lundi 20 juin 2011


CineFast à l’école !
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Depuis deux ans, l’ami François me fait l’honneur de m’accueillir dans sa classe d’anglais, en Classe Européenne. Il croit que je lui rends un service, mais il me fait le plus beau cadeau du monde : deux heures, rien qu’à nous, pour éduquer dans la langue de Shakespeare, de jeunes esprits à la cinéphilie.

Tout cela a commencé l’an dernier, quand la Professorinette a arboré un T-Shirt CineFast en classe (eh oui, on ne lésine pas sur le street marketing à CineFast). Intrigué, ledit François va alors sur cet honorable blog et demande dans la foulée si le Professore ne voudrait pas intervenir sur le cinéma, pendant un cours du mois de juin.

Après s’être calé ensemble sur le programme (j’avais proposé « Philosophie Politique d’Armageddon », il avait proposé « Woody Allen et Citizen Kane chez Shakespeare », on a transigé sur Titanic, évidemment.

L’objet du premier cours était de montrer comment se construit un film hollywoodien, et Titanic est parfait pour ça : vingt minutes pour poser les enjeux, trois heures pour les résoudre. François, qui avait déjà fait travailler ses élèves sur la cinématographie, s’est arrêté de son côté sur la représentation du bateau lui-même : fort et puissant au début, théâtral au milieu*, et minuscule et fragile îlot de lumière au mitan, quand justement le film amorce sa descente : iceberg, collision, naufrage.

Les élèves ont ensuite travaillé sur le calme et le frénétique, les deux fins de Titanic. En effet, nous avions posé avec eux qu’il y avait deux films en un : un film pour garçon (les vingt premières minutes, pleines de testostérone : sous-marins, hélico, cigare, chasse au trésor, Brock Lovett). Vingt minutes macho, hard boiled, et d’ailleurs toutes bleues. S’y succédaient vingt autres minutes tout de rose vêtues (vieille dame, jeune fille, chapeaux et corsets, peignes, miroirs d’argent et émotions, Rose Calvert) : un film pour filles. Il fallait donc deux fins pour parachever Titanic ; une fin action : bateau qui casse, cris, explosions, méchant puni. Mais aussi, ensuite, une tragédie calme, le silence, Rose et Jack seuls face à l’immensité de l’univers. C’est ce qui fait le succès de Titanic, d’ailleurs, et sa grande réussite : ce mélange tous publics de film catastrophe et de romance également réussis…

Le deuxième cours, destinée aux Troisièmes, était consacrée deux jours plus tard à la Sitcom. Sur la base du visionnage du Pilote de Friends, l’objectif était de comprendre la structure narrative spécifique de la sitcom, et les contraintes marketing afférentes (court, pas cher, formaté et répétitif, pour garantir les taux d’audience). Sur le même principe de pédagogue éclosive (regarde et découvre toi-même !) les élèves ont encore fait des étincelles.

Car ce qui frappe de prime abord, c’est la culture, le dynamisme, la fraîcheur des élèves sur ces sujets. Enfants de la télé, du téléchargement, et de la culture US, ils sont impressionnants d’érudition et de questionnements. Et n’hésitent pas à renvoyer le Profess(eur)ore dans ses 22. Une jeune fille de Quatrième que visiblement je bassinais sur le genre très marqué de Titanic (a film for boys, a film for girls), me reprit, sarcastique : « Alors les filles n’ont pas droit aux films d’action ? » Et deux garçons de m’interroger sur le créneau Sitcom du jeudi sur NBC : « En France c’est plutôt mardi, non !? »

Tout ça pour dire que je me suis régalé ; d’abord parce qu’il n’est rien de plus valorisant que d’apprendre quelque chose à quelqu’un, surtout à nos enfants. Et ensuite parce que nous partageons avec François cette même vision : plutôt que d’esquiver Internet et la télé, l’école (ou les parents) ont tout intérêt à apprivoiser ces outils pour donner aux enfants les grilles de lecture pour les comprendre et les décrypter.**

Ensuite parce que ce genre d’exercice renoue avec la magie intacte du cinéma. Plongez une classe d’ados dans le noir, projetez-leur Titanic sur l’écran pas terrible d’une salle de collège, passez la scène de la mort de Jack, et amusez vous compter les filles en pleurs***…

« On meurt, on passe un bout de temps à rêver, et on revient… » : c’est ce que dit David Lynch à propos du cinéma, et on ne saurait mieux dire.

*François m’a ainsi permis de remarquer que lors de la séquence culte du baiser, la proue, et le poste de commandement du Titanic sont carrément redessinés, idéalisés façon Vérone 1912 : un écrin orange parfait pour nos Roméo et Juliette cameroniens, et leur Amour Eternel).

** A l’instar, par exemple, de la démarche d’un Daniel Schneidermann en 2001, au lancement de Loft Story. Plutôt que de se lamenter sur la-télé-qui-décervèle-nos-enfants, Arrêt sur Images avait abonné une classe de CM2 à la Chaîne du Loft, et leur instituteur les avait fait travailler dessus. Des gosses de dix ans avaient compris – avant tout le monde – que Loft Story était entièrement scénarisé par Endemol, malgré toutes leurs dénégations.

*** Autre anecdote intéressante : je commence mon intervention en interrogeant les élèves ce qu’ils savent du vrai Titanic. Ils savent pas mal de choses (les femmes et les enfants d’abord, les riches qui ont survécu, l’iceberg, le SOS…), et que le bateau a coulé, évidemment… Puis je plonge la salle dans le noir, et on lance le film : cinq minutes plus tard, quand on demande aux élèves les questions que posent le début du film, ils répondent en chœur : « On se demande si le bateau va couler… » Magie, du conte, du théâtre, du spectacle encore et toujours, et pour toujours…




mercredi 6 avril 2011


World Invasion: Battle Los Angeles
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Un film comme Battle : Los Angeles, c’est la raison d’être de CineFast : une GCA pur sucre, Grosse Sucrerie Américaine à base de let’s go let’s move what the hell is goin’ on et everything gonna be alright.

Donc on se rue sans vraiment vérifier (ou sans faire confiance au 3 petites étoiles « Presse » d’Allociné, ou pire des 3 étoiles, pas plus, pour les « Spectateurs »… Ça sent la daube, mais on n’y croit pas. Pire, on n’écoute pas un signal plus important : les CineFasters du Premier Cercle, qui boudent à l’évocation de votre pitch, pourtant enfiévré. Ils sortent peut-être de Skyline, va-t-on savoir…

Bref, on est dans la salle, on est bien, encore une bande-annonce du feu de dieu pour Sucker Punch, pourvu que ca soit aussi bon que les trailers…

Et puis Battle : Los Angeles commence, et au bout de cinq minutes on a compris.

On a compris que Jonathan Liebesman, le réalisateur, a racheté à bas prix le code source des 200 derniers blockbusters précédents (Deep Impact, Armageddon, etc.) ; qu’il a acquis en sus de l’élixir patriotique des Docteurs Simpson Bruckheimer (Marines, Semper fi, this is my coooouuuntry, etc.)

Mais à court de budget, il a oublié d’acheter la maestria pyrotechnique du Michael Bay de Transformers. Il n’a pas eu les moyens de commander des comédiens à la Bruce Willis ou à la Tom Cruise (Aaron Eckhart, excellent dans quelques films indépendants, cherche ici vainement à accrocher son Action Movie)

Et surtout, bottom line, Jonathan Liebesman a oublié de se doter d’un set complet de personnages. Car on est prêt à tout avaler, les ET qui veulent nous piquer notre eau, le sergent qui cherche la rédemption, le p’tit lieutenant paniquard mais courageux à la fin, qui laisse un mot à sa femme… Mais pour cela, il faudrait qu’on s’y intéresse un peu Qu’ils ne soient pas que des porteurs impersonnel de M16.

C’est la grande leçon des films Bruckheimer : leurs personnages sont certes caricaturaux, mais ils existent : ils aiment leur femme, leur pays, ou leur bataillon. Ils sont noirs ou blancs, mariés ou divorcés, têtes de mule ou braves types, mais ils sont fait de chair et de sang. Ils ont une personnalité.

Donc pas la peine de se battre pour L.A. : vous ne pourriez même pas ricaner…




jeudi 30 décembre 2010


Skyline
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Il est des films qui laissent sans voix ; c’est le cas de Skyline, incroyable GCA que nous propose Hollywood en conclusion de cette année 2010. Les frères Strause – pourtant auteurs d’unAlien vs Predator Requiem de bonne facture – atteignent là un sommet qui ne sera jamais surpassé…

Le Professore se sent obligé de préciser qu’il s’agit bien d’un sommet de nullité, jusque-là jamais atteint. Skyline fait pourtant partie d’une chaîne montagneuse déjà très élevée : les grands 8 000 de la GCA, Independance Day, Invasion USA, et consorts ; en clair, Los Angeles est envahi par les aliens, une bande de pauvres clampins tente de survivre… Mais à côté de Skyline, Invasion USA c’est Citizen Kane, et Independance Day, c’est 2001, l’odyssée de l’Espace. Car Skyline est incroyablement con, mal écrit, mal joué, mal réalisé, bref c’est un film ridicule. S’il ne faisait qu’aligner les poncifs : « Everything’s gonna be alright » « Come on, let’s move » et autres « What the hell is going on!!?? », on serait dans la GCA.

Mais là, on est en dessous, très en dessous. Et l’idée qu’il y ait quelque chose en dessous de la GCA est une révélation très troublante pour le Professore, qui croyait que la GCA était la base de toute chose.

Dans Skyline, pas de second degré (on serait plutôt même légèrement en-dessous du premier degré, 0,7 ou 0,8 selon les estimations de James Malakansar), pas d’exercice artistique (La Guerre des Mondes), pas de background politique, à lire entre les lignes (à la Armageddon), pas de mélo sous-jacent (façon 2012 ou Deep Impact), pas d’action hard-boiled (Transformers) ou de sidekick rigolo (Independance Day)… Non, rien de rien, seulement la fin du monde… Mais pas La Route, non plus. Le monde est terminé, mais a) on part en petite jupette dans la Ferrari en oubliant de prendre des vivres et une couverture (venez pas vous plaindre quand il neige !) et b) il faut pas fumer parce que Madame est enceinte…

Tout ça se terminera à coups de poing dans la gueule de l’alien (qui fait pourtant 3m de large et vient de pêter une Mercedes), et… par l’Amour, toujours l’Amour !

Avec Skyline, c’est en fait un voyage dans le temps auquel on assiste, car c’est un film digne des débuts du cinéma : une lune en carton, des comédiennes déguisées en extraterrestres, et des pétards pour les explosions… Il est assez fascinant de voir Skyline juste après avoir vu Monsters, un film qui, lui, a assimilé toutes les leçons de la GCA, Cloverfield compris…on peut continuer de faire rêver les gens, mais il faut a minima intégrer notre héritage cinématographique…




vendredi 17 décembre 2010


Michael Clayton
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

On devrait toujours écouter ses amis. Quand mon Phiphi à moi m’a dit « Michael Clayton, ouais, c’est pas mal. Ca te plairait ! » J’aurais dû l’écouter. Et y aller. Right away. Peut-être qu’il aurait du être plus dithyrambique, le Phiphi, à la façon des ados, ou donner une note sur dix à la façon des critiques de cinéma télé, mais, en fait, il a raison, on a passé l’âge.

Au final, je n’y suis pas allé ; trop de Djjjoordge, trop de bogossitude cool mâtinée de conscience sociale, trop de What else ?

Mais l’idée a fait son chemin, et quand Michael Clayton est passé sur la chaîne avec un +, je l’ai enregistré. Il traînait donc sur mon disque dur quand je suis passé à l’attaque avant-hier soir…

Eh bien, c’est très bien ! C’est une sorte d’Erin Brockovich à l’envers (décidément Soderbergh – qui produit – a un problème avec les multinationales !)

Ça commence donc par une grosse boite agrochimique qui a empoisonné des agriculteurs avec ses engrais, et qui fait face à une class action qu’elle est sûre de perdre. Un cabinet d’avocat, dirigé par le toujours génial Sidney Pollack (pourquoi n’a-t-il pas fait l’acteur dans plus de films !) essaie de leur sauver la mise. Mais un des avocats, et l’un des meilleurs, pète les plombs et se retourne contre ses employeurs, et son client.

C’est là qu’intervient Michael Clayton (George, bien sur !) : ancien flic, avocat freelance, qui intervient dans la zone grise pour gérer les mauvais coups. Le voilà chargé de ramener son collègue et ami à la raison.

Cette histoire, somme toute classique, Tony Gilroy* a le talent de la cacher dans une trame scénaristique complexe. Un scénario qui commence par la fin ; des images mystérieuses, un puzzle que le spectateur essaie de recomposer : Clayton jouant au poker, une femme en sueur dans les toilettes, un prêteur sur gages… Petit à petit, les pièces s’imbriquent, le sens prend forme, jusqu’à une conclusion qui reste classique, mais, de par ce traitement, se révèle brusque et inattendue.

Acteurs excellent, musique et cinématographie parfaite : on est sous le charme – doublement – de Michael Clayton. Et on peut reconnaît un bon réalisateur à son courage : celui, par exemple, de tout miser sur un plan séquence final, dans un taxi : sur le sourire énigmatique de George Clooney.

*Encore un monsieur qui a travaillé sur Armageddon (Adaptation du scénario)




mercredi 25 novembre 2009


2012
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Avec 2012, Roland Emmerich signe l’impossible retour de la Grosse Connerie Américaine. Retour car c’est bien le come-back d’un genre englouti (hélicos, explosions, immeubles qui s’écroulent), mais impossible retour, car le monde a changé de puis l’Age d’Or de la GCA…

Car, même si on peut le regretter, le film catastrophe américain, la GCA (Independence Day, Armageddon, Volcano, Le Pic de Dante) a complètement disparu des écrans. Un coupable ? Oussama Ben Laden, qui offrit un jour de septembre, en direct et en vrai, la destruction de New York et du Pentagone, deux figures de style incontournable de la GCA. Une réalité qui a semble-t-il vacciné pendant dix ans le public US contre la fiction, ses explosions, ses tours qui s’écroulent, et sa Maison Blanche en flammes.

Un autre phénomène, artistique lui, est passé par là : le blockbuster intelligent. Après Titanic, et ses personnages creusés, après Deep Impact, et son génial mélange mélo-filial et astéroïdes dans la gueule, il n’est plus possible de faire aujourd’hui un film comme 2012. Eh bien Roland Emmerich l’a fait, en réalisant un film parfaitement distrayant, mais d’une connerie abyssale.

On passera rapidement sur l’aspect distraction, puisqu’il est quasi acquis que vous irez le voir, sinon vous auriez déjà été chroniquer ailleurs : oui, les images sont parfaites (malgré beaucoup de séquences en vidéo HD. Eh oui, c’est comme ça, maintenant, ma ptite dame !), les effets spéciaux sont bluffants (la jolie vague, la jolie lave, les beaux navions), même si on n’est plus guère bluffés par les effets spéciaux aujourd’hui…

Non, ce qui est consternant dans 2012, c’est la bêtise du scénario. Et c’est un type qui vénère Armageddon qui vous dit ça…

Tous les poncifs y passent. Le père, divorcé (John Cusack), la femme, remariée à … Un chirurgien esthétique. Le jeune noir idéaliste. Le président noir idéaliste. Veuf. Le conseiller blanc du Président, corrompu (il s’appelle Hadès). Le méchant magnat russe et ses deux enfants obèses. La maîtresse blonde (et donc fofolle) du magnat russe. Etc, etc.

Comme dans Le Pic de Dante, ceux qui ont péché sont condamnés : les gros, les russes, les chirurgiens esthétiques… Les gentils sont sauvés : le divorcé, les enfants, la femme, et comme l’a théorisé Michael Haneke dans Funny Games, le chien*…Et puis toujours, cette incroyable contradiction américaine : les riches ont toujours le mauvais rôle dans un pays qui vénère l’argent.

Le problème de 2012, c’est, encore une fois, de rater son genre. Si Roland Emmerich veut faire une tragédie, il doit lorgner du coté de Deep Impact ou Titanic. S’il cherche le divertissement, il doit assumer le fun d’Armageddon, le délire Fast & Furious, la démesure Transformers, l’humour Pirates des Caraïbes

Quelques exemples :

Les scènes tragiques ne fonctionnent pas dans 2012. On rit à gorges déployée, et évidemment ce n’est pas voulu. Pourquoi !? Les personnages n’ont aucune épaisseur psychologique, et sont joués par des comédiens sans âme, et surtout, sans personnage.

Au contraire, Tea Leoni, dans Deep Impact a un vrai personnage : jeune journaliste, belle, carriériste, douée, appréciée de ses chefs, mais en conflit avec son père. Ces éléments, lentement amenés dans le film, éclairent superbement ses choix à la fin du film : l’émotion est là.

Dans Titanic, les seconds rôles ont une histoire, même minime. Le couple de retraités qui se couchent paisiblement dans leur cabine envahi par l’eau, la mère qui endort ses enfants avec un conte de fées, ces scènes seraient ridicules, si ces personnages n’avaient pas été « posées » avant par Cameron.

Roland Emmerich aurait pu choisir l’autre option, fun, républicaine, mauvais esprit, Simpson-Bruckheimer, mais il est trop prétentieux pour cela. Il agite pourtant les mêmes thèmes : « Washington vient d’être balayée ! » « Bonne nouvelle ! Depuis le temps qu’il fallait nettoyer ce bazar ! »… Le porte-avion Kennedy qui écrase la Maison Blanche (attention, symbole !), et toujours cette vision simplificatrice du monde (les tibétains, sages, les chinois, ouvriers, les indiens, scientifiques, les italiens, cathos, les français, en DS…) Mais il manque par trop d’humour, pour que la sauce prenne. Le film veut être pris au sérieux : il l’est.

Finalement, Emmerich est comme toujours le cul entre deux chaises : pas vraiment américain (il est allemand), il a le syndrome de l’immigré**, et fait tout pour être américain, en s’emparant de la mythologie US : The Patriot, Independance Day… Mais il n’y est jamais vraiment, et ne peut s’empêcher à chaque fois de détruire l’Amérique : dans Le Jour d’Après, les yankees demandent l’asile (sublime ironie !) aux mexicains !!!
Dans 2012, l’Amérique est engloutie et c’est l’Afrique qui survit…

Dans Deep Impact, Armageddon, Transformers, et même La Guerre des Mondes, la Mère Patrie est toujours sauvée à la fin…

Allez, Roland, encore un effort pour être américain…

* Qui s’empressa d’en tuer un dès la première scène de sa terrifiante critique du cinéma américain.

** Thèse défendue par A.G. Beresford. (Cette chronique n’aurait pu être possible sans le concours, dans la salle puis au pub, de deux docteurs honoris causa de la GCA, James Malakansar et A.G., qui comptent plusieurs dizaines de GCA à leur actif. Qu’ils en soient publiquement remerciés ici.)




mardi 19 mai 2009


Star Trek
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Il y a deux façons d’envisager ce film ; soit du point de vue du trekkie pur, soit de celui du cinéphage-trekkie (si vous n’êtes pas trekkie, passez votre chemin).

Dans le premier cas, Star Trek – version Abrams est un régal, un des meilleurs opus de la série, du niveau par exemple de Star Trek: First Contact. Action, paradoxe temporel, voyage spatiaux, tout y est. Et en plus, un renouvellement – nécessaire et attendu – de la franchise : d’où viennent ces personnages ? Comment sont ils devenus amis ? On se régale.

Mais si on ajoute l’option cinéphile, Star Trek est juste un film moyen, et surtout, déceptif. La bande-annonce, survendeuse, faisait rêver : on allait voir ce qu’on allait voir : Monsieur Abrams lui-même, non-pratiquant, allait renouveler la cathédrale Star Trek. On allait découvrir l’avant, la création de l’Enterprise, la jeunesse des personnages, bref, sortir des archetypes BD, et donner une vision sérieuse. Belle entreprise que de vouloir, enfin, donner ses lettres de noblesse à la SF : 30 ans qu’on attend ça, de la SF sérieuse. A part Outland, Alien et Blade Runner, que des conneries à la Star Wars/Cosmos 1999, des types en pyjama tout pareil, et des propulseurs photoniques et des vaisseaux à réacteurs atomiques.

Le début nous laisse croire ça, avec ses décors fabuleux, l’Iowa et ses monades urbaines (les lecteurs de Christopher Priest, et les amateurs de Chris Foss me comprendront). Mais très vite, ça redevient le Star Trek habituel : décors cheap (palme spéciale à l’intérieur du vaisseau romulien), dialogues incompréhensible, et baston finale, à coups de poing, bien sûr.

Mais la plus grosse déception, c’est J-J. Abrams lui-même, qui confirme être un metteur en scène très moyen (après Mission Impossible III). Grand scénariste (Armageddon), grand script doctor (Lost), grand producteur (Alias), mais qui ne sait pas tourner un film. Caméra branchée sur un vibromasseur, coups de laser dans tous les coins, on ne voit rien. A tel point que le premier plan séquence sur la démission de Spock (dix secondes) passe pour un chef d’œuvre. (Il faut l’avouer, les comédiens sont excellents)

Donc pour résumer, si vous êtes trekkie comme le Professore, vous passerez un excellent moment avec des amis de longue date. Sinon, passez votre chemin.




mercredi 8 avril 2009


Deep Impact
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

On l’a un peu oublié aujourd’hui, mais Deep Impact, en 1998, c’était la petite soeur intello d’Armageddon, ou plutôt, dans l’esprit de ses géniteurs, un vaporware, c’est à dire un produit fait pour tuer la concurrence.

Combat il y eu, longtemps sans victoire, mais finalement la brute Armageddon l’emporta (201M$) sur le mélo Deep Impact (140M$).

A l’époque, on vouait Armageddon aux gémonies, malgré les avertissements ironiques de l’ami Olivier, et on vénérait Deep Impact, criant à la terrible injustice du box office.

Malheureusement, selon le théorème du Professore Ludovico, le temps a fait son oeuvre : Armageddon est régulièrement rediffusé, signe du classico en voie de maturation, mais Deep Impact ne passe quasiment jamais à la télé.

Il est repassé ce week-end, l’occasion de réexaminer l’engin et de comprendre pourquoi.

D’abord, le principal intérêt du match Armageddon-Deep Impact, c’est de voir ce que l’on peut faire en partant d’une même histoire. Dans les deux cas, il s’agit d’un film catastrophe (la terre menacée par un météore), dans les deux cas, une bande de courageux astronautes ricains (aidé à chaque fois d’un russe sympa, d’un noir courageux, et même d’une femme pas idiote) vont aller sauver le monde.

Mais les ressemblances s’arrêtent là. Armageddon est un film d’action hardcore, Deep Impact est un film catastrophe mélo. Et c’est dans l’action que Deep Impact coule à pic, et dans le mélo qu’il performe. Les scènes avec la navette, avec Robert Duvall et Jon Favreau, font pâle figure face à la pyrotechnie Bruckheimerienne ; les scènes ont irrémédiablement vieilli, dix ans après, ce qui n’est pas le cas d’Armageddon.

Mais là où Deep Impact est fort, c’est dans sa capacité de prendre cette histoire au sérieux. Que se passerait-il, si un météore arrivait ? Que ferait le Président des Etats-Unis ? Comment le peuple réagirait ? Là où Arnageddon est caricatural (mais intéressant), Deep Impact est formidable de réalisme. Oui, le président est obligé de mentir, oui, les états sélectionnent ceux qui méritent de vivre et ceux qui vont mourir, et oui, il y a de la place pour la lâcheté, mais aussi pour l’héroïsme… Le final donne lieu à des scènes sublimes, et notamment la réconciliation entre l’héroïne (Tea Leoni) et son père, un monument du mélo US.

Même vieilli, le Deep Impact mérite donc la (re)voyure, si vous avez la chance de tomber dessus…




samedi 14 mars 2009


USS Alabama
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Nous partageons avec quelques-uns un culte étrange pour le Film de Sous-Marin. Genre mineur (en nombre de films), le Film de Sous-Marin exerce une fascination certaine, difficilement explicable au néophyte.

De Torpilles sous l’Atlantique, à A la Poursuite d’Octobre Rouge, ce sous-genre du film de guerre existe finalement au travers de quelques figures de style bien senties (affrontement des officiers supérieurs, courage des machinos, claustrophobie pour tout le monde) et surtout de répliques cultes, photocopiées à l’infini. « Immersion périscopique ! » « Torpilles 1 et 4 parées ! » et l’inévitable : « Si on dépasse les 300 m, la coque ne tiendra pas le choc, Capitaine !!* »

Il était normal que le duo de choc des années 80-90, Don Simpson et Jerry Bruckheimer, apporte lui aussi sa contribution au genre, avec Crimson Tide.**

Adoré à l’époque, comme parangon de la GCA, il était temps de vérifier l’usure du bouzin. Mis en cale sèche sur le disque dur de la Freebox, il a subi un examen complet de la coque : étonnamment, le film passe très bien la barre et – osons le dire -, presque mieux qu’en 1995. Plus subtil qu’il n’y paraît, il révèle (maintenant qu’on connaît Armageddon, mais aussi Déjà Vu, ou Le Plus Beau des Combats), une des clefs de voûte de l’œuvre Simpsonio-Bruckheimerienne, car œuvre il y a.

Le film néon
Esthétiquement, USS Alabama possède les caractéristiques d’usine Simpson-Bruckheimer : grosse cylindrée, couleurs pétantes (rouge-bleu-vert), montage cut, gros plans léchés, tout brille ! Même le casting : Gene Hackman-Denzel Washington, of course, mais aussi plein de petits qui vont aller loin : Viggo Mortensen, James Gandolfini, Ryan Philips, Lilo Brancato…)

Tous pour la Marine !
Dans l’excellent livre de Jean-Michel Valantin « Hollywood, le Pentagone et Washington , Les trois acteurs d’une stratégie globale », l’auteur explique les liens tissés par les différents cadors d’Hollywood avec les armées US, pour les aider à réaliser des films, qui parfois, n’ont plus grand-chose à voir avec des films de guerre (Independance Day, par ex.) Après le carton Top Gun, qui amena un afflux de recrutement pour l’Aéronavale, les deux compères Simpson-Bruckheimer ont dû garder les cartes de la visite de la Navy, car ici encore, la marine est glorifiée (et l’Air Force moquée, via une blague au début du film)

Le film russe
Nous avons déjà vu qu’Armageddon est un grand film russe (les pionniers pragmatiques, le courage, le fatalisme…) USS Alabama est paradoxalement, un film très russe, lui aussi… Sa musique est un long requiem digne des chœurs de l’Armée Rouge, et le film, un soutien objectif à la Russie Eternelle… Les méchants russes sont des démagogues qui veulent renverser le gouvernement actuel (pourtant pas un modèle de démocratie, mais, à la fin, le pouvoir en place (la Russie Eternelle) triomphe, écrasant la rébellion, à la satisfaction générale.

Le cœur de l’Amérique
Républicains convaincus, les deux compères n’ont jamais caché leur préférence pour le cœur de l’Amérique (Oklahoma, Texas, Virginie), plutôt que pour la décadente Los Angeles, la cynique New York ou la tyrannique Washington… Surnommer leur sous-marin Alabama n’est donc pas un hasard, c’est à la fois l’état de l’affrontement racial*** c’est aussi l’état qui vit le commencement de la fin de la ségrégation. Comme le dit Gene Hackman, le commandant blanc et un peu facho, à propos de son bateau : « It bears a proud name, doesn’t it, Mr. Cob? It represents fine people. Who live in a fine, outstanding state. In the greatest country in the entire world. » Ça c’est non seulement l’Alabama, mais le coeur du public des films Simpson-Bruckheimer : leur objectif, avaient-ils coutume de dire, est que ça plaise aux gars de l’Oklahoma (comprendre, pas aux tafioles de New York ni aux gauchos de Los Angeles). Objectif atteint.


L’affrontement racial

C’est à la fois le fil rouge du film et un leurre : un capitaine blanc, un second noir, rednecks opposés aux blacks soul , et cette métaphore, sublime, qui sublime le débat : l’anecdote des chevaux lippizans blancs immaculés, « parfaits », mais « qui naissent noirs ». Cachés derrière cette pseudo-confrontation raciale, il y a en fait la vérité de la Nation, qui dépasse la race, les convictions politiques et religieuses. Là où le film possède cette deuxième couche, c’est bien ici : entre l’intello noir et le chef hard-boiled blanc, la différence, au final sera mince : tout deux se battent pour la liberté, et pour « the greatest country in the entire world. » De même pour l’équipage, où chacun tentera de compter ses troupes, mais où la ligne de partage ne sera pas raciale, mais idéologique.

On retrouve exactement le même thème, transposé à l’univers du College Football, dans Le Plus Beau Des Combats. Ici le « méchant » est Denzel Washington, un coach dur à cuire qui remplace – contre l’avis de tous – le coach blanc (Will Patton, vu aussi dans Armageddon), compétent et sympa. Comme dans USS Alabama, la réconciliation est au bout du chemin, contre le racisme et les préjugés des deux camps.

Le thème racial n’est pas innocent chez Simpson-Bruckheimer : ce duo de producteurs, très à droite, (voir plus loin), a fait dès le début une large place aux noirs dans leurs films. Le Flic de Beverly Hills ainsi, fut le premier blockbuster de l’histoire avec un héros noir (Eddie Murphie, en 1983 !) Une intuition marketing, bien sûr, mais plus que ça. Les noirs dans les films Simpson-Bruckheimer, ont toujours une place de choix, ce ne sont jamais des victimes. Denzel dans Le Plus Beau Des Combats est un leader, pas une victime de la ségrégation. Il emmène ses élèves désunis au petit matin se recueillir sur le champ de bataille de Gettysburg, où tant de jeunes américains blancs, désunis comme eux, sont morts pour ou contre l’esclavage (« United we stand, divided we fall », selon le célèbre mot d’Abraham Lincoln). Le Flic de Beverly Hills, Bad Boys I&II proposent des rôles de flic très proactifs, qui ne subissent ni les gangsters, ni les brimades d’autres collègues.

La compassion pour l’extrême droite
A l’opposé, la droite dure est toujours vue avec une certaine compassion dans les films du duo. C’est le très beau personnage de Déjà Vu, incarné par Jim Caviezel, c’est Ed Harris, le colonel « à principes » dans The Rock, ici c’est Gene Hackman, un facho, mais aussi un grand chef, apprécié de ses hommes.

Au final, USS Alabama propose plutôt un combat de principe, entre les légalistes et les pragmatiques. Un peu ridicule en 1995, ce l’est moins aujourd’hui, quand on voit l’usage que l’administration Bush a pu faire du concept de guerre préventive. On a ainsi droit, au plein milieu du film, à une scène d’explication – surréaliste dans un film US – sur Clausewitz. Devant James Gandolfini en beauf médusé, Denzel périme le penseur prussien : « A l’ère nucléaire, le véritable ennemi, c’est la guerre elle-même. »

A bas Washington !
A la fin, le méchant blanc pardonnera à l’intello noir, et vice-versa, car c’est comme d’habitude l’Etat qui a merdé : l’Etat centralisateur, en créant un bug dans la prise de décision nucléaire.

CQFD.

*prophétie qui, bizarrement, ne se réalise jamais…
** USS Alabama cite d’ailleurs, via un bizutage, un des parangons du genre, Torpilles sous l’Atlantique. Denzel Washington en appellera ensuite aux mânes de Star Trek, qui lui aussi s’apparente au Film de Sous-Marin (relisez les trois phrases-type et vous comprendrez)
*** cf. la chanson de Neil Young, et la réplique de Lynyrd Skynyrd, Sweet Home Alabama




samedi 2 août 2008


Hypocrisies
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Pour en finir avec ... ]

L’article sur L’Ile de la Tentation, et une récente conversation entre collègues, m’ont rappelé, s’il le fallait, l’écart entre « ce que je dis » et « ce que je fais ». Et encore, « ce que je dis », c’est plutôt « ce que je voudrais montrer de moi ».

Télé 7 Jours a interrogé récemment les français sur les émissions de télé-réalité ; ils les rejettent en bloc : 73% ne veulent pas d’une saison de plus de L’Ile de la Tentation, 50% refusent de supporter une année de plus les steaks aux chenilles de Koh Lanta, et 69% refusent de découvrir les secrets idiots de Secret Story une fois de plus. Même chez les 15-24 ans, cible de ces émissions, les scores sont sans appel, bien que plus faibles : 61% de cette tranche d’âge ne peut plus supporter Céline Géraud et ses tentateurs une année de plus.

Et pourtant, qu’y aura-t-il l’année prochaine : très certainement L’Ile de la Tentation et Koh Lanta, peut-être pas Secret Story, si l’audience ne se redresse pas. Car l’hypocrisie de tout ça, c’est bien sûr que ces programmes sont en tête de leur tranches horaires, et donc plébiscités par un public qui se compte en millions de personnes.

Lors d’une réunion récente avec des collègues de bureau, j’ai évoqué ma fascination pour L’Ile de la Tentation : cris d’orfraies, évidemment ! Après une désapprobation générale, basée sur l’idiotie du concept, et sa scénarisation, la salle a enchaîné sur les programmes qu’eux regardaient : « Il y a des choses très bien sûr Arte » « J’aime beaucoup la Cinquième, le Dessous des Cartes » « Ushaia, ça c’est une bonne émission » et tutti quanti.

Personne ne semblait regarder le foot ou Joséphine Ange gardien… Mais ai-je fini par dire, « Avec autant de téléspectateurs potentiels comment se fait il que TF1 fasse 30% de part de marché et Arte 4% ? »

Il y a là aussi matière à réflexion pour CineFaster, car c’est bien le même débat qui nous occupe ici. Il y a deux visions du cinéma, qui ne sont absolument pas contradictoires, mais complémentaires. Le cinéma est un art (Kubrick, Welles, …), et c’est aussi un divertissement (Spielberg, Simpson-Bruckheimer, …) Les USA gèrent mieux cette différence, ils l’acceptent mieux. Ils se réjouissent bêtement devant Armageddon, tout simplement parce qu’ils ne cherchent pas à la comparer à Mulholland Drive. Nous, par prétention, nous nous croyons beau parce que nous disons aimer Lynch, Woody Allen et Cassavetes ; mais si ces films font plus d’audience que dans leur pays d’origine, cela reste minoritaire : et nous nous ruons sur les Disney et sur les Spiderman

Il y a quelques années, des amis travaillant dans le milieu m’avaient proposer de réflechir avec eux à des concepts d’émissions. L’idée était de trouver des concepts innovants, mais de qualité, sur les sujets qui nous intéressaient : la Grande Guerre, le Moyen Age, la Justice, etc. Nous avons brainstormé toute la soirée sur les concepts les plus rigolos et haut de gamme qui nous venaient en tête (je me rappelle d’un Cluedo géant pour expliquer le fonctionnent d’une enquête et d’un Retour vers le Futur pour explorer les grandes dates de l’Histoire de France).

Mais nous avons fini la soirée découragés : la plupart de ces concepts existaient déjà sous une forme ou sous une autre ; soit ils n’avaient pas marché, soit nous en ignorions l’existence. Mais surtout, nous aurions adoré travailler dessus.

Mais de là à les regarder !




mardi 4 mars 2008


Cloverfield
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Nous nous demandions récemment à CineFast où était passé la Grosse Connerie Américaine. Quand reverrions-nous Bruce Willis sauver la planète d’un météore tueur ? Et Will Smith ou Jeff Goldblum casser de l’extra-terrestre ? Depuis le 11 septembre, ces films ont disparu, remplacés par des films anxiogènes (La Guerre des Mondes) ou comique mais anxiogène (Transformers).

Puis Cloverfield apparu, nimbé du voile d’un buzz savemment orchestré, marque de fabrique du co-producteur de l’engin, JJ Abrams. Une bande-annonce mystérieuse, filmé en vidéo (?), une affiche montrant New York en flammes, et la Statue de la Liberté décapitée ? Mais rien, non rien de rien, sur le pitch !

En deux mots, CineFast peut vous dire le début : le narrateur filme une soirée d’adieu organisée pour le départ au Japon (Au Japon ? Tiens, tiens !) d’un jeune cadre dynamique. Ca commence plutôt à la Festen, entièrement filmée comme une vidéo amateur. Mais l’intrigue se met tranquillement en place, entre amants d’hier et d’aujourd’hui, copains et inconnues de passage. Et juste quand on commence à s’ennuyer… Cloverfield commence !

Pas besoin d’en dire pas plus, il faut juste aller le voir. Cloverfield est un OVNI dans la production cinématographique actuelle : un film catastrophe sous forme vidéo amateur, mais qui tient la route ! Dès que le procédé devient artificiel (et il l’est, évidemment), on passe à la vitesse supérieure. On peut le comparer à Blair Witch, mais où celui-ci devient absurde par sa non-résolution, le procédé prend ici tout son sens : « Cette vidéo a été retrouvée dans Central Park. Propriété du Gouvernement Américain », nous prévient-on au début.

Depuis le 11 septembre, on voit bien que les américains ne peuvent plus filmer l’effondrement de l’Empire State Building ou l’explosion de la Maison Blanche. Mais ici, c’est comme si JJ avait trouvé la solution. Un film catastrophe, mais où rien n’est plus comme avant (impossible de filmer ça comme en -10 avant Ground Zero. JJ ABrams n’est pas Jerry Bruckheimer, qui d’ailleurs a abandonné ce genre de film). Impossible aussi de ressasser les mêmes mélodies, le même discours patriotique, le même background religieux d’Armageddon.

Non, plus que cela ; Cloverfield EST le nouvel Armageddon ; et en même temps, c’est son antithèse absolue.