vendredi 9 février 2007


Intégristes de tout poil
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Si vous avez raté le Libération/Charlie Hebdo de mercredi, votre erreur est double. Non seulement les deux journaux, faisant « Une » commune, se payaient la tête des intégristes musulmans (à l’occasion de cet improbable imbroglio politico-judiciaire de cet fin de règne chiraquien), mais en plus, un journaliste de Charlie Hebdo (Jean-Baptiste Thoret) laminait une autre forme d’intégrisme : le cinéphile à tendance festivalière. Dans une tribune libre*, il fustigeait le « Film d’Auteur Académique », baptisé FAA, dans une démonstration tout aussi impeccable qu’implacable.

Sa théorie est simple : s’il existe des films commerciaux, formatés pour plaire au plus grand nombre, il existe en face le FAA, tout aussi formaté. Le FAA s’acharnent, selon Jean-Baptiste Thoret, à se poser en négatif du film commercial, pour mieux séduire le Jury du Festival du Film de Séoul, Berlin, Venise, ou mieux, la Palme des Alpes Maritimes. Au final, le FAA est tout aussi formaté et ennuyeux : « le FAA, écrit-il, confond l’épure et le rien, l’abstraction et la pose, le vide et la raréfaction, la contemplation et l’ennui, l’enregistrement de la réalité et la vérité du réel, qui – on le sait depuis les frères Lumière – n’a de chance d’advenir qu’à condition d’en fabriquer la fiction (…) le FAA [refuse de] céder aux sirènes du plaisir, de la forme, du spectacle ; en bref, il témoigne d’une haine de la fiction. » Quel meilleur plaidoyer pour le retour du scénario, que nous appelons de nos vœux, ici sur CineFast ?


* à l’origine de cette tribune, un édito de Jean-Michel Frodon, rédac’chef des Cahiers du Cinéma (et non pas Porteur de l’Anneau, comme beaucoup semblent encore le croire), s’indignant que le CNC se plaigne de l’existence de plus en plus fréquente de « Films de Festival »


2 commentaires à “Intégristes de tout poil”

  1. CineFast » Lady Chatterley écrit :

    […] Trois ou quatre fois par, nous allons au cinéma avec ma femme, ce qui me permet de remonter un peu mon quota de films français (assez faible il faut bien l’avouer). Avouons aussi que je le regrette rarement : si elle donne rarement dans le film américain, Valérie n’a pas non plus succombé au Film de Festival. Donc, ça tourne autour du pas mal, voire du bon « Fauteuil d’Orchestre », « Le Goût des Autres » et tutti quanti. […]

  2. CineFast » Sully, deuxième écrit :

    […] pas de tâche plus excitante en vue que de défendre le cinéma américain et de vilipender le Film de Festival, je m’exécute. Sans trop me forcer : j’adore Dangers dans le Ciel et donc je reregarde […]

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