritier du coupeur de bois et catalogueur de La Redoute…

Toutes nos condoléances…




mardi 13 mars 2007


Lettres d’Iwo Jima
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Le cinéma reste décidément quelque chose de très mystérieux. Comme le dit David Lynch : « on meurt, on passe un bout de temps à rêver, et on revient ». Tout ça pour dire que Lettres d’Iwo Jima est un mauvais film. Un film fait à l’ancienne, dans le mauvais sens du terme : les gentils sont exagérément bons et souriants ; les méchants stupides et grimaçants. Tout est souligné et surligné. Tout ça est agaçant.

Pourtant on ressort d’Iwo Jima conquis, comme à la sortie de Mémoires de nos Pères. Impossible d’oublier ces films. Alors qu’est ce qui se passe ? Comment un film mal fait réussit à nous séduire ?

Il faut croire ici que le sujet emporte tout. Iwo Jima, c’est leur Verdun à eux : 22 000 soldats japonais, 1000 survivants. Le pragmatisme démocratique US face au fanatisme Jap. Sur le papier, c’est simple.

Mais Clint Eastwood est un rebelle. Derrière son cinéma de papy (et ses 77 ans au compteur), Eastwood est resté un voyou. Un renégat. Qui tape où ça fait mal. Dans Million Dollar Baby, sur les white trash. Dans Mémoires de Nos Pères, sur la propagande américaine. Dans Lettres d’Iwo Jima, sur les Marines, qui n’hésitent pas à abattre des prisonniers*.

Le film, pour le coup mieux construit (ou moins dé-construit) que son prédécesseur, s’attache donc à suivre deux personnages opposés. Le jeune boulanger qui préfère vivre, plutôt que mourir pour l’empereur, et le Général à qui l’on a confié le soin de mourir sur place avec ses 22 000 troufions, pour défendre le sol sacré du Japon. Au lieu de les opposer, Eastwood les rapproche. Deux composantes, finalement, du véritable héroïsme : tout faire pour survivre, ou tout faire pour combattre, et se défendre. Mais en aucun cas, mourir bêtement en criant Banzaï.

Eastwood s’attache à cette démonstration, alignant les scènes cultes (suicide à la grenade, menace de décapitation, flashbacks lourdement explicatifs), mais c’est là où le film pêche, par trop d’ambitions. Il lance ses filets de pêche, mais ne ramasse pas les poissons. Il y avait beaucoup de chose à dire sur le fanatisme japonais, engendré par 50 ans de dictature fasciste dévoyant à son profit l’idéal samouraï. Il y avait un autre film à faire, sur l’étrange fascination du Général pour les USA, pays qui l’avait accueilli comme attaché militaire avant le conflit 39-45. On s’attendait aussi à vivre, comme dans Mémoires de nos Pères, aux cotés des japonais, enfermés dans ce volcan-sanctuaire jusqu’au bout. Mais Eastwood lance toutes ses perches, et puis il les lâche, ce qui donne ce côté inabouti au film.

De même, on espérait voir se croiser, d’une manière ou d’une autre, les protagonistes du premier film. A part deux coïncidences, le film évitera cela, et c’est peut être –finalement – le vrai message du film. A la guerre, malgré les apparences, on ne se rencontre pas. On se voit à distance. On se tire dessus. Au contact, on s’égorge à la baïonnette. Mais c’est la méconnaissance totale qui prévaut, sous le voile de la propagande. Il y avait déjà cette idée en suspens dans Mémoires de Nos Pères (qui sont ces Japs que nous combattons ?), mais ici, c’est LE sujet. Une scène très artificielle (mais très belle) vient rappeler aux japonais abasourdis que les américains aussi ont des mamans ! Comme si après deux heures de film, nous nous soyons tellement éloignés de l’Amérique qu’il faille nous le rappeler…

*Rappelons au passage que cette scène fait écho à la même scène dans Il Faut Sauver le Soldat Ryan (réalisé par S. Spielberg) et Band of Brothers (produit par S. Spielberg) ; Lettres d’Iwo Jima étant co-produit par le même Spielberg)




vendredi 2 mars 2007


Lady Chatterley
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Trois ou quatre fois par an, nous allons au cinéma avec ma femme, ce qui me permet de remonter un peu mon quota de films français (assez faible il faut bien l’avouer). Avouons aussi que je le regrette rarement : si elle donne rarement dans le film américain, Valérie n’a pas non plus succombé au Film de Festival. Donc, ça tourne autour du pas mal, voire du bon « Fauteuil d’Orchestre », « Le Goût des Autres » et tutti quanti.

Cette année, la saison débute donc avec Lady Chatterley. Madame a regardé les Césars, et en est revenue très énervée*. Mais avec l’envie de voir des films, et pourquoi pas, le meilleur film de l’année : Lady Chatterley.

Je ne suis pas contre : j’avais beaucoup aimé le premier Ferran, Petits Arrangements avec les Morts, la critique était plutôt favorable, il y a Marina Hands, et va y avoir du cul.

Rappelons, avant de sonner la charge, que ce film, outre le César du Meilleur Film, a aussi obtenu Meilleur Actrice (Marina Hands), Meilleurs Costumes, Meilleure Adaptation, et Meilleure Photo.

Meilleurs Costumes, après tout, pourquoi pas ? On n’allait pas le donner à Ne le Dis à Personne, de toutes façons. Un césar pas très documenté néanmoins, parce que le garde de chasse arbore complaisamment une montre bracelet qui était pour le moins rare dans les années 20, mais passons.

Meilleur Actrice. Comment dire ? Certains platanes jouent pas mal dans le film… Des acteurs, je n’en ai pas vu beaucoup. Mais dire que Mrs Hands joue bien, c’est un peu fort de café ! Dire qu’elle joue, c’est déjà beaucoup. Au mieux, elle a suivi le Cours Tautou (virée au premier trimestre). Elle minaude, ses petits yeux s’embuent de larmes, elle lit son texte. Mais elle joue faux, si faux ! C’est atroce ; On dirait la petite du troisième qui prend son premier cours de violon ! En face, c’est pas mieux : le garde chasse qui dit « ouais » à tout bout de champ pour faire peuple !! Mais bon, au moins, il n’a pas eu de César !

Meilleure photo. Décernée par les chef op’ aveugles du cinéma français ? L’image est floue, saturée, limite 16 mm (c’en est peut être). C’est mal cadré (la plupart des plans coupent les têtes). C’est mal monté. Ca ressemble à un court métrage fait par des ados. C’est inadmissible, de donner un prix comme celui-là, l’un des plus objectifs possibles, à un film comme celui-là.

Vous comprendrez à ce stade que je ne comprends pas non plus le César du Meilleur Film. Mais finalement, cette livraison 2007 des Césars, cérémonie par ailleurs tout aussi inutile que les Oscars, est peut être le signe de la mutation tant attendue du cinéma français.

Auparavant, c’était systématiquement les Lady Chatterley qu’on récompensait à la petite remise de prix provinciale de George Cravenne. Mais cette année, c’est Ne Le Dis A Personne qui a failli tout rafler, et assez justement le César du Meilleur Réalisateur à Canet, et du Meilleur Acteur à Cluzet. Ne Le Dis A Personne : un film de genre. Un film basé sur un best-seller américain. Un film produit par Luc Besson, aka le Diable en personne ?

Finalement, j’aime bien ces Césars 2007.


* tout particulièrement par Lou Doillon, expliquant la difficulté du métier d’acteur, combien il faut travailler, et travailler sans cesse pour réussir… Venant de la fille de Jacques Doillon et de Jane Birkin, c’est vrai que ça ne manque pas de sel…