mercredi 19 septembre 2007


Le Nouvel Hollywood / Sexe, Mensonges et Hollywood
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip -Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les gens ]

Connaissez vous Peter Biskind ? Ancien rédacteur en chef de Premiere USA, il est l’auteur de deux livres tout à fait passionnants sur le cinéma US : Easy Riders, Raging Bulls (Le Nouvel Hollywood), et Down and Dirty Pictures (Sexe, Mensonges et Hollywood)*. J’ai lu le premier, je suis entrain de finir le deuxième. Le premier, comme son nom l’indique, raconte la prise du pouvoir à Hollywood par Scorcese, Coppola, Spielberg et Lucas dans les années 70 ; c’est très certainement le meilleur, car très orienté sur les réalisateurs et les tournages. Toute la magie du cinéma y est. On y apprend, entres autres, que la Paramount ne voulait pas d’acteurs italiens dans le Parrain, que George Lucas est malheureux comme une pierre depuis le succès de Star Wars (il aurait voulu faire « autre chose »), que Steven Spielberg est le seul sa génération à s’en être sorti à peu près indemne (en écrasant gentiment tout le monde)…

Down and Dirty Pictures narre pour sa part la naissance et la chute du cinéma indépendant, au travers, tout particulièrement de Miramax et du festival Sundance. On y découvre plutôt les coulisses business du cinéma : acquisitions de films, post-production, doublage, montage, contrats, distribution. Mais c’est tout aussi passionnant : On y découvre ainsi Harvey Weinstein en Tony Soprano du cinéma indépendant menaçant de mort à peu près tout le monde, Redford en star de la procrastination, refusant de déléguer quoique ce soit à Sundance, mais jamais là pour prendre une décision, Steven Soderbergh triste de recevoir une Palme d’Or, et le jeune Quentin T., qui passe instantanément du vidéo-club aux neiges éternelles d’Hollywood. Et on y découvre surtout l’incroyable paradoxe Miramax, produisant à la fois Scream et Sexe mensonges et Video, Kids de Larry Clak et Scary Movie, Shakespeare in Love et Clerks… Une maison qui attire les cinéastes en leur offrant le final cut mais en« améliorant » sans vergogne les films à la post-production, une maison passionnée de cinéma, amoureuse des artistes mais refusant à les payer, même après 100 M$ de recettes…

Le génie tout américain de Biskind est de faire des livres à la fois sérieux et pas chiants. Sérieux parce qu’il analyse, avec force détail, citations et chiffres à l’appui, l’évolution d’une industrie. Pas chiant parce que c’est raconté avec style, mêlant analyse, anecdotes et portraits.

Une plongée en enfer à lire deux fois avant d’intégrer le « merveilleux métier de la scène et du spectacle…  »

si vous êtes fluent in english, je ne saurais trop vous conseiller de les lire en VO. En effet, First amendment oblige, Biskind n’a pas été censuré contrairement à la France. Il peut ainsi écrire des phrases du type « Jack Nicholson se shootait toute la journée », sans risquer un procès…