samedi 5 juin 2010


No Direction Home
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

« How does it feel
To be on your own
With no direction home
Like a complete unknown
Like a rolling stone?
»

Au début du documentaire de Martin Scorsese, Dylan dit ceci : « Beaucoup de gens disent avoir fui quelque chose, moi je crois que j’ai passé ma vie à rentrer à la maison. »

Le génie de Scorsese, qui n’a pourtant pas fait grand chose dans ce film, si ce n’est le monter, c’est de refuser les pièges du biopic : non il ne racontera pas tout Dylan, sa jeunesse et sa vieillesse, son « destin ». Non, il ne raconte qu’une seule chose, qu’une seule chanson : « Like a Rolling Stone », qui transforma Dylan en idole pop, tout en lui valant deux années d’injures quotidiennes sur scène de la part de ses fans de la première heure.

Qui peut résister à ça, sinon un garçon très intelligent, et très sûr de lui ? Après des mois à remplir les salles, avec ce public qui vient de plus en plus nombreux, et qui pourtant l’insulte tous les soirs (« Judas ! », « Traître ! » « Je ne te crois pas », répond-il), Dylan aura son mystérieux accident de moto. Il disparaîtra. Et ne fera plus de concert pendant huit ans.

Scorsese ne s’occupe pas de ça ; il conclut par ça. Conscient qu’une bonne dramaturgie préfère une bonne question à de mauvaises réponses.

Pendant les quatre heures de documentaires, qui ne couvrent donc que la période 61-66 (avec un peu d’enfance et d’adolescence), on écoutera les témoins (Pete Seeger, Al Kooper), les compagnes (Suzanne Rotolo, John Baez), et Dylan lui-même, mystérieusement normal, pour une fois. Pas de galipettes, pas de vacheries à la fin de chaque réponse. Un homme qui se penche sur son passé, pas une rock star. Rien que pour ça, Scorsese mérite une médaille.