jeudi 10 novembre 2011


Le style Fontana
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Séries TV ]

Au début des Borgia, j’avais laissé entendre que Tom Fontana, le créateur de la Cérihévéneman de Canal+, avait seulement griffonné quelques idées sur le papier et était ensuite parti avec la caisse.

Il semble qu’il ait fait un peu plus que cela : après dix épisodes des « Aventures d’Alexandre VI », on ne peut s’empêcher de constater les similarités avec Oz, le chef d’œuvre de Mr Fontana. Est-ce que son style carcéral (grosses burnes, sexe contrarié et violence à tous les étages) s’applique aux luttes de pouvoir dans la Renaissance Italienne, That is the Question….

Le showrunner tatoué traite en effet ses personnages comme des détenus : Château Saint Ange ou Emerald City, c’est pareil. Il les fait jaillir en permanence face à l’écran, souvent filmés grand angle (ça agrandit le décor à peu de frais, et ça rend les personnages légèrement anxiogènes) Le plus souvent, iles jouent la même scène : menacer un membre de la famille Borgia puis s’en prendre une en retour.

Ces effets de manche, très efficaces dans le confinement de la prison contemporaine de Oz, trouvent ici leurs limites. D’abord parce que l’histoire des Borgia est plus subtile que ça, comme on le comprend dans l’épisode 10 : pour battre Charles VIII, le Roi de France, le paladin sans peur et sans reproche, Alexandre VI ne peut faire appel qu’à la ruse : gagner, mais sans jamais combattre. Dans ce contexte, faire hurler en permanence les acteurs des Borgia n’a pas de sens, ne permet pas de les différencier, de comprendre leurs enjeux, ou de leur donner la moindre épaisseur. On retrouve ce sens de la caricature dans Oz, et ça s’y prête bien : des gangs s’affrontent (Bikers, Latinos, Noirs, Aryens…) : la caricature permet de les différencier. Mais là, traiter les Medici ou les Orsini comme de vulgaires condottieres ne satisfait pas nos regards européens, qui ont toujours un minimum de culture historique dans la tête. Autres exemples, les combats de rue, ou les français qui défilent au pas dans Rome sont ridicules, parce que c’est un Américain qui les regarde ainsi…

Fontana est un grand Showrunner, mais il ne sait pas tout faire…

PS on notera a contrario un personnage enfin correctement caractérisé : Charles VIII, joué par un acteur incroyable (impossible de trouver son nom sur IMdB), et qui met tout le monde d’accord dans ces deux derniers épisodes…

PS2 on a retrouvé, il s’agit de Simon Larvaron, un jeune comédien de 23 ans, de Cholet , qui interprète le rôle de Charles VIII.


Un commentaire à “Le style Fontana”

  1. Simon Larvaron écrit :

    Merci beaucoup pour la note de fin. Je suis très touché.
    Simon Larvaron

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