vendredi 5 décembre 2025


The Apprentice
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Sujet difficile. S’attaquer au biopic de l’homme le plus haï, vilipendé, moqué, du moment, et en même temps le plus craint, aka le Président des États-Unis, est une gageure…

Mais Ali Abbasi n’a pas peur, s’étant déjà frotté aux mollahs avec ses excellentes Nuits de Mashhad, et il a des atouts dans sa manche. D’abord un très bon scénario qui file la reconstitution minutieuse et délicate de l’éclosion du papillon Trump dans le New York en perdition des années 70. Faire sortir la chenille de son cocon familial – une bande de dégénérés obsédés par le fric – en ne chargeant pas trop le personnage, et même en l’excusant, fait de Donald J. Trump un véritable personnage de roman.

Cela ne serait rien sans deux grands comédiens. L’un inconnu de nos services, Sebastian Stan, parait-il Soldat de l’Hiver*, qui peint un tableau impressionniste du magnat en devenir. Un peu timide, mais volontaire, en recherche d’un père qui pourrait l’admirer, S. Stan sous-joue le futur Trump, car là était le piège : caricaturer ce qui est déjà une caricature. Non, le comédien déterre les racines trumpiennes, ses expressions fétiches, ses embryons de gestuelles, le début d’un look, et ce sourire de moineau qui se prend pour un aigle…

En face, une connaissance, Jeremy Strong, joue l’antithèse de son personnage précédent : Kendall Roy est devenu Roy Cohn, monolithe de pierre grise, rongé par la colère et la frustration, mentor bientôt jeté comme une vieille chaussette par son apprenti…

Ali Abbasi a l’intelligence de ne pas jouer le film politique, mais plutôt la vie d’un homme, la naissance de ses tourments, et des nôtres.

*Mais aussi figurant pour Haneke – à 12 ans ! – dans 71 Fragments d’une Chronologie du Hasard