lundi 10 novembre 2025


Shogun
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Sur la recommandation de Karl Ferenc et d’AJ Beresford, on s’est abonné à l’Empire du Mal, Disney, c’est à dire le Côté Obscur qui cache en son sein Marvel, Pixar, ABC, LucasFilm et toutes les horreurs disneyennes, évidemment. Tout ça pour voir Alien: Earth (une immense déception), alors on cherche dans le catalogue de la plate-forme de quoi rentabiliser les 11€ mensuels…

Eh bien il y a Shogun, le reboot de la série avec des années 80. À part l’idée de voir des samouraïs, des belles armures, et des cerisiers en fleur, il n’y a pas grand-chose de motivant là-dedans. Mais bingo ! C’est exactement ça. La série est une ode au Japon, sa culture, ses valeurs, son art de vivre…

Pour qui est allé au Japon, l’exotisme ne vient pas du pays, mais des Japonais eux-mêmes. Leur rapport à l’honneur, la parole donnée, le sentiment d’appartenir quelque chose de plus grand, tout ça fait la splendeur de Nihon. La série justement, ne se contente pas de magnifiques paysages (filmés en Colombie Britannique !) mais incarne cette incompréhension.

Elle reprend pour cela le duo Blackthorne/ Mariko, le barbare échoué sur les rives du japon médiéval et sa jeune traductrice…

Richard Chamberlain est remplacé par un acteur génial, Cosmo Jarvis, qui joue les brutes bas du casque comme peu d’acteurs oseraient. Car c‘est l’inversion de Shogun, la série. Les barbares, c’est l’Occident. La Civilisation, c’est le Japon. Les Orientaux sont beaux, propres, intelligents, extrêmement civilisés… Avec, en face, un Anglais mal dégrossi, sale et un peu idiot.

Dans tous les films américains, on parle étranger pendant cinq minutes et puis on bascule, comme par magie, vers l’anglais. Shogun utilise au contraire la barrière de la langue comme ressort dramatique : on parlera japonais pendant dix heures. Et le personnage clef sera ici la traductrice, Dame Mariko (Anna Sawai).

Comme on dit, traduction égale trahison ; tout est là. Mariko va s’efforcer de traduire les demandes de son Maître, le Daimyo Toranaga (Hiroyuki Sanada, notre Ayato de San Ku Kaï !) Elle traduit aussi les réponses de Blackthorne. Tous les dialogues sont ainsi en double, ce qui parait fastidieux de prime abord. Mais on comprend vite que ce projet est le cœur de Shogun. Ce que dit Toronaga n’est pas compréhensible par Blackthorne : il faut que Mariko l’explique. La réponse du marin est offensante : elle doit l’atténuer pour le Daymio…

La grande force de la série est de tenir jusqu’au bout cette posture, et de l’incarner ailleurs, dans l’histoire d’amour impossible entre la Marin et la Dame.

Mais l’amour, n’est-ce pas la tentative désespérée de comprendre l’autre ?


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