lundi 11 novembre 2013


Un Village Français retourne en 1940
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Plus d’excuses !

Un Village Français, ça repart, saison 1, ce soir sur France 5 !!! Retrouvez nos héros de Plus Belle la Vie chez les Nazis : M. Larcher, le maire sympa qui veut aider le Maréchal à redresser la France, son frère Marcel qui milite au PC et ne sait plus trop de quel côté du Pacte Germano-Soviétique il habite, les enfants, perdus au milieu de tout ça, la sulfureuse Mme Larcher, la coincouille institutrice et son directeur franc-maçon, le flic un peu facho et son patron qui aime la directrice juive… bref retrouvez les délices de 1940, le goût du topinambour et le charbon hors de prix au marché noir, le vert de gris et les brassards FFI !

Un Village Français
Tous les mardis sur France 5, 20h35




lundi 11 novembre 2013


Luck
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Il y a une bonne raison de ne pas regarder Luck : la série s’est interrompue après 9 épisodes (et 3 chevaux morts sur le tournage). Rien de plus pénible que de rester en plan : rappelez-vous Profit

Mais trois bonnes raisons suffisent pour regarder Luck : une obligation professionnelle (Luck est une série sur les courses hippiques), affective (elle est signée David « NYPD Blue » Milch) et cinéphilique (le pilote est signé Michael Mann).

Après un épisode, pourtant, le doute subsiste : Luck n’est ni très bien jouée, ni très bien écrite, ni très bien filmé.

Dustin Hoffman est peu crédible en gangster juif qui vient de passer trois ans en prison pour ne dénoncer personne, et Kevin Dunn (Transformers) ressemble assez peu à un parieur prêt à décrocher le Pick6, le pari à 3M$. Fait rare dans une série US, on a l’impression que le travail de documentation n’a pas été bien fait.

C’est moyennement écrit, avec des dialogues assez incompréhensibles (mais qui donnent quand même envie d’en savoir plus, c’est peut-être une technique)

Enfin c’est mal filmé, ce qui confirme la déroute de Michael Mann depuis son virage vidéo (Collatéral, Miami Vice, Public Enemies). Il ne suffit pas de multiplier les plans pour donner l’illusion de la course, même si certains plans, très près de chevaux, sont assez impressionnants.

Reste que ce pilote remplit parfaitement sa fonction : il crée de la curiosité pour chaque personnage, et lance des fils d’intrigue qui ne demandent qu’à être suivis.

Après cette première impression mitigée, donc, on jouera le deuxième épisode Placé, juste pour voir.




dimanche 10 novembre 2013


Fétichisme
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip -Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les gens ]

Nous sommes tous des fétichistes, et les cinéphiles font partie des pires, mais là n’est pas le propos.

Le fétichisme, c’est croire doté de pouvoirs magiques ce qui ne l’est pas, et Télérama, dans son édition du 9 novembre, tombe dans le panneau.

Michael Ardnt, annonce le magazine, a quitté le navire Star Wars VII. Ce n’est donc pas le scénariste du surévalué Little Miss Sunshine qui écrira la suite des aventures de Luke Skywalker. Qui donc, alors ?

Et Télérama de s’enthousiasmer : JJ Abrams et… Lawrence « L’Empire Contre Attaque » Kasdan. Magie de la marque. Kasdan a fait le meilleur Star Wars, il va bien nous pondre un bon épisode 7.

C’est oublier que Kasdan, cinéaste adulé du Professore (Les Copains d’abord, Grand Canyon, La Fièvre au Corps), est à la ramasse depuis 1991. Avoir été bon dans les années 1980 ne veut pas dire être bon aujourd’hui. Kasdan a changé (il a 64 ans aujourd’hui), le public de la saga a changé, et nous avons changé, nous aussi.

Mais bon, voilà les fétichistes de Star Wars rassurés…




samedi 9 novembre 2013


« J’ai de la peine pour mes personnages »
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les gens -Pour en finir avec ... ]

Picoré ce matin dans le podcast conseillé par le Professor Mortimer de Mantes-La-Ville « Pendant les travaux le cinéma reste ouvert », sur France Inter, cette petite citation de Martin Scorsese.

L’auteur des Affranchis vient de voir Reservoir Dogs et on lui demande son avis.

– « Moi, J’ai de la peine pour mes personnages, et je crois que Quentin n’a pas de peine… »

Quelle meilleure définition du cinéma vide de QT ? A part l’excellent Jackie Brown (qui démontre en creux cette théorie), Tarantino n’a pas de personnages, il a des jouets et il les filme. Gangsters, grosses voitures, esclaves noirs ou soldats US, Barbie Mariée et Barbie Karateka : ses personnages ne sont pas de personnages, mais des poupées GI Joe qu’il met en scène avec un talent certain.

Mais sans âme.

A contrario, le cinéma de Scorsese, tout aussi violent, propose systématiquement un point de vue. A l’époque de Casino, le réalisateur expliquait que les scènes de violence inouïes du film étaient nécessaires parce qu’elles correspondaient à la réalité de la mafia, mais qu’elles devaient aussi provoquer le dégoût du spectateur, sans quoi son film serait raté.

Tout le contraire d’un film de Tarantino, en somme.




jeudi 7 novembre 2013


Rush
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Et c’est reparti pour le biopic, version Formule 1, le grand duel 1976 Nikki Lauda-James Hunt.

Sincèrement, j’avais 11 ans, et je ne me rappelle plus. Mais je me rappelle de Lauda, son visage brûlé à la télé, et je me rappelle la F1, cette corrida à essence où l’on espère voir les toreros se faire encorner par leurs McLaren.

Évidemment, le biopic, ça ne marche pas. On a beau ne pas se souvenir, Ron Howard (qu’on a connu plus inspiré) est obligé de faire ce cinéma pédagogique inhérent au genre. Les courses auto, c’est chiant, même bien filmé. Donc on rajoute par exemple une voix off (cette défaire du cinéma) censée faire le boulot de la dramaturgie : « Hunt double Jacques Laffitte, il est cinquième ! Encore une place et il sera sacré CHAMPIOOOOON DU MONDE !! »

Pareil pour les à-côtés : Hunt devient un sale con avec sa femme top model ? Une scène suffit : Hunt boit, Hunt fume, Hunt fait la gueule, elle fait la moue, elle a compris.

On se met à regretter les scènes de courses de Michel Vaillant, sur l’élégiaque musique de Archive.

Bref, regardez plutôt Senna : en matière de biopic, rien ne vaut la vraie vie.




mercredi 6 novembre 2013


Un Village Français, saison 5
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

On parle peu en ce moment d’Un Village Français, pourtant c’est toujours aussi bon. Et surtout toujours aussi subtil. Et peu subtil. On s’explique.

Subtil dans le réalisme d’époque. Quand on découvre les l’homosexualité d’un personnage, la série ne raisonne pas comme aujourd’hui. Le personnage qui le découvre est dégouté ; il ne fait qu’énoncer la pensée majoritaire des années 40 : « Les gens comme vous, on devrait les enfermer ».

Pas subtil dans la dramaturgie : quand un personnage commence à comprendre que la collaboration n’est pas une solution d’avenir, elle retourne sa veste en un seul épisode. Dans Lost, ce personnage aurait levé un sourcil réprobateur au discours du Maréchal à l’épisode 3, émis ses doutes à l’épisode 5, écouté Radio Londres en loucedé à l’épisode 7, et financé la Résistance (comme dans Un Village Français, à l’épisode 8).

Que ça ne vous empêche pas de regarder cette formidable série, et pas forcément en loucedé !




lundi 4 novembre 2013


Prisoners
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Prisoners, c’est un rêve de cinéma, ce que le 7ème art devrait être tous les jours : la perfection scénaristique, le talent des comédiens, la mise en scène au service l’histoire, mais qui n’oublie pas toute ambition graphique.

Prisoners est d’autant plus fort qu’il met ce talent non pas au service d’une œuvre à visée intellectuelle, comme peut l’être Cogan, mais bien d’un pur produit de divertissement, le thriller.

2 petites filles ont disparu. Un père fou de douleur (Hugh Jackman), va s’opposer à un flic taciturne (Jake Gyllenhaal, extraordinaire comme d’habitude) pour retrouver les enfants.

Voilà pour l’argument « Silence des Agneaux ». Mais Denis Villeneuve propose une expérience radicalement différente du thriller US habituel : un film d’auteur maquillé en thriller. Le réalisateur canadien assèche littéralement le genre, en en enlevant toute la moelle qui en fait d’habitude les délices mais aussi les clichés. Pas de courses-poursuites échevelées, pas de portes fracassées, pas de patrouilles d’hélicoptère et de mère en larmes… Non, l’horrible réalité. L’espoir qui disparaît. Le désir de vengeance qui occulte tout. Les conflits internes, minuscules, de la police, qui ralentissent l’enquête. Et surtout, le caractère de chacun, notre âme, le principal obstacle de nos vies.

Car – c’est le titre – nous sommes tous des prisonniers. Prisonniers de la douleur, prisonniers de la vengeance, prisonniers de notre passé. Policier, serial killer, pédophile, père de famille ou mère éplorée, nous sommes les prisonniers des valeurs que nous nous sommes données, des conduites que nous nous sommes dictées.

C’est tout à l’honneur de Denis Villeneuve de décrire cette Amérique survivaliste, fondamentaliste chrétienne, sans tomber dans le piège de Seven/Le Silence des Agneaux. Le traitement clinique qu’applique Prisoners ne juge pas, il montre.




samedi 2 novembre 2013


Gatsby le Magnifique
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Baz Luhrman a toutes les cartes en main pour tenter, après 4 tentatives (dont une avec Robert Redford dans le rôle-titre), d’adapter l’inadaptable, à savoir le chef d’œuvre maudit de Scott Fitzgerald : The Great Gatsby. 100M$ de budget, 3 super-acteurs (Di Caprio, Maguire, Mulligan), une chef déco qui a dû vivre dans les années 20 (Catherine Martin, aka Mme Baz Luhrman), un producteur plein aux as et teen credible (JayZ), et Sim City 1925 pour récréer le Long Island des Années Folles.

Dès le départ, Baz Luhrman marque déjà un point : son Gatsby est compréhensible. Après avoir lu le livre, et vu le film de Redford, il m’a fallu enfin celui-là pour comprendre l’intrigue de Gatsby le Magnifique. Certes, celle-ci est écrite au crayon gras et surligné au stabilo rose par le cinéaste australien ; c’est lourdement pédagogique, signifiant et sursignifiant. Au cas où vous n’auriez pas tout assimilé, Carraway (Tobey Maguire) vous explique en voix off ce qu’il y a à comprendre : « Là, Gatsby est triste, et là, ma cousine est triste aussi. » Mais comme chacun sait, Baz est un athée du cinéma ; il ne croit pas que le cinéma ou les comédiens peuvent dire des choses en silence dans un plan fixe de plusieurs secondes, et il cache donc son manque de foi derrière un montage saccadé estampillé djeune.

Certes, Luhrman s’est assagi par rapport au roller coaster Moulin Rouge, et il faut avouer que cette énergie convient ici parfaitement au propos swing du film et à ses héros surexcités de ces roaring twenties. Sex, whisky and jazz. Car c’est bien de cela dont parle Fitzgerald, cette jet set qui se défoule d’une Première Guerre Mondiale à laquelle – dans sa grande majorité – elle n’a pas participé. Sauf Gatsby, justement.

Luhrman aime filmer des fêtes orgiaques, et ça, il sait faire (Moulin Rouge). Il sait aussi coller de la musique actuelle (rap, funk, techno) sur ces fêtes jazz, et ça ne passe pas mal du tout.

Le design est parfait – comme d’habitude – mais oblige Luhrman à filmer chaque cafetière en gros plan, ce qui lui fait évidemment qu’il y a des personnages derrière ces tasses de café. Comme chez Ridley Scott deuxième période, ou chez Jean-Pierre Jeunet, autre accessoiriste maniaque, on est dans du cinéma de décorateur.

Que reprocher alors ? Le simple sentiment que le film ne m’est pas adressé. Une sorte de film pédagogique pour ado, Gatsby le Magnifique expliqué aux teenagers. Un film pour les écoles.