lundi 14 juillet 2008


Un Conte de Noël
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Bon cette chronique est un peu orientée, parce que, je l’avoue, j’aime Desplechin. Pire, j’ai toujours aimé Desplechin, et j’ai tout vu. Je l’aime depuis La Vie Des Morts, j’ai adoré Comment Je Me Suis Disputé, et j’ai même trouvé des choses intéressantes dans Léo, ou Esther Kahn.

Pourtant, il représente tout ce que nous détestons chez CineFast : ce cinéma germanopratin, bourgeois mais de gauche, empêtrés dans ses petits problèmes grotesques depuis Normale Sup’.

Mais une différence, et de taille : Desplechin a du talent, et même beaucoup de talent. C’est un grand metteur en scène, qui connaît les acteurs, sait les diriger, et même s’adapter (parfois) leur faibles capacités. C’est un chef de bande, qui sait caster quand il faut, là ou il faut*.

Ici, Desplechin a déplacé tout son cirque à Roubaix, contre tout attente. Mais sa famille est originaire de Roubaix, et finalement, c’est juste le décor qui change : un coup de TGV, et toute la mafia débarque chez les parents (Roussillon et Deneuve) pour fêter Noël. Un noël un peu spécial, comme dans Les Corrections. Cette fois-ci, c’est la mère qui est malade. La Deneuve, mère égocentrique, ancienne belle blonde ayant épousé un vieux riche, a besoin d’une transplantation de moelle osseuse. Problème : les donneurs ne sont pas légion : le fils indigne (Mathieu Amalric, génial comme d’hab’), tricard depuis cinq ans, est banni par la sœur vertueuse (Anne Consigny) pour un motif qui restera inexpliqué. L’autre donneur, c’est, bingo ! le fils ado de la bonne sœur, qui sort d’un séjour en hôpital psychiatrique. Que va choisir la mère ? Choix cornélien, ou plutôt tragédie grecque, car la mère s’appelle Junon. Le père c’est Abel, et l’ado, c’est Paul Dédalus, comme dans l’Ulysse de Joyce, ou Amalric dans Comment Je Me Suis Disputé, Ma Vie Sexuelle. Vous suivez ? Tant mieux, parce qu’il y a encore 2h30 comme ça.

C’est cruel, mais drôle, comme la famille. Car Desplechin a non seulement du talent, mais il sait rendre universel une histoire parfaitement personnelle, ancrée dans un milieu particulier qu’il connaît très bien. Ainsi ces querelles deviennent les nôtres, ces jalousies enfantines, ces rancoeurs tenaces, nous les partageons, et Desplechin tient sa dramaturgie de bout en bout, alors que le reste du film, aux mains d’un autre réalisateur moins doué, semblerait un peu foutraque. On alterne les plans, les dialogues sont travaillés, les comédiens s’amusent, et on arrive à passer du bon temps au milieu de cet univers au final très noir. C’est sûrement l’un des meilleurs Desplechin, et peut être l’un des meilleurs films de l’année…

*Une seule erreur au compteur : Emmanuelle Devos en grande bourgeoise dans Rois et Reines. Mais erreur réparée, puisqu’elle reprend sa place dans le freakshow desplechien, à sa juste place : la fofolle de service…




lundi 14 juillet 2008


En direct de Lost… (part two)
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Ne raccrochez pas, on ne va rien vous raconter de l’intrigue… C’est déjà suffisamment compliqué comme ça, et puis c’est pas le genre de la maison. Mais bon, la 4ème saison est partie sur des chapeaux de roues, business as usual. Seule petite nouveauté : la chaîne qui produit (ABC) leur a donné trois saisons pour… finir Lost. Incroyable mais vrai ? Trois saisons pour trouver une explication aux Chiffres du Loto, aux Morts Qui Quittent Leur Cercueil, aux Petits Nuages De Fumée Grise Qui Epargnent Les Ames Pures… C’est plus qu’il n’en faut, non ?
Mais pour le moment, le sujet n’est pas là ; nos héros se débattent dans leurs contradictions, leurs péchés « originels », je veux dire par là, leurs péchés d’avant l’île ; la rédemption est-elle possible ? Alors que désormais tout leur permet de sortir la tête haute, l’humanité, irrémédiable, incontournable, fait que chaque personnage n’en fait qu’à sa tête, souvent contre son propre intérêt et l’intérêt commun.

Lost a au moins ce mérite : nous faire philosopher, pour pas cher, chaque samedi soir, sur notre condition …




lundi 14 juillet 2008


Paris
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

« Un voyage, m’avait un jour expliqué un gérant de bed & breakfast* québécois, c’est un rêve. Vous rêvez de quelque chose, et si vous trouvez ce rêve en arrivant, alors votre voyage est réussi. Si vous n’aimez pas le Canada, c’est que vous n’avez pas trouvé ce que vous êtes venu chercher. »

Dans Paris, de Cédric Klapisch, on vient bien sûr pour la même raison. Voir, avec les yeux du plus parigot de nos cinéastes, la Ville-Lumière. Or, la carte postale (Moulin Rouge, Tour Eiffel…) n’est présente que sur l’affiche. L’intrigue pourrait aussi bien se dérouler à Grenoble ou à Lille. Et si on en ressort mi-chèvre mi-chou, c’est parce que le film dont on avait rêvé n’est pas au rendez vous.

Sur le papier, tout est bon : des sous, un casting de rêve (Luchini, Viard, Cluzet, Binoche), et Klapisch, pas toujours génial mais jamais mauvais.

Mais là, comme d’habitude avec les gros budgets*, Klapisch s’emmêle les pinceaux. Il court trop de lièvres à la fois : deux drames (Romain Duris et sa une transplantation cardiaque, un accident de la route), deux comédies (Luchini amoureux, Karin Viard qui recrute), et toute une série de vies qui défilent…

Mais où est le propos du film ? Paris, ville de contrastes ? Bof ! Rien sur le Paris bourgeois, du XVI° ou du VIII°. Paris, royaume de la mixité sociale ? Le sujet est effleuré et parfois de manière ridicule (les amourettes ouvrières-top model de Rungis, et pas affronté… Seul l’épisode du travailleur immigré tire son épingle du jeu, car elle apporte sa partie de conclusion au film… Sans propos, sans morale, le film est plaisant, mais pas génial. On ne suit qu’un véritable drame (celui de Duris, qui joue pourtant toujours aussi mal), on guette les performances d’acteurs (Binoche super, Viard géniale, mais quasi inutile, Luchini qui… luchinise à vide)

Moralité, n’est pas Shorts Cuts qui veut ! On a déjà vu mieux (Code Inconnu, de Haneke, Chacun Cherche son Chat, de Klaspisch, ou même, plus à droite mais mieux tenu : Fauteuils d’Orchestre.

Cela dit, le film n’est pas désagréable, il se laisse voir.

C’est tout, et c’est déjà pas mal…

*Il faudra un jour que je vous raconte ça : les méfaits du cinéma americain sur le cerveau dérangé du Pr Ludovico…

** Remember Peut Etre




lundi 14 juillet 2008


14 juillet
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les gens ]

Déjà que c’est assez pénible comme ça, le 14 juillet à la télé. Devoir supporter une telle avalanche de propagande martiale autosatisfaite qu’on se croirait fin août 1939… surtout quand on connaît l’état actuel – moral et matériel – de nos armée… Mais là, il a fallu se taper Kad Merad. On n’a rien contre le bonhomme, plutôt sympathique et drôle au demeurant, mais aujourd’hui, il a raté une occasion historique de se taire.

Convié à lire la Déclaration des Droits de l’Homme de l’ONU, sa prestation fut minable ; il ne connaissait pas son texte, et se contentait de le lire, un enfant aurait fait aussi bien. Mal joué, mal filmé, mal costumé (c’est quoi ce costard gris ?), mais surtout mal casté. Pourquoi Merad ? Est-il beur, dans la tête de notre metteur en scène en chef, j’ai nommé Nicolas Sarkozy. Est-il bankable ? (TF1 le présente comme « Kad Merad, de Bienvenue chez les Ch’tis »). Est-il de gauche, nouvelle cible de l’ouverture tout azimut ? Car on suppose, peut-être à tort, que notre President-Animateur-Producteur a forcément validé ce petit one man show. Eh bien c’est raté…

Bon, mais comme dit Madame la Professore, le Président, à force de vouloir vivre par le showbiz, finira par périr par le showbiz….