dimanche 25 mars 2018
Moi, Tonya
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
L’image d’Épinal, c’est l’état final du biopic. Comme les tablettes de chocolat Meunier, et ses cartes à collectionner (Saint Louis rendant la justice sous son chêne, Roland à Roncevaux, Napoléon et le Soleil d’Austerlitz…), le biopic procède de même : narrer, via des clichés, l’Histoire. Illustration avec Moi Tonya, une histoire passionnément émotionnelle transformée en image d’Epinal par la malédiction du biopic.
L’histoire est belle, pourtant : le vilain petit canard white trash du patinage artistique (Tonya Harding) ne peut lutter contre la jolie princesse des cœurs Nancy Kerrigan, malgré le travail, malgré le talent. Tonya est musclée et vulgaire, elle ne sait pas s’habiller, sa mère fume sur la patinoire. Pendant ce temps, Nancy et les autres font des ronds de jambes bien galbées au jury. Devant tant d’injustice, son entourage (mari, ami du mari, connaissances de l’ami du mari, soit une belle bande de bras cassés) décide de lui casser non pas les bras, mais lesdites jambes galbées d’un bon coup de marteau.
Tonya est-elle coupable ? Le savait-elle ? L’a-t-elle commandité ? En tant que spectateur, en fait, on s’en fout*. On voudrait plutôt savoir ce que c’est d’être le vilain petit canard. Parce que de toute éternité, les histoires (conte, chanson de geste, théâtre, opéra, cinéma) servent à ça : nous faire ressentir ce que les autres humains ressentent. Compatir ou s’indigner.
Mais un biopic ce n’est pas ça, c’est juste une collection des grands moments de la vie de Sainte Tonya (Tonya enfant et sa méchante maman, Tonya ado rebelle, Tonya à Albertville, Tonya et son couple dysfonctionnel…) Malgré l’agrégation d’immenses talents devant la caméra (Margot Robbie, Allison Janney) et derrière (c’est si bien filmé que ça donnerait envie de s’intéresser au patinage artistique), aucune émotion n’en sort.
Pendant deux heures, on ne ressent aucune empathie pour ce personnage, pourtant éminemment sympathique (cf. images d’Epinal ci-dessus). Pourquoi alors, à la fin, l’émotion vient ? Parce que la caméra se pose, sort de sa pseudo bonne idée de reconstituer image par image les interviews vidéo d’époque** et laisse enfin aux acteurs un peu de temps pour montrer leur désarroi : Tonya ne pourra plus jamais patiner ; elle qui détestait ça se retrouve soudain sans raison de vivre.
Et là, l’émotion est prenante ; mais c’est trop tard.
* On peut se passionner par ailleurs pour l’affaire, ce qui était le cas du Professore en 1994.
**avec preuves à l’appui post générique
samedi 17 février 2018
La roue tourne (Wonder Wheel)
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip -
Le Professor a toujours quelque chose à dire... -
Les gens -
Pour en finir avec ... ]
Depuis cinquante ans, la critique française est emplie d’admiration pour Woody Allen. Chaque année, on salue le dernier chef-d’œuvre du maître.
Certes, depuis quelques années, avec le renouvellement de la critique, on s’est progressivement mis à questionner la Grande Œuvre. Et on découvre que tous les Woody Allen n’étaient pas bons. Normal que le réalisateur de 54 films n’ait pas fait des grands films… Dans le même temps, des faits dans la vie privée ont commencé à écorner la statue, notamment quant fut révélé sa relation avec Soon-Yi, la fille de Mia Farrow.
Mais voilà l’affaire Weinstein et forcément, le retour des vieilles polémiques. Le gratin de Hollywood, jamais à l’abri d’une hypocrisie*, le lâchent tout aussi brutalement qu’ils se ruaient auparavant pour être dans « le dernier chef d’œuvre de Woody Allen », en renonçant à leur cachet. Babylone vit depuis toujours de ce mouvement de va-et-vient, le scandale et la pudibonderie, l’un relançant l’autre sur la balançoire du business.
Libération, pas le dernier à avoir encensé le new-yorkais, se lâche dans sa chronique de Wonder Wheel*. Mais c’est une phrase en particulier qui a attiré l’attention du CineFaster « son cinéma semble se resynchroniser à sa manière étrange avec le présent ». Etrange. CineFast a toujours considéré que c’était l’âme du réalisateur (Woody Allen ou Michael Bay) qui s’imprimait sur la pellicule. Mais c’est comme si, tout à coup, la critique qui a supporté le cinéaste new-yorkais avait décidé d’oublier son âme (et donc son œuvre) pour le lâcher en rase campagne. Soudainement, Woody Allen est devenu infréquentable.
Pourtant les rumeurs sur lui sont connues depuis longtemps. Et il suffit de voir ses films pour comprendre que c’est un obsédé sexuel, comme bien d’autres.
Mais voilà, les gens sont ce qu’ils sont, « ingrats, changeants, simulateurs et dissimulateurs, fuyards devant les périls et avides de gains. Tant que tu fais leur bien, ils sont tout à toi, ils t’offrent leur sang, leur vie, leurs enfants […,] mais dès que le besoin s’approche, ils se détournent… »
Citation de Machiavel, critique cinéma des Médicis.
* Notamment notre chouchoute décevante Greta Gerwig, affirmant : « Si j’avais su ce que je sais maintenant, je n’aurais pas joué dans le film. Je n’ai plus travaillé pour lui depuis et je ne travaillerai plus pour lui ». Ma chérie, il faut lire autre chose que Variety…
** « Il y a longtemps que le cinéma de Woody Allen assume son propre déphasage : excepté lors d’escapades en des destinations européennes de carte postale (Match Point, Vicky Cristina Barcelona ou Midnight in Paris), plus propices à la revitalisation de ses obsessions, le cinéaste n’a guère dévié, au fil des décennies, de son système ronronnant. Et peu importe que rien n’y varie ou ne s’y actualise depuis une éternité des situations qu’il dépeint, des personnages qu’il y fait s’agiter ou de la vivacité oratoire qu’il leur prête, perlée de gags mécaniques et de références aux livres de chevet de l’intello new-yorkais des Trente Glorieuses, puisque cette petite musique jouée avec l’expressivité d’un piano mécanique continue de bercer un public fervent, quand bien même plus grand-chose n’y ferait signe au monde qui la réceptionne. Etrangement, c’est alors même que le faisceau d’ambiguïtés et de controverses dont il fait l’objet depuis plus de vingt-cinq ans le rattrape que son cinéma semble se resynchroniser à sa manière étrange avec le présent. »
samedi 17 février 2018
Eve
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
All about Eve fait partie des chefs d’œuvre de Mankiewicz, non sans raison. La fin, avec ses dénouements imbriqués (le film n’est qu’un immense flash-back de deux heures), le scénario machiavélique qui y mène, le tout est une merveille d’horlogerie cinématographique.
Oui, à la fin, on saura tout d’Eve, qui est-elle, d’où vient-t-elle quelle réelles motivations la poussent… Mais surtout, All About Eve aura offert une étude glaciale des caractères humains, de la comédie qui s’y déroule, sur scène et hors scène, puisqu’on est au théâtre et que, bien sûr, there is no business like showbusiness…
Et on se dit que cette Eve doit avoir inspiré bien des cinéastes. Tiens, au hasard, Asghar Farhadi. On a beau être dans les années 50 à New York, les similitudes sont nombreuses. Les personnages d’Elly ou ceux d’Eve sont enfermés dans les carcans de leur système de valeurs, coincés dans leurs petites magouilles, obsédés par les mêmes choses, et tout aussi incapables de s’en sortir, malgré le désastre qui point.
Eve Harrigton (Anne Baxter) va recevoir un prix pour son interprétation théâtrale. On sait donc déjà comment cette histoire se termine, mais qui est cette Ève ? D’où vient-elle ? Le flashback commence, dans une ruelle de Broadway, près de la sortie des artistes : la gamine, passionnée de théâtre, qui vient tous les jours voir la même pièce jouée par la grande dame du théâtre Margo Channing (Bette Davis, qui semble se jouer elle-même) va-t-elle pouvoir enfin rencontrer son idole ?
On est déjà, finalement, dans l’affaire Weinstein, pour la bonne raison qu’on y a toujours été : comment accède-t-on aux marches du pouvoir ? Comment grimpe-t-on en haut de l’affiche ? Comment y reste-t-on ? Le prix sexuel à payer, pour les femmes comme pour les hommes, est toujours le même. Bette Davis en cougar de quarante ans cherchant désespérément à garder son homme de trente ans, est incroyable dans cette partition-là. Mais tous les autres personnages le sont aussi ; ceux qui cherchent une compagne, ou veulent garder leur mari, ou leur situation, ou les deux…
Le propos de Mankiewicz est implacable, et il n’est pas atténué par le monde corseté de l’après-guerre. Malgré la bienséance très british de ce petit monde du théâtre, chacun usera de toutes les armes possibles ; acteurs, scénaristes, critiques, hommes et femmes, jeunes et vieux, personnes n’échappera au microscope Mankiewiczien
Chacun sombrera, même la plus gentille des femmes. Et tel Ouroboros, le serpent qui se mord la queue, l’histoire se préparera immédiatement à recommencer…
dimanche 11 février 2018
L’insulte
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
L’intention est louable, mais les bonnes intentions ne font pas forcément les bons films. Ici, on veut démontrer – sous la forme d’une fable – qu’une petite insulte peut dégénérer en guerre civile, ou même, que la guerre civile qui ravagea le Liban explique le caractère irréconciliable de la situation des palestiniens, des juifs et des arabes dans ce pays. Il y a là toute la matière pour une tragédie ou une comédie.
Mais si L’insulte atteint bien ses objectifs-là, ce n’est pas un film. C’est un devoir pédagogique, qui fait irrémédiablement penser… à un film français*. Pas assez de personnages, trop de dialogue, pas assez de cinéma. C’est ultra pédagogique, mais peu subtil. Le film oscille parfois vers la comédie, avec des situations absurdes et irréalistes (le président libanais essayant de résoudre lui-même le conflit de voisinage) mais revient vers le tragique (les révélations sur le passé des protagonistes). Le réalisateur ne semble pas savoir vraiment le film qu’il veut faire ou le fait mal (l’accident du livreur, qui arrive trop rapidement).
Et comme les films français, on essaie de générer artificiellement de l’émotion via un personnage neutre : par exemple, l’entrepreneur arabe, la femme du garagiste ou la femme juge, qui vous disent régulièrement ce qu’il faut penser.
Dommage. Car le propos, lui, n’est pas commun…
*L’insulte est un film franco-libanais
dimanche 4 février 2018
El Bar
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
Le pitch d’El Bar est simple et rigolo : des gens que tout oppose se retrouvent enfermés dans un bar populaire de Madrid. Le hipster barbu et branché, et la pépète sexy qui va à un rancard, la vieille joueuse de loto, etc. Enfermés pourquoi ? On ne le dira pas, parce que le film tutoye plusieurs genres à la fois.
Mais à partir de cette situation de départ minuscule, Iglesia lance son train fantôme à toute berzingue. Rebondissements à la chaîne et répliques cultes s’entrechoquent. Mais deux choses viennent amoindrir ce beau programme : un manque de confiance dans le cinéma. Tout est dit, répété ; il y a beaucoup trop de dialogues. Iglesia est très habile de sa caméra*, et pourtant beaucoup plus pourrait être dit cinématographiquement. En fait l’ennui point, car on perd vite intérêt pour ce babillage, même brillamment écrit, même brillamment filmé.
Deuxièmement, si El Bar démarre très fort (par un très beau plan séquence d’exposition), une fois les personnages rassemblés, l’explication est vite connue. Or on est habitués, dans ce genre de films, à plusieurs rebondissements, à plusieurs twists. Donc on guette jusqu’à la fin une autre explication qui ne viendra pas.
Ce n’est pas très grave car El Bar est un joyeux divertissement, et c’est déjà pas mal…
* On comprend alors ce qui a plu au seigneur Ostarc, toujours avide d’images bien léchées et de film bien foutu, et qui nous avait fortement incité à voir El Bar. A moins que ce ne soit la passion de Bianca Suarez pour l’huile d’olive ?
samedi 3 février 2018
Auschwitz Project
posté par Professor Ludovico dans [ Documentaire ]
Comment démontrer qu’aucune image – même dans le documentaire – n’est objective ? Que le choix des angles de caméra, la profondeur de champ, la focale, tout cela est plus qu’un métier, mais bien un art, tout ce que justement nous défendons ici ?
Auschwitz Project, le documentaire d’Emil Weiss qui passe en ce moment sur Arte, le démontre.
S’attaquant à ce sujet ultra rebattu, Weiss veut le traiter journalistiquement sur un autre angle, et propose donc autre chose à voir. Filmé entièrement par drone, à haute altitude au-dessus des rocades de la ville d’O?wi?cim, ou au raz du sol, dans les couloirs barbelés d’Auschwitz I, sa mise en scène tient parfaitement le propos.
Ce n’est pas un documentaire de plus sur l’Holocauste, mais comme son nom l’indique sur le « projet » Auschwitz. Un projet à la fois militaire, industriel et idéologique. Car Auschwitz n’est pas seulement la camp d’extermination de million de personnes, c’était aussi une caserne militaire, des fermes, des étangs piscicole, des laboratoires scientifiques, et un vaste complexe pétrochimique IG Farben (où travaillai Primo Levi). Ce point de vue, qu’on appelle God’s eye en cadrage est parfait pour comprendre à la fois l’ampleur géographique et l’ambition totalitaire du projet nazi.
Cette vue d’en haut, planante et silencieuse comme la mort, est tout aussi éducative que terrifiante.
Auschwitz Project, d’Emil Weiss
Sur Arte en replay
mardi 30 janvier 2018
La Femme au Tableau
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
La Femme au Tableau est un film sur un sujet compliqué : la restitution des objets dérobés par les nazis pendant la guerre. Compliqué parce que malgré ce qu’on dit en général, et malgré l’horreur de la seconde guerre mondiale, la phrase suivante est difficile à formuler : il est bizarre de vouloir rendre ce qui été volé.
Pourquoi ? Parce que l’histoire de l’humanité est entièrement faite de cela. Il suffit d’aller au Louvre pour comprendre qu’il y aurait beaucoup de choses restituer, et à beaucoup de gens. On pourrait commencer par l’obélisque de la Concorde. Et ce serait sans fin : restituer aux espagnols des objets volés par Napoléon, fabriqués dans l’or volé aux Aztèques ayant eux-mêmes pillé les toltèques ?
Les Américains, qui se préparent très certainement à rendre toutes les terres qu’ils ont dérobées aux indiens, n’hésitent pas à faire la morale au monde entier sur ce sujet. Et Hollywood est en première ligne, notamment via cette Femme au Tableau.
La femme, c’est Adele Bloch-Bauer, peinte par Klimt dans le célèbre tableau La Dame en Or. L’héroïne, c’est Maria Altmann (Helen Mirren), sa nièce. Réfugiée aux Etats-Unis, elle va se battre dans les années 2000 pour récupérer auprès du gouvernement autrichien les peintures possédées par sa famille.
Dans le film, on lui conseille un lointain cousin, avocat falot parfaitement interprété par Ryan Reynolds. Qui refuse au début, puis, évidemment, finit par y aller. Le film entremêle le combat juridique d’aujourd’hui avec la reconstitution de l’époque, des premières persécutions des juifs, à l’exil final. A l’évidence, c’est la partie la plus mal faite du film, qui cherche à provoquer les larmes sans s’en donner vraiment les moyens.
Quand on rentre par la suite dans le film de procès, le couple improbable de la vieille dame et de son cousin se met à gagner des batailles, la dramaturgie décolle, et l’on est emportés par les deux excellents comédiens, dans un film pourtant très faible.
samedi 27 janvier 2018
L’Ultime Razzia
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
L’Ultime Razzia est en salle, c’est un Kubrick, ça ne se refuse pas.
Un des personnages dit dans le film, de façon prémonitoire « On attend la même chose des gangsters et des artistes : qu’ils se plantent ».
Je n’avais pas été impressionné à mon premier visionnage de L’Ultime Razzia ; et je ne le suis toujours pas. Certes, les innovations Kubrickiennes se mettent en place, tout comme quelques thématiques (le masque, les femmes fatales, le couple dysfonctionnel) mais dans l’ensemble, L’Ultime Razzia est un polar traditionnel. Et Kubrick n’a pas encore très confiance dans son art. Une voix off vient raconter ce qui s’est passé avant, mais pourquoi ne pas le montrer ?
L’histoire est assez originale, un casse sur hippodrome, mais un peu alambiqué : tuer un cheval pour créer une bagarre qui distraira l’attention des flics et permettra de s’emparer de l’argent…
Depuis néanmoins certaines scènes ont fait école : les billets qui s’envolent à la fin ressemblent à la fin de Panic Room, le fatum général peut se retrouver dans Heat, etc. Mais il y a d’autres Kubrick plus urgents à voir et à revoir…
mardi 23 janvier 2018
Top of the Lake
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]
On était passé, à vrai dire, à côté du phénomène Top of the Lake, malgré les nombreuses recommandations des copains et copines qui ont généralement bon goût. Et puis là, ça passe sur Arte saison deux, et donc on regarde la saison une.
Petite escapade dans les aventures numériques, la série est disponible Arte +7, mais uniquement en VF. Après quelques radineries auvergnates, nous finissons par opter pour Arte VOD, avec un format à 1,99 € l’épisode en VO. Pour découvrir que l’intégrale est disponible pour 8.99€. L’essentiel n’est pas là, mais pour ce prix on a une horrible numérisation, pâle et baveuse, très loin des standards HD. Il y a encore du boulot avant d’être Netflix, les gars…
Mais passé ces petits problèmes techniques, Top of the Lake est une merveille. Et prouve au passage que la distance est faible entre le pâté et le foie gras. Dans les deux cas, c’est de la cuisine ; dans les deux cas il y a du foie, mais ce qu’en fait le cuisinier (le showrunner) change tout. L’histoire, basique, est pour tout dire totalement rebattue. Une petite fille a disparu, des bikers trafiquent de la drogue, une secte s’est installée près du lac, le tout dépaysé non pas dans un pays nordique mais dans son équivalent austral, la Nouvelle-Zélande.
Il y en a des centaines comme ça, des polars soi-disant exotiques, norvégiens ou suédois, qui ne font finalement que ressasser les mêmes thèmes (pédophilie, passé trouble, petite ville aux secrets inavouables) et appliquer les mêmes recettes. Jane Campion, c’est autre chose, elle tord tous les codes du polar. Et en fait en quelque sorte un objet réaliste. Par exemple, la fliquette (formidable – une fois de plus – Elisabeth Moss), s’oppose au chef biker (Peter Mullan) lors d’une perquisition. Elle veut absolument visiter les sous-sols, qui intriguent tout autant le personnage que spectateur depuis le début de la série. Mais le biker lui résiste, sans justification. Dans n’importe quelle série, la fliquette sortirait son arme, son mandat, son supérieur, et obtiendrait satisfaction. Ici, le rapport de force n’est pas en sa faveur. Elle s’incline.
Ce genre de réalisme est tout à fait exotique. En jouant avec les codes, Campion fait travailler le spectateur, habitué aux clichés du genre ; son cerveau se met à partir dans toutes les directions, pour son plus grand plaisir.
Et si la solution n’est pas des plus originales, elle est pourtant parfaitement aboutie. Bien filmé, formidablement joué par ses acteurs, mais sans affectation, Top of the Lake est une réussite.
lundi 22 janvier 2018
Topten 2017
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -
Les films -
Playlist ]
Celui qui ne répond pas aux invitations du Prince d’Avallon peut se retrouver coincé pour l’éternité dans ses brumes. Malgré mes faibles dénégations, je fus donc obligé d’honorer le rite annuel du Topten-Galette. Voici donc le résultat de ce rachitique Topten 2017, transformé en Top5 et Bottom3 :
TOPFIVE 2017
1 Certaines Femmes
2 Get Out
3 Dunkerque
4 Une Vie Violente
5 La La Land
BOTTOMTHREE
1 Nocturnal Animals
2 Tombé du Ciel
3 Alien:Covenant
Quant à mes petits camarades, ils ont classé les films comme suit :
TOPTEN 2017
1 La La Land
2 Le sens de la Fête
3 Coco ex aequo avec
4 Le Caire Confidentiel
5 Detroit ex aequo avec
6 Get Out
7 Au-revoir Là-haut
8 Nocturnal Animals
9 Dunkerque
10 Faute d’Amour
BOTTOMTHREE
1 Nocturnal Animals
2 Marie Francine
3 …et pleins d’autres films ex aequo
Pour la première fois, un film est dans le Topten et le Bottom : Nocturnal Animals. Mais c’est exactement ce que le film mérite !
A l’année prochaine ?