mardi 28 mai 2019


Le Trône de Fer, la grande métaphore finale
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Séries TV ]

Les grandes séries ne meurent jamais. Le Trône de Fer, après avoir subi toutes les avanies possibles, le manque d’inspiration, la langueur, puis la stupide accélération, menant de fait à la destruction de la physique de son monde (distances abolies, et super héros chevauchant des dragons à grande vitesse chargés de de kérosène), le plus grand show du XXI° siècle se termine de façon éclatante.

Au bout d’une huitième saison totalement surprenante, aux rebondissements souvent maladroits ou irréalistes, Game of Thrones rattrape tout, dans un ultime épisode métaphorique et époustouflant.

Comme dirait Jonathan Franzen, des erreurs furent commises ; Comme dirait Tyrion, elles ont été réparées. En 75 minutes, la série boucle non seulement les histoires de son immense cast (sans avoir l’air de se presser), donne un cours de philosophie politique, propose une morale revigorante contredisant son propos principal, et se permet de commenter, en mode méta, la propre fascination qu’elle a engendrée. Revue de détail…

Tuer le tyran qui est en nous (3 leçons de philosophie politique)

S’il est une série politique, c’est bien celle-là. 73 épisodes sur la conquête du pouvoir, le Trône de Fer est à la série télé ce que Le Prince de Machiavel est à la politique (1).

Il appartenait aux auteurs de conclure sur la question initiale de la conquête du fameux trône, sachant qu’aucune solution ne pouvait être réellement satisfaisante. Si Daenerys gagnait, elle offrait une victoire moralement appropriée (le triomphe du tiers-monde opprimé) mais qui pouvait apparaître comme Hollywoodienne. Si au contraire Cersei sirotait tranquillement son cabernet dans le Donjon Rouge (probablement la fin la plus Game of Thrones, au passage), elle décourageait le fan qui souhaitait sa mort depuis le début. Quant à Jon Snow, le beau gosse, il n’avait pas l’air équipé pour le rôle de Grand Leader, et sa cote sombrait d’épisode en épisode…

Pourtant, c’est vers lui que se tourne le destin. Par la voix de Machiavel-Tyrion, évidemment. Daenerys a gagné, a exterminé toute la ville, et ses alliés sont plus inquiets que jamais. Jon rend visite à Tyrion, la Main démissionnaire. « La guerre n’est pas finie », lui dit-il en substance. Maintenant que Daenerys-la-Libératrice est prête à détruire la roue de l’oppression, et qu’elle a, comme tant d’autres, le sentiment d’être du bon côté, c’est une forme de jihad qui s’annonce, une dictature du Bien qui fera des millions de morts.

Première leçon : nous aussi, nous avons admiré cette jolie princesse libératrice d’esclaves. Elle l’a pourtant fait dans une furie meurtrière sans précédent ; sous prétexte que c’était des méchants nobles ou marchands, nous l’avons approuvée sans discernement (2).

Tyrion exhorte alors le faible Jon à choisir sa destinée, lui qui a toujours cherché à faire le bon choix, à protéger les gens. Lui seul peut désormais tuer le tyran qui s’annonce. 

Et c’est bien Jon, qu’on présente comme un impuissant depuis cinq épisodes, qui va effectivement prendre ses responsabilités, car « l’amour est plus fort que la Raison », mais « le Devoir est la mort de l’Amour » (3).

Après avoir donné une ultime chance à Daenerys, l’abjurant de gouverner avec clémence, celle-ci refuse, avec la folie des dictateurs. Emilia Clarke apporte ici tout son talent et sa beauté juvénile, ce qui rend ses propos encore plus atroces. Hitler, en version jeune et blonde : « Je sais ce qui est bon ». Et ceux qui pensent autre chose ? « Ils n’ont pas le choix ! » (4) Sa mort est alors inévitable, dans une scène sublime d’ambiguïté.

Jon a rempli sa mission, il a tué le tyran qui est en nous, celui que nous appelons de nos vœux. Et il délivre au passage la deuxième leçon politique de Game of Thrones : ne choisissons pas nos leaders sur leur bonne tête, leur beauté physique, leur charisme, leur humour. Malgré l’amour que nous leur portons, réfléchissons… Elisons nos leaders avec notre tête.

Et c’est exactement ce que vont faire Benioff et Weiss à la quarantième minute.

L’épisode bascule à ce moment-là dans une scène assez artificielle : Tyrion, qui pense être condamné à mort, est présenté devant le conseil des grandes familles de Westeros. Il va alors servir d’arbitre au débat politique. Tyrion n’a pas le droit de parler, mais pourtant il va le faire avec éloquence. On lui demande, comme à Machiavel, comment gouverner ce tas de ruines que sont devenues les 7 Couronnes. Les chefs des plus puissantes maisons de Westeros, assises, s’opposent à Ver Gris, debout. Le chef des Immaculés, qui vient de perdre sa charismatique patronne, ne demande que justice, refuse tout compromis : un autre cycle de guerres se profile à l’horizon.

Ser Davos pose la première pierre : « Nous nous entretuons depuis longtemps ». Il propose une terre aux Immaculés ; il y a eu trop de morts, il faut trouver une autre issue. Suit alors un débat surréaliste pour trouver un roi. C’est la Grande Scène.

Première solution, prendre le plus âgé (Tully), vite remis à sa place par le vrai pouvoir (Sansa). La République, portée par Samwell Tarly ? Tout le monde rit de bon cœur (et le spectateur avec… On y reviendra…) Pourquoi ne pas faire voter les chevaux, pendant qu’on y est ! Sinon, il reste la compétence (Tyrion) ? Ça ne suffit pas non plus. Qui alors ?

Tandis qu’une musique élégiaque s’amorce, Tyrion Lannister suggère alors autre chose : le compromis, c’est à dire la base de la politique. Prenons le plus petit commun dénominateur : l’invalide, l’enfant, le faible, mais aussi le visionnaire : Bran. Et le fait acclamer par les Maisons de Westeros. Samwell avait donc raison ; on ne peut plus gouverner par simple héritage, sinon c’est une nouvelle guerre de succession. Si la démocratie est un choix un peu radical, commençons par une monarchie élective, hors des liens du sang. Car comme le dit Machiavel-Tyrion, « les fils de rois peuvent être très stupides. [Bran, qui ne peut engendrer] ne nous tourmentera donc pas. Désormais, les gouvernants ne naîtront pas, ils seront choisis (5) ». Et Tyrion d’asséner la troisième leçon de philosophie politique, tout autant destinée à Ver Gris qu’au spectateur : «  C’est cette roue-là que Daenerys voulait détruire… »

Une fois de plus, les auteurs s’adressent au spectateur. Pourquoi avons-nous ri à la suggestion de Samwell Tarly ? Après tout, nous vivons dans des démocraties. Mais nous sommes fascinés par ces histoires de rois et de reines, et de princes héritiers du trône : il suffit de voir la passion qui s’empare des médias à la naissance d’un rejeton de la famille royale d’Angleterre (6). Pour autant, ce n’est pas le mode de gouvernement que nous avons choisi. Nous nous sommes débarrassés, souvent violemment, de la royauté. Cette Grande Scène s’apparente en fait à une forme de retour sur terre imposée au public par les auteurs. Vous êtes fascinés par tout ça depuis que vous regardez Games of Thrones, Star Wars, ou n’importe quelle heroic fantasy), mais réfléchissez ; ces gens-là ne sont que des dictateurs, et vous n’en voudriez pour rien au monde.

La morale de l’histoire (une autre vie est possible)

Juger la fin du Trône de Fer sur le plan du réalisme est un contresens. La fin d’une série ne peut se comprendre que comme une grande métaphore finale. Le but n’est plus de fournir des réponses réalistes, mais bien de faire passer un message. Qu’avons-nous appris pendant huit ans ? La fin est donc logiquement la partie la plus intéressante de ce Season Finale, quand l’épisode s’attarde sur le sort des chouchous des fans : la famille Stark.

Godard disait que le cinéma est une affaire de morale, et il n’a jamais autant eu raison. Si Game of Thrones est réussi, c’est parce qu’il apporte une morale satisfaisante à son histoire. Et même si l’on ricane à chaque fois que l’on évoque ce sujet, c’est qu’on le confond souvent avec LA Morale. Mais le plaisir basique que l’on retire d’une œuvre de fiction, c’est bien celui-là. Si la morale est satisfaisante (même s’agissant d’anti-héros comme Tony Soprano ou Tony Montana), le film est réussi. Si la morale est dérangeante (Suicide Squad, Deadpool), pas claire (HHhH) ou simplement fumeuse (The Dark Knight Rises), on est choqués ou on reste sur sa faim.

Ici, le final moral est incarné par la famille Stark : chacun sa route, chacun son destin. Il y a d’autres façons de vivre que la vengeance, la guerre, ou la soif éternelle du pouvoir. On n’est pas forcés de plier le genou, même devant son propre frère, on peut affirmer son indépendance, comme Sansa, nouvelle reine d’Ecosse de Winterfell. On peut se désintéresser du pouvoir et partir à l’aventure, choisir l’exploration, le grand ouest, parce que le pouvoir n’est pas fait pour nous (Arya). Et on peut rester attaché à ses racines (le Nord) et, en pionnier, étendre l’humanité dans des contrées réputées inhospitalières, au-delà du Mur.

Ces trois possibilités sont magnifiques, car elles sont totalement incarnées par leurs personnages, et leurs acteurs. Arya n’a jamais couru qu’après l’aventure ; même si c’est une tueuse, elle ne cherche pas le pouvoir. Sansa a toujours voulu être une princesse, de manière ridiculement adolescente saison 1, et sérieusement maintenant, comme un gouvernant crédible.

Quant à Jon Snow, le personnage menaçait de devenir de plus en plus falot. Mais cela s’apparente maintenant à une ruse scénaristique signée Benioff/Weiss pour frapper encore plus fort dans ce final éclatant.

Jon Snow, victime des compromis Ver Gris/Bran, est condamné à retourner à la Garde de Nuit. Le voilà revenu au point de départ, mais en fait, c’est un nouveau départ. Car il part bientôt à la tête de sauvageons souriants, pour conquérir pacifiquement des territoires au-delà du Mur. Et s’enfonce, magnifiquement, dans la forêt des origines, tandis qu’une première fleur repousse : Winter is gone.

Le voilà porteur d’une morale encore plus importante: nous ne sommes pas destinés à quelque chose, nous sommes ce que nous choisissons de devenir. Jon Snow est un targaryen, donc héritier du trône, donc fou ? (7) Pas du tout : Jon Snow est avant tout le fils d’un père adoptif qui l’a bien éduqué : Ned Stark, le seul véritable héros de la série. Élevé par un père aimant et dans les bonnes valeurs, son éducation prime sur le sang. Ce n’est pas parce que je suis héritier du trône que je dois en hériter, ce n’est pas parce que ma famille est folle que je dois l’être, ce n’est pas parce que je suis targaryen que je ne suis pas un vrai nordique. Tout simplement parce que j’ai été éduqué ainsi, et que je choisis de le rester…

Ce n’est pas pour rien que le Trône de Fer plait à l’extérieur du petit cercle de fans de l’Heroic fantasy. Car il détruit le mythe du surhomme, de la destinée, pour y superposer la politique et la vie.

Brisons le quatrième mur (et la fascination que nous avons engendrée)

« I had nothing to do but think these past two weeks. About our bloody history.  About mistakes we’ve made. What unites people? Armies? Gold? Flags? Stories. There’s nothing more powerful in the world than a good story.»

Les séries qui se terminent le font tous : un grand flash-back qui réunit tous les personnages (8), dont nous sommes follement tombés amoureux (ou alors, que faisons-nous devant notre écran huit ans plus tard ?(9)).

Ces personnages, nous voulons les revoir une dernière fois. Il y a plusieurs façons de faire sa sortie, en la ratant façon Lost (finir comme on a dit qu’on ne finirait pas), ou façon Twin Peaks saison 3 (par une immense destruction de tout ce qui a précédé). On peut aussi finir brillamment (Le Twin Peaks première manière avec une fin en forme de boucle, ou Friday Night lights, dont le final moral et choral ressemble beaucoup à celui de GoT).

On peut aussi ramener tout le cast (Six Feet Under, The Wire), et les mettre en prison pour l’ensemble de leurs œuvres (Seinfeld). Les séries les plus malines s’en tirent souvent par une pirouette (Mad Men, Les Sopranos).

Mais toutes les grandes séries passent par le scandale, et la déception. Et il est normal qu’une grande fascination engendre une toute aussi grande frustration. Car chacun, en réalité, veut sa fin. Les désirs des spectateurs sont par définition multiples ; ils entrent en conflit avec la fin, forcément unique, choisie par le scénariste.

Dans Game of Thrones, le Professore Ludovico en pinçait pour Cersei. Et l’ombre de Machiavel esquissait une belle fin pour la plus belle des MILF de Westeros : pendant que les idiots se battaient contre le Prince de la Nuit, la flamboyante rousse ramassait les morceaux, à l’instar des américains laissant les russes défaire les nazis. Mais le Professore n’est pas scénariste de Game of Thrones, pas plus que ceux qui souhaitaient  que Jon et Daenerys se marient et aient plein de petits targaryens régnant en paix sur le monde.

C’est ce message qui est adressé au spectateur, dans la Grande Scène des Arènes. Un aparté théâtral de Tyrion destiné en apparence aux familles de Westeros mais en réalité au public : « J’ai bien réfléchi dernièrement » Vous aussi, le public ? Vous en avez élaboré des fins pour GoT, non ? « Mais qu’est-ce qui unit vraiment les gens ? Les histoires ; il n’y a rien de plus puissant qu’une bonne histoire… »

Tu dois comprendre, ami spectateur, que tu n’es qu’un spectateur ; on ne peut pas faire plaisir à tout le monde, on ne peut pas te donner la fin que tu souhaites. Réveille-toi ! Tu ne nous as pas suivis jusque-là pour entendre ce genre de fadaises ??? Il faut que nous, les auteurs, nous finissions cette histoire, pour vous unir une dernière fois.

Alors oui, nous avons « commis des erreurs, connu des mariages, des guerres, des naissances », nous avons eu « nos triomphes, et nos défaites » mais tu dois accepter cette fin : Bran sera le dépositaire de cette histoire, car tu n’as pas d’autre choix, petit spectateur. (10) Tu peux faire tes pétitions en ligne, rugir sur les réseaux sociaux, mais l’artiste, c’est nous, et personne d’autre. Même pas George Martin, dont tu aurais tout autant critiqué la fin de Game of Thrones qui lui reste à écrire…

Tais-toi.
Arrête de tout vouloir contrôler.
Regarde.
Ressens.
Et pleure…

(1) Ce n’est pas pour rien qu’à l’épisode précédent (S08e05), Twingodex, jeune philosophe de 17 ans, nous faisait remarquer que Daenerys et son dragon-B.52 ne faisaient qu’appliquer le programme du Prince, chapitre 2 « Comment on doit gouverner les Cités ou Etats qui avant d’être occupés vivaient sous leur propres lois ? » Réponse machiavélienne : « En vérité il n’y a pas d’autre façon sûre de les posséder que de les détruire. Et qui devient seigneur d’une cité habituée à vivre libre, et ne la détruit pas, doit s’attendre à être détruit par elle »
(2) « When she murdered the slavers of Astapor, I’m sure no-one but the slavers complained; after all, they were evil men. When she crucified hundreds of Meereenese nobles, who could argue they were evil men? The Dothraki khals she burned alive, they would have done worse to her. Everywhere she goes, evil men die and we cheer her for it. »
(3) Tyrion : “Love is more powerful than reason”
Jon Snow: « Love is the death of duty. And sometimes, duty is the death of love »(4) Daenerys Targaryen: Because I know what is good. And so do you.

Jon Snow: I don’t!
Daenerys Targaryen: You do! You do, you’ve always known!
Jon Snow: What about everyone else? All the other people who think they know what’s good?
Daenerys Targaryen: They don’t get to choose. Be with me. Build the new world with me! This is our reason! It has been from the beginning, since you were a little boy with a bastard’s name and I was a little girl who couldn’t count to twenty! We do it together! We break the wheel…together.

(5) « Sons of kings can be stupid as you well know. [Bran] will never torment us. That is the wheel your queen wanted to break. From now on, rulers will not be born, they will be chosen. On this spot, by the lords and ladies of Westeros, to serve the realm. »
(6) Comme le faisait remarquer quelqu’un, il n’y a pas de raison de se passionner pour Archie, le jeune fils de Meghan et Harry ; il n’a aucune chance d’atteindre la couronne d’Angleterre. Ou alors, ce serait bien pire que Game of Thrones. Ça voudrait dire qu’il aurait tué son père, sa mère, son oncle, sa tante  et son cousin, sans parler de ses grands-parents…
(7) « You think our House words are stamped on our bodies when we’re born and that’s who we are?! Then I’d be fire and blood too! She’s not her father, no more than you’re Tywin Lannister! »
(8) D’autres scènes sont là pour faire ce passage (Tyrion raconte toutes les horreurs auxquelles il a participé, Brienne écrit une notice flatteuse de Jaime, Samwell termine A Song of Ice and Fire, le nouveau Conseil réunit les anciens personnages, etc.)
(9) « Why do you think I came all this way? »
(10) « [Bran] is our memory, the keeper of all our stories: wars. weddings. births. massacres. famines. Our triumphs. Our defeats. Our past. »


2 commentaires à “Le Trône de Fer, la grande métaphore finale”

  1. Karl Ferenc Skorpios écrit :

    Octobre 2011, Est parisien, Karl Ferenc Skorpios a réuni quelques convives pour un cocktail dinatoire et dansant : discutant tranquillement avec un vieux collègue Jedi, le Karlo déclare : « voyez-vous très cher, après de profondes réflexions, j’estime qu’en Héroïque Fantasy on a un peu fait le tour et que pour tout dire entre Conan le Barbare et le Seigneur des Anneaux y a plus grand-chose de bien sérieux à dire ou à faire. Bon si on veut regarder dans le détail on trouvera certes toujours de belles choses (1) mais si tu veux en faire un film ou une série cela risque d’être fort du niveau des Episodes 1 à 3 avec l’ignoble gamin blond et les aliens qui ont l’accent russe ».
    Evidemment le Professor trainait dans le coin et balança comme cela mine de rien « du calme les amis, les gazetiers de la Chaîne HBO viennent de sortir une série qui s’appelle le Trône de Fer. Le Professor qu’a toujours quelque chose à dire et qui sait tout avant tout le monde (2) a déjà offert les livres du dénommé Martin a quelques-uns de ses disciples. »
    N’étant pas du style « a qui on l’a fait », le Karlo et son ami le Jedi rétorquent : « hum hum c’est bien restez calme Professor, c’est certes une super soirée mais ici vous êtes en présence de deux êtres particulièrement affutés en matière de bon goût et de connaissance en Héroique Fantaysy (3) d’ailleurs à ce propos savez-vous que si la douleur ne faisait pas mal elle serait parfaitement supportable (rires amusés) !
    « PAIX mes amis, je vous en conjure écoutez moi, l’intrigue est passionnante, c’est de la low fantasy) cela raconte l’histoire d’un royaume et de plusieurs familles qui veulent conquérir la couronne. C’est un peu moyen-âge anglais mais avec le sérieux des Rois Maudits » rétorqua le vieux grincheux.
    Quelques mois plus tard, n’y tenant plus, j’ordonne à la Roue de la Fortune d’organiser une opération discrète sur la Fnac de Bercy afin de m’en rapporter au plus vite le coffret de la saison 1 de ce fameux Trône de Fer.
    Il allait voir de quel bois je me chauffe le fan transit du gars qui en 50 ans de carrière a fait 13 films !
    Bon évidemment cela commençait mal car dès l’épisode 1 il était impossible de se détendre tranquillement en jouant à Candy Crush tout en en tentant de suivre l’intrigue.
    Discrètement on déclara « c’est pas mal mais un peu confus au niveau scénaristique… y a trop de personnages et les quelques scènes érotiques retiendront probablement l’intention des nouveaux venus qui ne connaissent rien à ce style précieux qu’est l’Héroique Fantasy, ceci étant, ayant lu la petite plaquette du coffret, et bien qu’il soit 23h30 je veux bien regarder immédiatement l’épisode 2. C’était trop tard on était accro.

    Vous connaissez la suite. Le 09 septembre 2012 je lançais une véritable bombe dans les colonnes de cette gazette sur la véritable origine du Professor. Le vieux Mentant venait de se trahir en signant la critique définitive de Dune.

    Mai 2019, dernière épisode de la Série : je ne ferais évidemment aucun commentaire sur le dernier épisode en attendant de pieds fermes la prochaine rencontre du Professor et de ses acolytes pour livrer bataille. J’allais lui montrer toutes les subtilités du Kung Fu rhétorique au gars qui se permet de déglinguer The Dirt (4). Il allait pas faire long feu l’adulateur du ballon rond !

    Entre temps de gens de peu émettent des critiques, les amateurs se déchainent : « moi j’avais tout prévu depuis 2 saisons avec ma femme dit ce spécialiste de l’imaginaire abonné à Canal + , moi je te les fusillerais les scénaristes dit le commerçant qui a prénommée Daenyrys sa petite dernière, il faut s’armer faire une cagnotte pour qu’ils refassent tout hurlent les mères de famille déjà très éprouvées par le fin de plus belle la vie, moi je te jure que même mon gamin il aurait fait mieux dit ce fin lecteur des pages Culture , etc »
    A satiété, le Karlo écoute et ne réagit pas. Non ce genre de combat il ne les mène pas avec les gars de deuxième division, les traine savates formés à la Dallas et autres Club Dorothée, les pue la misère qui ont eu leurs premiers émois en regardant Thierry La Fronde.
    Il se réserve pour la Finale de la Coupe du Monde, les gars qui ont des vrais avis sur BSG, qui sont allés à Pan Tang, ont acheté Willow en DVD. Le style grosse artillerie qui n’y va pas par trente-six chemins pour certifier en sirotant leur anisette : le rôle de Tusla Doom a probablement beaucoup joué en faveur de l’Oscar d’Honneur remis à James Earl Jones.

    28 mai 2019 : une fois de plus me voilà abattu, tremblotant, la bave aux lèvres, le cauchemar se reproduit près de 7 ans plus tard.
    Le Professor vient de signer la 2ème plus grande chronique de l’histoire de Cinéfast. Alors oui il a été obligé de forcer sur le jus de Sapho, oui les Harkonnen l’on probablement facilement localisé mais il a craqué et il a tout dit.
    Oh vous me direz on pourra toujours chicaner en découpant un peu de saucisson et en clamant tout de go :
    – Vous ne parlez pas trop du fait que le nouveau Conseil est tout bonnement extraordinaire avec Bron qui veut reconstruire des bordels plutôt que de financer la Marine parce que cela compte aussi. Ce point crucial vous aurait-il échappé ?
    – Vous faites totalement l’impasse sur quelques citations mythiques du type « Theon you are a good man Thank you » Une fois de plus faudrait quand même être un peu professionnel ?
    – Bon mais il voulait quoi à la fin le Roi de la Nuit (4) ?.
    Il ne me reste que mes yeux pour pleurer, le Vieux Mentat vient de gagner par abandon, tel le Colonel Kurtz je me retire dans la montagne avec mon peuple pour leur conter la légende : « Vous voyez les gars le concept de la Grande Scène dans la Grande Série pour un clore le débat des pisse-froid je vais vous lire le psaume du 28 mai 2019. J’eu l’honneur de connaître ce vieux savant de son vivant ».

    Merci Professeur.

    L’amitié n’exige rien en échange que de l’entretien.

    (1) A ce titre et vu d’aujourd’hui JP Jaworski, F. Cerruti, J. Niogret
    (2) A l’époque nous ne suspections pas encore le fait que le Professor soit un Mentat adepte du Prana Bindu.
    (3) ce soir-là on ne voulait pas se la péter comme disent les jeunes mais nous avions quand même acheté en 1987 Stormbringer, joué à Runequest en 1988, on avait vu Dar l’Invincible, Kalidor, Tygra à leurs sorties au Cinéma, on avait bien évidemment lu Tolkien, Moorcock, Vance, Lieber, Howard.
    (4) Le Professor m’inquiète pacque Télérama & Co ils ont trouvé mieux que le truc de Queen qu’a eu l’Oscar.
    (5) Peut-être sera-t-il le seul truc que je sortirais ?

  2. Professor Ludovico écrit :

    Hormis le fait qu’il y ait deux notes baptisées (4), je dirais qu’en ces temps difficiles, rien ne vaut la roborative réponse du Karl Ferenc Football club à ce genre de chronique ! ça fait chaud au coeur et des papillons dans le ventre. Ou plutôt « Le vernis vient des cités, la sagesse vient du désert »; là dessus « Subakh un nar  ! »

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