dimanche 30 janvier 2011


Où est la fiction ?
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Je suis à la recherche d’une explication. Depuis quelques années, je ne lis plus de fiction. J’en consomme dans tous les autres médias (films, séries, etc.), mais impossible de lire des romans, ils me tombent des mains. Ce n’est pas que j’ai arrêté de lire, bien au contraire, je lis de plus en plus. Mais uniquement des essais, des livres d’histoires des biographies. Impossible de me replonger dans mes héros (Burroughs, Céline, Franzen, O’Nan), mais la vie de Machiavel, le siège de Stalingrad, les arcanes de la télé américaine, je prends…

Qu’est-ce qui cloche ? Je voudrais bien le savoir. Y’a-t-il une notion d’ « utilité » ? Ne pas perdre un mois à lire des fariboles, plutôt lire utile !?? A côté de ça, je passe pas mal de temps dans d’autres fictions « inutiles » : jeux de rôles, séries, BD… Je passe même beaucoup de temps à écouter des podcasts comme « Silence on joue », l’excellent podcast de Libé, moi qui ne joue à aucun jeu vidéo.

Peut-être tout simplement que mon besoin de fiction est rassasié. Tout comme mon besoin de grosse connerie américaine est rempli par l’aimable production Bruckheimer/Michael Bay, ce qui m’évite de lire le Da Vinci Code et autres Marc Levy de l’été.


5 commentaires à “Où est la fiction ?”

  1. ostarc écrit :

    Cher Professor,

    Le 22 juin 1990, à 55 ans, Bernard Pivot présentait la dernière de l’émission télé-littéraire phare depuis 1975, « Apostrophe ». Et l’homme qui avait fait vendre des dizaines de millions de livres de fiction déclarait en début d’émission qu’après avoir lu tant de livres, la fiction ne le faisait plus vibrer et qu’il ne lisait plus que des livres d’histoire, des biographies et des études technique sur le football ou l’art culinaire. C’est pourquoi il cessait l’émission.

    Au même moment, devant sa télévision, dans un petit studio de la région parisienne, un passionné de littérature et de style qui ne lisait plus depuis quelques années que des ouvrages scientifiques, ou à la limite quelques écrivains dont le style dépasse tout romanesque (comme Proust par exemple), reconnaissait un frère sur son petit écran, et s’interrogeait encore, comme vous-même aujourd’hui, sur les raisons de cette désaffection.

    J’ai compris que ce détachement marquait une sorte de libération, la lente dégénérescence de toute illusion. Une incapacité désormais à rêver le monde. La prise de conscience, comme Shakespeare en son temps, qu’il y a « plus de choses sur la terre et dans le ciel que dans toutes nos philosophies, mon cher Horatio! »

    Ainsi depuis longtemps, cette phrase belle et subtile de l’immense Alexandre Vialatte est-elle devenue l’épigraphe de tous mes instants :
    « Je n’ai jamais aimé les contes ni les légendes… Pourquoi aller demander à des fictions lointaines de dérouler devant nos yeux ce tapis d’orient que la réalité étale à nos pieds mêmes ?… Amère, frivole, incohérente, la réalité dépasse tous les conteurs, il nous suffit de regarder par la fenêtre, elle s’ouvre sur le pays des merveilles. L’exotisme commence à notre voisin de palier, que dis-je ? Il nous suffit d’oublier notre clé et de frapper à notre propre porte pour entrer chez un inconnu. »
    Alexandre Vialatte (1901-1971), Légendes vertigineuses du Dauphiné

    Alors votre maladie cher Professor me semble plutôt saine, peut-être la fin des illusions mais certainement le début de la sagesse.

  2. Professor Ludovico écrit :

    merci de votre aide, cher Ostarc !

  3. Ludo Fulci écrit :

    Fiction ou réalité ? A ce sujet messieurs, que pensez-vous de cette phrase culte d’un western non moins célèbre : « Quand la légende dépasse la réalité, alors on publie la légende » ? Est-ce que votre « frontière étanche » entre les 2 notions n’en prendrait pas un coup 🙂 ?

  4. Professor Ludovico écrit :

    oh là ! thèse de troisième cycle à 20:46 !?? Le Fulci est en pleine forme, moi pas (je tousse…)

    En tout cas, j’ai fait mienne cette maxime, pour ne aps dire mon métier…

  5. Ostarc écrit :

    Je ne connais pas une seule légende dont chaque élément ne soit pas l’imitation d’un élément qu’on trouve quelque part dans la réalité. Mais il est vrai que je ne suis plus très compétent en fictions.

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