mercredi 21 août 2013


A Very Englishman
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Comme les frères Coen, Michael Winterbottom propose toujours un cinéma distrayant. Avec les deux lascars de Minneapolis ou le kid de Blackburn, pas de mauvais film au compteur, juste des films un peu inintéressants, mais rien qui ne mérite pas au moins la moyenne. C’est le cas de ce Very Englishman, plus ironiquement intitulé The Look of Love en anglais : la chanson de Dusty Springfield bien sûr, mais plus littéralement : l’image de l’amour, c’est à dire des filles toutes nues. Car il s’agit du Biopic de Paul Raymond, le Hugh Heffner anglais, patron de strip club dans les fifties, puis de Men’s Only, le Playboy britannique.

Ce ne serait qu’un biopic de plus, une version anglaise de Larry Flint, la bio pénible de Milos Forman sur le même sujet. Mais il y a Winterbottom et son âme soeur, Steve Coogan, le partenaire de tous les délires : Tony Wilson dans 24 Hour Party People, Tristram Shandy dans Tournage dans un Jardin Anglais, jouant son propre rôle dans The Trip. Coogan magnifie chaque plan et pourtant il ne joue pas : il fait l’acteur.

Connaissez-vous la différence entre un comédien et un acteur ? Un comédien peut tout jouer, c’est Pacino, de Niro, Depardieu à la grande époque. Un acteur ne joue que lui-même : Delon, Gabin, ou Steve Coogan. Coogan apporte son charme british, son sens de la vanne légère comme une bulle de champagne, une « gravité joyeuse » que seuls les anglais savent pratiquer. Peu importe qu’il soit peu crédible en sexagénaire : avec lui, on ne s’ennuie pas une seconde.

Bien sûr, A Very Englishman n’a pas l’inventivité graphique de 24 Hour Party People, ni le charme de l’autofiction de Tournage dans un Jardin Anglais ou The Trip. Mais c’est doux comme une gorgée de champagne.

Une autre bouteille, s’il vous plait.

Cuvée du Patron.




lundi 19 août 2013


Hatfields et McCoys
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les gens -Séries TV ]

C’est une histoire peu connue de ce côté-ci du Pecos*, l’affrontement terrible qui opposa deux familles pendant près de quarante ans, le long de la Tug Fork, une rivière qui délimite la frontière entre le Kentucky et la Virginie Occidentale.

Ces Horaces et ces Curiaces US, c’est tout simplement – selon Kevin Costner – l’histoire de l’Amérique elle-même : la lutte entre le bien et le mal, la religion et la laïcité, l’esprit pionnier (qui se meurt) et l’Etat (qui se construit). Deux amis courageux partent défendre le Sud pendant la Guerre de Sécession, mais vont en revenir ennemis à jamais. Anse Hatfield (Kevin Costner) déserte une guerre ingagnable qui n’est plus la sienne, et bâtit un empire dans l’exploitation du bois ; son ami Randall McCoy (Bill Paxton) revient en héros, mais brisé par la guerre et la trahison. De l’assassinat d’un « traître » de la famille McCoy passé Nordiste, à un vol de cochon, va naître la plus grande vendetta des Etats-Unis.

C’est ce que propose de raconter le biopic fleuve Hatfields & McCoys, une mini-série de 5 heures qui a cartonné sur la chaîne History** et co-produite par le revenant Kevin Costner. L’ex wonderboy des années 85-95 s’est trouvé une forme de reconversion dans une exploration revisitée du western. Avec Open Range, puis aujourd’hui via Hatfields et McCoys.

La bonne nouvelle, c’est qu’il s’est réconcilié avec Kevin Reynolds, son meilleur ami devenu meilleur ennemi sur le naufrage Waterworld. Kevin Reynolds, ce n’est rien de moins que le plus grand gâchis de l’histoire récente d’Hollywood. Deux premiers films peu connus mais géniaux (Fandango, La Bête de Guerre), un carton Hollywoodien (Robin des Bois : Prince des voleurs), une des plus belles séquences de Danse Avec Les Loups (les bisons), et puis plus rien. Idem pour Kevin Costner, le plus grand acteur de sa génération, héros des plus gros succès de la décennie 1985-1995***. Deux hommes détruits par un seul film, Waterworld, un bide abyssal que méritait le film mais sûrement pas les deux intéressés.

Les revoilà donc aux affaires, plutôt en forme dans leurs métiers respectifs (acteur et réalisateur). Mais si Hatfields et McCoys passionne pour l’Histoire avec un grand H, la série est ratée côté dramaturgie : l’histoire des deux familles est tellement connue aux USA que Costner et Reynolds ne font qu’en illustrer les images d’Epinal : l’amitié virile, au temps de la Guerre de Sécession, le retour difficile, après la guerre, le meurtre de Harmon MacCoy, la vengeance de la mort de Harmon, la vengeance de la vengeance de la mort de Harmon, etc. Auquel s’ajoute cette fâcheuse mode americana du moment. Les acteurs passent ainsi leur temps à cracher leur chique et à imiter un accent redneck du plus bel effet (Ain’t gonna be my time, sir ! For sure !) L’équivalent de nos reconstitutions médiévales ampoulées de la télé française… La même obsession misérabiliste de montrer « qu’à l’époque c’était comme ça. »

On préférerait que Hatfields et McCoys s’attarde sur les personnages, construise des enjeux, un destin, mais on sait que le biopic castre rapidement ces commandement scénaristiques.

Hatfields et McCoys reste néanmoins hautement regardable, notamment pour la toile de fond qu’elle propose ; rien de moins que la fin de l’ère « sauvage » des Etats-Unis, la fin de la conquête de l’Ouest et de la Destinée Manifeste. Derrière ces gars lourds, taillés à la serpe, défendant leur propriété à coup de Winchester, c’est un nouveau monde qui apparaît : la loi, l’état, la justice fédérale… Un pays en train de se construire.

* Quoique Lucky Luke s’en soit emparé avec les O’Hara et les O’Timmins, dans Les Rivaux de Painful Gulch
** En ce moment sur Canal+, bientôt en DVD/VOD ?
*** Allez, on ne résiste pas : Fandango Silverado, Les Incorruptibles, Sens Unique, Danse avec les Loups, Robin des Bois, Prince des Voleurs, JFK, Bodyguard, Un Monde Parfait…




dimanche 18 août 2013


Elysium
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Quand on veut montrer le côté obscur d’Hollywood, le mal que l’Industrie du Rêve peut faire au cinéma, on peut prendre Elysium comme exemple.

Voici Neill Blomkamp, petit génie apparu in media res avec le coup d’éclat District 9 : une GCA intelligente – enfin -, pleine d’humour et de drame, d’action et d’effets spéciaux, proposant une Afrique du sud dystopique mais qui résonne curieusement comme l’Afrique du sud d’aujourd’hui, le tout emballé dans un package visuel éblouissant.

Hollywood s’est évidemment emparé du cas Blomkamp, et lui a demandé de refaire la même chose, american style. Et évidemment, le wonderboy sud africain y perd toutes ses aspérités, c’est à dire ce qui faisait son style. L’humour un peu glacial (malgré le même acteur, Sharlto Copley), la critique implicite de notre mode de vie actuel (le message ici est tellement gnangnan qu’on finit par être du côté des riches*), l’action un peu gore et dégueulasse.

Dans Elysium, il ne reste que le superficiel, le look global du film, et les items de la marque Blomkamp : favela ocres, véhicules antigravité, combats de robots… L’histoire est connue dans tous ses recoins dès les premières scènes, on sait de quoi sera fait la prochaine seconde, la prochaine minute, la prochaine heure.

Et comme la plupart des films américains, Elysium prend une demi-heure à bâtir un univers qui se tient pour le détruire consciencieusement pendant l’heure et demie qui suit. Un exemple : la Californie de demain est ultra policée et judiciarisée (on ne se moque pas d’un robot sans prendre de gros risques) mais Matt Damon peut courir partout pendant la deuxième partie du film sans être inquiété. Deuxième exemple : depuis l’enfance notre Matt est amoureux de Frey, il lui a promis de l’emmener un jour sur Elysium. Mais quand il en a la possibilité, il refuse de le faire. Inexplicable, sauf pour créer l’enjeu dramatique obligatoire issu du manuel de scenario.

Souvent, les réalisateurs perdus à Hollywood se sont fait piéger par la barrière de la langue, comme les Haneke français sont inférieurs aux Haneke autrichiens.

Ici, Blomkamp n’arrive pas à diriger Jodie Foster, une des plus grandes actrices de sa génération : c’est qu’il ne parle pas la langue. La langue d’Hollywood.


* Nous aussi, on veut bien vivre dans ces gigantesques villas blanches avec piscine, qui curieusement, rappellent Bel Air




mardi 13 août 2013


Hitchcock/Truffaut en podcast
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Comme chacun sait, la lecture d’Hitchcock/Truffaut est un indispensable du CineFast : comment comprendre les problématiques d’enjeux, de McGuffin, d’ironie dramatique, si l’on n’a pas lu la Bible ?

France Inter, dans sa grande sagesse, a pensé à ceux qui ne savent pas lire. Il propose, sous forme de podcast, ces mêmes entretiens en vingt épisodes. Avec la voix de Hitch. Oui.

C’est là, et c’est gratuit.




lundi 12 août 2013


Karen Black
posté par Professor Ludovico dans [ Les films -Les gens ]

Il était une fois Karen Black, une magnifique jeune femme qui jouait remarquablement les gourdes bien gaulées, dans le chef d’œuvre de Bob Rafelson, Cinq Pièces Faciles, dans le Nashville de Robert Altman, ou dans Easy Rider.

En dehors de ces trois films célèbres, elle a aligné les séries B à Z, et les rôles à la télé. Elle vient de mourir à 74 ans, horriblement botoxée.

That’s Hollywood, guys.




vendredi 9 août 2013


Astropia
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Astropia est une recommandation de longue date de l’ami Ostarc, qui m’avait également fourni le matériel nécessaire : un magnifique fichier .avi contenant ce film islandais et son doublage approximatif en français. Malgré son insistance, et un sujet auquel on ne résiste pas (le jeu de rôle) je n’avais jamais eu le temps de regarder le film en question. C’est chose faite depuis hier.

Au début, on se demande si Ostarc avant de s’attaquer à sa propre version de l’Enlèvement des Sabines (huile sur toile, 800×1200), n’a pas fini quelques bouteilles d’aquavit. Mal filmé, mal joué, à l’évidence produit avec 3 francs islandais et six sous finlandais, Astropia semble loin des exigences fellinieno-hitchcockiennes du Maître de Puteaux.

Sans parler du pitch : Hildur, sorte de cagole islandaise, blonde décolorée, une raggare diraient leurs voisins suédois, vit avec Jolli, un concessionnaire du même tonneau : blond et con. C’est aussi un escroc. Le voilà donc sous les verrous et la blondasse sommée de se trouver un emploi. Ce qu’elle finit par trouver, dans une boutique (l’Astropia du titre) spécialisée dans la geek attitude : comics, collectors Star Wars, et… Jeux de Rôle.

Sur ce schéma très américain (la rédemption par le travail, la découverte de soi-même via la découverte de l’autre), Gunnar B. Gudmundsson brode un joli conte drôle, voire TRÈS drôle pour qui connaît la chose rôliste. Car soit Gunnar est un rôliste, soit il mérite de l’être, soit il s’est très bien documenté. En tout cas, il propose un regard à la fois tendre et cruel sur ces monomaniaques des mérites comparés du Système du Conteur ou de la licence OGL.

Côté cinéma, l’aspect non professionnel du film lui donne bizarrement encore plus de cachet. Mais peut-être n’étais-je pas absolument impartial…




jeudi 8 août 2013


Iwo Jima
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Des conneries patriotiques, le Professore en a vu. Des tas, même. Mais comme Iwo Jima, jamais. À côté, L’Ouragan Vient de Navaronne, c’est du Jean-Luc Godard. Et Un Pont Trop Loin, c’est Téchiné.

Car Iwo Jima enchaîne les moments de bravoure, dans le mauvais sens du terme, chaque scène surpassant en ridicule la scène précédente, au bord de sa propre parodie. On est dans Y’a-t-il un Pilote dans l’Avion ?, dont le héros, d’ailleurs, s’appelle Stryker. Et Stryker, ici, c’est John Wayne, le héros du film, sergent évidemment acariâtre, alcoolo, mais dans le fond, un bon gars.

Le pitch : des copains s’engagent dans les Marines, et tombent dans la section du sergent Stryker. Les voilà propulsés à l’entraînement, où l’on découvre l’habituel aréopage du film de guerre : le petit juif rigolo, les jumeaux bagarreurs du Midwest et l’antimilitariste qui s’est engagé dans l’armée parce que son père, colonel, l’a forcé. On découvrira au passage que Stryker est au bord du divorce, qu’il n’a pas vu son fils depuis longtemps et c’est pour ça – évidemment – qu’il est alcoolo.

Puis (enfin !), on attaque Tarawa, et Iwo Jima, ce qui permet à Allan Dwan de caser 1) les vraies images de l’assaut, ça coûte moins cher en figurants et 2) les soldats du fameux drapeau (Rene Gagnon, Ira Hayes, John Bradley) dans leur propre rôle. On restera pourtant très loin de Mémoires de nos Pères*.

Et là, bing, John Wayne se fait tuer. On lit la lettre de Stryker à son fils, et les autres gars pleurent. Même l’antimilitariste. Qui du coup, repique au truc : « La guerre n’est pas finie pour nous, les gars ! »…

Merde. Je vous ai raconté la fin.

*Le film date de 1949, c’est sa seule excuse. Et il fallait un film de propagande pour les Marines, qui menaçaient d’être dissous…




samedi 3 août 2013


The Rocker
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

The Rocker, comme beaucoup de films américains, a tout pour plaire sur le papier, mais sombre vite dans la facilité, le grandpublicisme qui caractérise malheureusement la production US.

Le pitch est pourtant alléchant : en 1986, un groupe de heavy metal signe l’habituel pacte avec le démon : Vesuvius vend son âme contre son batteur, Fish (l’incroyable Rainn Wilson, échappé de The Office). Vingt ans plus tard, Vesuvius s’est couvert de gloire alors que Fish végète de petits boulots en petits boulots, ruminant encore sa vengeance… un pitch qui ne peut que titiller l’amateur de rock, de Brian Jones à Dave Mustaine, de Vince Clarke à Pete Best, ces grands perdants du rock sont une matière inépuisable à de formidables histoires.

C’est tout le sujet de l’intro de The Rocker, plutôt décapante, tout en ironie vintage sur cette vague British Heavy Metal des années 80. La suite semble prometteuse : Fish est appproché par son neveu, qui a soudain besoin d’un batteur, dans son groupe de lycée. Va-t-il replonger ? That is the question.

Malheureusement, la suite va s’avérer calquée comme d’habitude, directement du schéma directeur de la comédie américaine. Acceptation, puis renoncement, il est temps de grandir, it’s time to move on, etc., etc. Chacun à la fin, aura trouvé sa chacune, et Fish se sera vengé de Vesuvius. Tous ces passages obligés de la comédie familiale américaine, heureusement dynamités, encore une fois, par un acteur exceptionnel, Rainn Wilson.




vendredi 2 août 2013


Game Change
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Séries TV ]

Sur les conseils de La Lengua, je profite de l’été pour me pencher sur Game Change, le téléfilm HBO basé sur la campagne 2008 de John McCain/Sarah Palin. Et je réalise l’indicible : regarder un film sur un netbook ! Oui, sur un écran minuscule de 12″ avec un casque sur les oreilles. Avouons que dans le confort d’une terrasse provençale, une fois les cigales parties se coucher, ça le fait.

On peut donc se pencher tranquillement sur l’extraordinaire performance de Julianne Moore interprétant Miss Palin. Extraordinaire, oui, pesons nos mots. Car la bombe rousse de Magnolia, The Big Lebowski, Boogie Nights, Short Cuts réussit à disparaître littéralement sous le charme MILF, Alaska et chasse à l’élan, de Madame Palin. L’actrice réussit quelque chose d’extraordinaire au cinéma : jouer la bêtise, sans jamais la surjouer.

Car c’est bien de cela dont il s’agit : comment, par opportunisme politique, Steve Schmidt (Woody Harrelson) – stratège politique – pousse John McCain (Ed Harris) à se choisir comme co-listière (et potentielle vice-présidente des Etats-Unis) une parfaite inconnue, séduisante tout autant physiquement que politiquement, mais parfaitement incompétente à un tel poste, la Sénateur de l’Alaska Sarah Palin.

Évidemment, ils vont enfanter un monstre, car, comme le dit McCain, « il y a une face sombre au populisme américain » et Palin va l’incarner : si la sénatrice semble d’abord respecter la feuille de route (incarner la droite du parti, tout en soutenant le réformisme de McCain), elle va vite sortir du cadre imposé (anti-Obama, anti-avortement, créationniste…)
Si Moore brille tant, c’est qu’elle sait aussi donner une perspective à ce personnage, qui ne peut être aussi noir : mère de famille, femme amoureuse, mais aussi femme blessée par les attaques, notamment la fameuse imitation de Tina Fey.

Et une fois de plus, la loi du biopic fonctionne. C’est en décentrant le héros (le conseiller, pas Palin) que nous nous intéressons à cette histoire. C’est bien le conseiller que nous suivons, son enthousiasme, puis ses doutes et enfin ses regrets. Palin n’est qu’une toile de fond de sa propre biographie, ce qui permet au spectateur toutes les spéculations… Et deuxième recette mise en œuvre par HBO : avoir un propos, une opinion, un point de vue. Produit par Tom Hanks, le film est évidemment à charge, ce qui ne le rend pas moins intéressant.

Bien au contraire.




mardi 30 juillet 2013


Où sont les stars ?
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip -Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les gens ]

Vanity Fair fait partie des lectures obligées du CineFaster. Sans prétendre y être abonné, le Professore y a fait ses plus belles découvertes, notamment les extraits d’High Concept (le fameux Box office de Charles Fleming). Bien écrits, avec du contenu, les articles de Vanity Fair tranchent avec l’habituelle soupe des autres magazines. Il ne faut pas rater l’annuel « Hollywood issue » qui donne la tendance pour l’année, qui est in, qui est out.

Voilà en tout cas le premier numéro de la toute nouvelle édition française, avec déjà un dossier sur les blockbusters de l’été… Et sur leur nouveau modèle économique : pas de star, surtout pas de star…

Comme l’explique Simon Kinberg (chef scénariste des futurs Star Wars), l’Hollywood des années 2010 est désormais basé sur les franchises (X-Men, Spiderman, Star Wars). En gros, 5 films par an qui rapportent 20% des 10 milliards de dollars réalisé par les 600 films produits par Hollywood dans l’année. « Coller des stars dans le cast de ces franchises reviendrait à faire affronter des marques concurrentes, i.e. « Brad Pitt » vs « Batman«  ». C’est pour cela qu’on n’y trouve plus aucune star, mais des jeunes pousses venues de la télé, qui coûtent beaucoup moins cher et ne vampirisent pas le produit.

Ce nouveau paradigme est né, paradoxalement de l’immense succès de Minority Report : une fois payé Spielberg, Cruise, et les droits des produits dérivés, la Fox réalisa qu’elle n’avait fait aucun bénéfice ; une conclusion s’imposa à tous : plus jamais ça ! On prendra désormais des acteurs jeunes, pas chers, et sans pourcentage sur les recettes. La fin du système inauguré par le Batman de Burton, qui rendit Jack Nicholson si immensément riche. D’où les casts pour le moins suprenants des plus grosses machines de l’été : Zachary Quinto (Star Trek), Andrew Garfield (Spiderman 2), Henry Cavill (Man of Steel), Idris Elba (Pacific Rim). Qui serait capable de les citer de tête ? D’évoquer une quelconque filmographie ?

Mais surtout, où sont passés les stars ? Dans des films (un peu) plus ambitieux qu’ils coproduisent le plus souvent. World War Z (Brad Pitt), Oblivion (Cruise), Elysium (Matt Damon), After Earth (Will Smith). Vanity Fair, malicieux, note que c’est à chaque fois, le même scénario : un homme seul, un soldat, combat pour la survie de l’humanité sur une terre post apocalyptique. Un thème universel, sans références américaines, sans ennemi identifié (russkof, arabe, chinois), sans humour connoté, et sans sexe : le meilleur moyen de partir à l’assaut d’un marché de plus en plus globalisé…