mardi 11 mars 2008


Dr Jivago
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD ]

L’histoire est un éternel recommencement. Moi qui voulait enrichir ma collection de films à Oscars, j’ai décidé de me fader enfin Dr Jivago. Mal m’en a pris : David Lean est le Ridley Scott des années 60, c’est-à-dire un cinéaste décorateur, un enlumineur, un faiseur, bref, plein de gros mots dans la bouche du Professor.

Dr Jivago, c’est 197 minutes de niaiserie, le tout rythmée par le même scie musicale de M. Jarre père. (On critique la génétique, mais il y a quand même du vrai là-dedans !) Entre chaque scène, un coup de balalaïka pour montrer à quel point cette histoire est triste…

197 mn pour apprendre que les communistes sont des gens méchants, fourbes et cruels, et que si la grande Russie c’était pas joli non plus, au moins les riches mangeaient à leur faim.

197 mn pour que Omar Sharif (Les courses, c’est mon dada !) décide de NE PAS CHOISIR entre l’incroyable bombasse qu’est Julie Christie (95C) et la lépreuse frigide qu’est Géraldine Chaplin, mère-de-ses-enfants !

197 mn de pub pour le Cinemascope et la pellicule Agfa. Parce que Jivago, pour être beau, c’est beau ! La Grande Rue avec le Joli Tramway. La Grande Rue sans le Joli Tramway (les communistes nous ont tout pris, ma bonne dame !) Le Joli Train noir qui traverse la Steppe (plan repiqué de Lawrence d’Arabie, avec des dromadaires, tout aussi nul, mais plus pédé).

Les mêmes causes obtenant les mêmes effets, on peut donc prédire le même destin à tous ces films qui, aujourd’hui, pêtent la reconstitution avant d’écrire une ligne de scénario : celui des enflures à gros budget.

PS Il est intéressant également de voir qu’on écrit finalement que sur sa propre époque. Je viens concomitamment de lire Central Europe, de William T. Vollman, qui a notamment pour cadre la Russie soviétique. Avec beaucoup plus de talent, Vollman ne relaie que les obsessions de notre époque : personnages obsédés du cul, relativismes génocidaires et tutti quanti.


Un commentaire à “Dr Jivago”

  1. Ostarc écrit :

    C’est vrai, il y a tout ça chez Lean. Mais il y a aussi cette minutieuse perfection dans la mise en scène (la scène du pavillon envahi de glace et de poussières est sublime, la Russie reconstituée en Espagne tromperait un natif), et cette froide distance du cinéaste qui regarde ses personnages s’agiter, de loin (témoin le regard désabusé d’Alec Guiness, à la fin), qui le rapprochent beaucoup d’un Fellini ou d’un Kubrick (zut j’ai dû dire un blasphème!). Les plus grands enlumineurs ont toujours raconté des niaiseries et peint des bondieuseries insupportables, mais on admire pourtant avec autant de plaisir les crucifixions de Van der Weyden (zut un autre blasphème).Et puis il y a, pour les amateurs d’Herzog, un des premiers rôles de Kinski l’halluciné.

Votre réponse