jeudi 11 mars 2010


La Rafle : cinéma, abjection, et réalité
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Une affiche, signée de la Mairie de Paris, a attiré mon attention ce matin : « Rafle du Vel d’Hiv’, Paris se souvient »

Effort louable et pédagogique me direz-vous, sauf que la rafle ayant eu lieu le 17 juillet 1942, l’anniversaire est encore loin. Je me rapproche, et, oh, surprise ! Le visuel utilisé n’est autre qu’une photo tiré de La Rafle, le film qui sort aujourd’hui sur le même sujet.

Je n’ai pas d’avis sur le film de Roselyne Bosch, que je n’ai pas vu, mais la récupération politicienne (et promotionelle ?) me sort par les yeux.

Car si les mots et les images ont un sens, cette affiche est tout simplement une faute de goût et un scandale.

Faute de goût, parce qu’on ne peut pas illustrer une tragédie réelle (13 000 déportés, femmes et enfants compris, dont seulement 800 en reviendront) avec une photo de fiction. Quel plus beau signal envoyer aux révisionnistes de tout poil ?! Il existe pourtant des photos de cette rafle… Mais montrer des vrais policiers parisiens en pleine action pique peut-être un peu trop les yeux…

Quand au message, qui se souvient exactement ? L’anonyme « ville » de Paris ? La Mairie de Paris (dont le logo est très visible en haut de l’affiche) ? Les Parisiens eux-mêmes ? Et de quoi se souviennent-ils ? Du film dont l’image est en dessous…

En pleines élections régionales, cette récupération sentimentaliste est abjecte…