lundi 27 août 2012


Hugo Cabret
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Hugo Cabret est excellent. Du moins, pour tester les qualités sonores de votre iPad, ou celles de votre écran Retina.

Sinon, c’est un bouse de plus à mettre au crédit du meilleur cinéaste italo-américain de sa génération, monsieur Martin Scorsese

Hugo Cabret fait partie de ce sous-genre abominable, le film de Têtes à Claques… En clair, des petits garçons ou petites filles adorables qui-malgré-l’adversité-et-la-vie-qui-ne-les-a-pas-gâtés-restent-dignes-dans-la-tourmente. En gros, cheveux propres, yeux bleus, et une trace de sale sur chaque joue pour faire vrai. Toujours accusé de vol, toujours à la recherche de leur papa disparu, et toujours opposé à un type bourru qui se révèle finalement un cœur d’or.

Ici, le bourru, c’est Georges Méliès ; selon les propres dires de Scorsese, sa seule motivation pour faire le film.

Ça se voit, mon petit Martin, ça se voit…

Tout ce qui ne relève pas de l’hommage à Méliès est insupportable. Les acteurs, et particulièrement le gamin, dont on souhaite qu’il passe pour de bon sous les multiples trains que Scorsese met sur son chemin. Pareil pour son horrible copine, prête évidemment à l’aider à retrouver son papa, et trouver l’explication de l’Incroyable-Mystère-Qui-Les-Relie-Tous-Les-Deux-Le-Souillon-Et-La-Petite-Bourge, sans parler des atroces personnages secondaires (le Gardien de la Gare, la Vendeuse de Fleur, la Dame aux Chiens) et leur destinée invariablement feelgood dans la pire tradition disneyio-pixarienne.

Certes la réalisation est parfaite, mais, avec les effets spéciaux numériques, ce n’est plus ce qui distingue aujourd’hui le bon grain de l’ivraie. La 3D d’Hugo Cabret est un déluge de mauvais goût.

Alors oui, c’est un film pour enfants, mais pas Scorsese, pitié ! Pas le type de Mean Streets, Taxi Driver, New York New York, Raging Bull, Les Infiltrés !


4 commentaires à “Hugo Cabret”

  1. James Malakansar écrit :

    Pour les seconds rôles je sauverais quand même Sacha Baron-Cohen. Et pour ce qui est de la réalisation je ne la qualifierait pas de parfaite on sent tellement l’artifice imposé par les animateurs 3D du genre :
    « Tu vois la, la caméra elle survole Paris fait 3 tours sur elle même traverse 2 murs, une poutre suit l’enfant dans le corridor le rattrape en contrechamp en passant par la grille et finit en gros plan sur la tète du chien à coté de la botte du policier… »
    « Et ça fera bien ? »
    « Oui oui je t’assure le public sera bluffé ! »
    Non martin, ça ne fera pas bien, juste une petite nausée et un raz le bol de cette démo 3D. Pose ta caméra comme tu sais si bien le faire et racontes nous une histoire…

  2. Professor Ludovico écrit :

    enfin l’ami Sacha n’a pas grand’chose à faire… et pour la 3D ; il n’y a qu’un plan comme ça qui me bluffe, c’est celui de Citizen kane, car on ne sait toujours pas comment il a fait !

  3. Karl Ferenc Scorpios écrit :

    Bon, enfin un peu de polémique c’est parfait pour la rentrée !

    Film vu au Trianon (le cinoche de Monsieur Eddy)un dimanche après midi en présence de l’arrière petite fillote de Méliès avec plein de gosses dans la salle.

    Cela fait un petit moment, mais je garde un très bon souvenir du film et de l’émotion dans la salle.

    Finalement ce vieux bandit de Martin est resté un gamin fasciné par la magie et qui place des thèmes improbables l’air de rien dans un film grand public :sa fascination pour les films anciens que personne n’a jamais vu, la rédemption du vieux Papa Georges, la destruction de l’oeuvre tombée dans l’oubli, etc.

    Et oui, il y a de la 3D et il n’y a que Martin pour faire en 2012 : un film qui se passe en France sur un vieux monsieur cinéaste, acteur, producteur et
    inventeur d’effets spéciaux incroyables pour l’époque (au passage le Ben Kindsley il joue comme une loutre cher Professor?!).

    Bon ajoutons qu’au même moment on refilait quelques oscars à des français avec un film tourné en noir et blanc, muet (Wahou ça déchire) où à la fin un clébard sauve un type dépressif qui fait des claquettes quand il ne se déguise pas en Zorro.

    Martin lui s’en fout, il fait de la 3D et raconte l’histoire d’un vieux sorcier oublié de tous.

  4. Professor Ludovico écrit :

    Mon cher Karl,

    Là, pas d’accord sur votre analyse. Je pense qu’au contraire notre Martin est un vieux mafieux roué. Il sait qu’il ne décrochera jamais 200M$ à la Warner pour faire un biopic sur Méliès. Matois, il accepte de plier l’échine pour adapter ce passionnant chef d’œuvre qu’est L’Invention de Hugo Cabret, s’arrange pour faire ce que veut la prod (un nanar larmoyant), de manière à obtenir un succès public, ce qui le rend bankable pour la suite. Peut-être aura-t-il le droit de réaliser un film selon ses désirs la prochaine fois.

    Quant à la méchante comparaison que vous faites avec The Artist, me voilà obligé de défendre un film français (que je n’ai pas vu) Hugo Cabret n’a eu que ce qu’il méritait ; des oscars techniques. Que noter Dujardin national ait eu le reste n’est qu’un détail.

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