mardi 23 janvier 2018


Top of the Lake
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

On était passé, à vrai dire, à côté du phénomène Top of the Lake, malgré les nombreuses recommandations des copains et copines qui ont généralement bon goût. Et puis là, ça passe sur Arte saison deux, et donc on regarde la saison une.

Petite escapade dans les aventures numériques, la série est disponible Arte +7, mais uniquement en VF. Après quelques radineries auvergnates, nous finissons par opter pour Arte VOD, avec un format à 1,99 € l’épisode en VO. Pour découvrir que l’intégrale est disponible pour 8.99€. L’essentiel n’est pas là, mais pour ce prix on a une horrible numérisation, pâle et baveuse, très loin des standards HD. Il y a encore du boulot avant d’être Netflix, les gars…

Mais passé ces petits problèmes techniques, Top of the Lake est une merveille. Et prouve au passage que la distance est faible entre le pâté et le foie gras. Dans les deux cas, c’est de la cuisine ; dans les deux cas il y a du foie, mais ce qu’en fait le cuisinier (le showrunner) change tout. L’histoire, basique, est pour tout dire totalement rebattue. Une petite fille a disparu, des bikers trafiquent de la drogue, une secte s’est installée près du lac, le tout dépaysé non pas dans un pays nordique mais dans son équivalent austral, la Nouvelle-Zélande.

Il y en a des centaines comme ça, des polars soi-disant exotiques, norvégiens ou suédois, qui ne font finalement que ressasser les mêmes thèmes (pédophilie, passé trouble, petite ville aux secrets inavouables) et appliquer les mêmes recettes. Jane Campion, c’est autre chose, elle tord tous les codes du polar. Et en fait en quelque sorte un objet réaliste. Par exemple, la fliquette (formidable – une fois de plus – Elisabeth Moss), s’oppose au chef biker (Peter Mullan) lors d’une perquisition. Elle veut absolument visiter les sous-sols, qui intriguent tout autant le personnage que spectateur depuis le début de la série. Mais le biker lui résiste, sans justification. Dans n’importe quelle série, la fliquette sortirait son arme, son mandat, son supérieur, et obtiendrait satisfaction. Ici, le rapport de force n’est pas en sa faveur. Elle s’incline.

Ce genre de réalisme est tout à fait exotique. En jouant avec les codes, Campion fait travailler le spectateur, habitué aux clichés du genre ; son cerveau se met à partir dans toutes les directions, pour son plus grand plaisir.

Et si la solution n’est pas des plus originales, elle est pourtant parfaitement aboutie. Bien filmé, formidablement joué par ses acteurs, mais sans affectation, Top of the Lake est une réussite.


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