mercredi 30 septembre 2015


Utopia, saison 1
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

J’ai longtemps renâclé devant Utopia. Pourquoi ? Parce que le Professore Ludovico est raciste : il a un très fort préjugé contre les films esthétiques. La beauté formelle cache souvent le vide de la pensée. Or c’était l’argument principal de vente d’Utopia. De très belles images, aux couleurs acidulées, cadrées arty, et une ambiance à nulle autre pareille… Sous l’amicale pression de l’Homme à la Barbe, qui m’a d’abord laissé, tel le dealer lambda de The Wire, un échantillon de la came Utopia « Regarde juste un épisode, tu me diras si tu veux la suite… » Ah, le ladre !

Mais, as I say, après avoir renâclé pendant des mois, j’ai fini par insérer le premier DVD dans le lecteur. Et là, surprise, surprise, Utopia est un délicieux mélange de terreur sucrée et d’humour glacé, le tout arrosé de la sauce à la menthe chilienne de Cristobal Tapia De Veer, dont le tango deep house sert de thème musical…

Le pitch, in two words : cinq personnes qui ne se connaissent absolument pas échangent sur un forum au sujet d’Utopia, leur bédé conspirationniste préférée (grippe aviaire et expériences génétiques), et la sortie imminente du tome 2 : un trader, un enfant pauvre, une jeune femme gironde, un survivaliste pakistanais et un timide informaticien. Mais cette BD a l’air toute particulière, car elle est aussi activement recherchée par un duo de tueurs étranges et ultraviolents : un rocker à chaussures bicolores qui semble sortir d’Eraserhead et un gros apathique informe (qui, lui, sort de Trainspotting) et ne fait que répéter la phrase culte : « Where is Jessica Hyde ? »

On le voit, on n’est pas dans Esprits Criminels, mais plutôt chez Twin Peaks et Danny Boyle, dans une Angleterre aux forts accents cockney. Mais avec une couche de Lost, car il y a non seulement une idée désopilante par plan, mais aussi un rebondissement énorme par épisode.

Et comme c’est court (2 saisons de 6 épisodes), on a non seulement pas le temps de s’ennuyer, mais encore moins de se poser les questions habituelles de réalisme qui plombent, au hasard, Wayward Pines.

Highly recommendable, donc, you fucking twats!