samedi 15 décembre 2007


I’m Not There
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Il est des films que l’on attendit comme le messie : Dune, Le Seigneur des Anneaux, Full Metal JacketI’m Not There fait partie de ceux là : un film sur le grand Bob, et un film de Todd « Velvet Goldmine » Haynes. Au programme, un film expérimental et alléchant : raconter la vie multiple de Dylan au travers de six acteurs, dont un enfant noir et une femme… Bonne idée sur le papier, qui malheureusement peine à se concrétiser sur l’écran. Si ce parti pris est totalement adapté à l’œuvre et à la geste dylanesque, il se prête mal à une narration soutenue. On nous propose donc un sublime kaléidoscope de 2h15, avec des performances d’acteurs (Richard Gere, Cate Blanchett, Christian Bale, Heath Ledger, etc.), mais à la fin, que reste-t-il ?

J’étais avec un ami, peu familier de la vie de Robert Zimmerman. Résultat : il n’a rien compris et s’est bien ennuyé ! Pour ma part, hormis le petit jeu des devinettes comme autant d’événement bibliques dans la vie de St Robert (ah oui, Julianne Moore, c’est Joan Baez !? et là c’est l’Accident de Moto ?! Et La Rencontre Avec les Beatles !!), je suis sorti déçu. La technique du cut-up (je prends le journal, je le coupe en quatre, j’accole les morceaux aléatoirement et je regarde ce que ca donne) peut permettre d’écrire le Festin Nu, ou « Shakespeare, he’s in the alley, with pointy shoes and his bells », mais au cinéma, bizarrement ça ne passe pas. On s’ennuie. Trop de texte, trop de musique. Images sublimes, mais trop de respect, finalement, pour Dylan.

Car si Velvet Goldmine est aussi réussi, c’est d’abord parce que Haynes écrit contre Bowie, qu’il défend une thèse, celle d’un Bowie traître, passé de la gauche décadente homo à la droite la plus extrême, adepte du gay-bashing. C’est aussi parce qu’il décentre son sujet, faisant semblant de centrer son film sur le fan (Christian Bale), plutôt que sur Bowie (Jonathan Rhys Meyers). Au final, Bowie interdit très logiquement Haynes d’utiliser une quelconque musique, obligeant par là même Haynes à faire composer de la musique « à la manière de ».

Ici, il a eu l’accord de Dylan, et finalement, ça se voit. Comme disait Machiavel : « Comme pour peindre une montagne, il faut être dans la plaine, pour juger un prince, il faut être peuple ». C‘est à dire, loin.


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