Il y a le Fond et la Forme. Ici, très souvent, on attaque en piqué les tenants de la Forme qui oublient le Fond, comme Ridley Scott depuis Blade Runner, Jimenez et Jeunet, ou, récemment, 5 septembre …
Et puis il y a le Fond. Souvent le problème des biopics, BOATS et autres autofictions à la Française, Yann Moix, Frédéric Beigbeder, you name it. Sous prétexte du Vrai, on ne s’occupe pas trop de la Forme.
Dopesick est entre ces deux extrêmes. Il bénéficie en effet d’un sujet extraordinaire : l’avidité des Big Pharma conduisant l’une d’entre elles, Purdue Pharma, à mettre sur le marché l’Oxycontin, un puissant antalgique, en affirmant contre toute réalité scientifique, qu’il n’est pas addictif. Quelques mois plus tard, le médicament fait des ravages.
Mais Dopesick est plutôt bien réalisé, en saisissant le problème des opioïdes sous trois trajectoires narratives (les malades : un médecin prescripteur qui devient accro et une de ses jeunes patientes, Purdue Pharma, la famille Sackler qui se déchire pour la direction du géant pharmaceutique avec un petit gars qui rejoint sa force de vente (Will Poulter), et la Justice, un procureur déterminé et ses assistants pugnaces). Autant la partie malades est réussie, avec deux très bons comédiens (Michael Keaton, Kaitlyn Dever), autant la partie Purdue Pharma est caricaturale et ultra pédagogique (avec un Michael Stuhlbarg qu’on a connu plus fin chez les Coen), tandis que la Justice ne propose que des personnages unidimensionnels.
Pour bien connaitre le secteur commercial, certes, ça marche comme ça, pep talk, séminaire incentive et primes sur objectif, mais c’est un peu plus subtil que Dopesick. Quant à la Justice, on pense évidemment aux flics désabusés de David Simon de Sur Ecoute – déjà une histoire de drogue – mais ces gars-là manquent singulièrement d’épaisseur.
De sorte que Dopesick recourt régulièrement aux bonnes vieilles recettes du Docudrama, faire passer une idée dans la réplique d’un personnage.
Procédé un peu basique, on en conviendra.

1 décembre 2025 à 16 h 51
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