vendredi 29 mars 2024


Ambulance
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Le continent Bayien, pourtant parfaitement cartographié, réserve toujours quelques surprises. Certes, dans Ambulance, on retrouve les figures de style chères à Michael Bay. Une idée d’œuvre Bayienne qui commence à faire son chemin (et qu’on défend ici depuis 2005, au tout début de CineFast*) : Thomas Cailley se réclame de l’immarcescible auteur de Bad Boys, des livres sortent – en français** ! -, et même des émissions sur France Culture

Ambulance est donc une partie prenante de cette œuvre-là : on y retrouve le duo viril qui a fait les grandes heures de Bad Boys ou The Rock, le gars sérieux et son sidekick drôle, fou, ou les deux (ici Jake Gyllenhaal) ; la fille au nez pointu et au regard clair, dotée d’une grosse paire d’ovaires… Mais aussi les tropes bayiens habituels : le soldat perdu dans une Amérique peu reconnaissante ; la nostalgie de l’enfance, si jolie au ralenti…

L’intrigue est toujours totalement invraisemblable : course poursuite façon OJ Simpson avec un braqueur de banque réfugié dans une ambulance (Jake Gyllenhaal), assisté de son copain d’enfance, soldat revenu d’Irak qui n’en peut mais (Yahya Abdul-Mateen), flanqués de deux otages : une jeune infirmière (Eiza González) et un flic abattu par le braqueur, mais qu’il veut maintenir en vie contre toute logique. Ledit braqueur se faisant aider d’un gang de latinos particulièrement violents, qu’il exterminera à la fin pour un mot de travers sur son père – qu’il semble pourtant détester – le tout poursuivi pour un nombre invraisemblable de voitures de police qu’on va casser en petits morceaux. Assaisonnez à cela des dialogues piquants et référencés (où on parodie Bad Boys et The Rock***, et vous avez Ambulance.

Mais il y a toujours des surprises chez Bay. Les flics (deux services concurrents comme d’habitude (le LAPD contre l’Etat Centralisateur, le FBI)). Le LAPD est dirigé par notre chouchou psychopathe (Garret Dillahunt, vu dans Deadwood mais surtout une flopée de chefs d’œuvre****), le flic du FBI est dirigé par… un homosexuel, (Keir O’Donnell, vu dans Fargo). Première concession inclusive de l’auteur d’Armageddon, où les homos étaient plutôt sujet de moquerie. La conclusion douce-amère (il faut de l’argent volé pour qu’un héros décoré paye un traitement contre le cancer dans l’Amérique d’aujourd’hui) est aussi une rareté de l’œuvre Bayienne.  

Tout ça est un peu long mais pas déplaisant. Ce n’est plus du grand Michael Bay, mais c’est quand même pas mal du tout…

* Armageddon, ou le goût de l’Amérique

** « Michael Bay : La Fin de l’innocence », de Robert Hospyan

*** Officer Mark: You remember when Sean Connery said, ‘Losers whine, winners get to fuck the prom queen’?
Officer Zach: Mmm. That’s… super aggressive. No, I don’t remember that.
Officer Mark: The Rock?
Officer Zach: The Rock. Yeah, he’s an actor. Was a wrestler first.

**** No Country for Old Men, L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, Looper, Twelve Years a Slave