mercredi 20 mai 2015


Mad Men, 7 saisons en Ligue 1
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Hier c’est terminé la grande saga de Don Draper. 1963-1970, sept saisons des Mad Men : le portrait d’une décennie, mais bien plus que ça, évidemment. Pas seulement la déconstruction des fifties trop idéalisées, ou le deuil des sixties, mais un autoportrait. Celui de nos parents, et de leurs vies coincées de l’après-guerre, mais surtout le portrait de nous-mêmes, le portrait de toutes les vies. Car, comme nous l’avions dit, ces Hommes Fous sont nos frères.

À l’heure où une série tire sa révérence, une question subsiste : avons-nous vu une grande série ? Elle peut nous avoir fait vivre des émotions considérables (comme Lost) et rester une œuvre peu importante (comme Lost). Ce qui décide de cela, c’est le final. La fin du dernier épisode doit être en cohérence avec les valeurs intrinsèques de la série. C’est important dans un film, mais c’est très important dans une série. Par ce que l’investissement consenti par le spectateur est énorme. 92 heures à imaginer ce qu’il va arriver à Don. Va-t-il enfin coucher avec Peggy ? Va-t-il se suicider ? Ou pire, monter sa boîte ? Selon la réponse, le spectateur sera satisfait ou déçu pour toujours.

Seules les grandes séries atteignent cet objectif. Elles savent proposer une fin en tout point conforme avec la destinée que nous imaginions pour chacun des personnages.

Avec les Mad Men, l’enjeu est énorme. La série a depuis toujours, comme on dit, fait « appel à l’intelligence du spectateur » ; pas question d’y déroger aujourd’hui.

Respectant les règles de la dramaturgie Matthew Weiner a fait lentement monter la sauce dans cette saison 7. En plaçant subtilement tous ses personnages sur des trajectoires que l’on a pu deviner (Pete) ou qui ont créé la surprise (Betty).

De même, Weiner a gardé les enseignements de son mentor, David Chase, en proposant une fin ouverte, laissant toute place à l’interprétation.

Maintenant, Mad Men est-elle la plus grandes des séries ? En tout cas elle rejoint l’Olympe : moins engagée que Sur Ecoute, moins dramatique que Six Feet Under, moins drôle que Ally McBeal, la grande qualité de Mad Men est de n’avoir jamais chuté, (contrairement à ce que laissait entendre son générique) : pas d’épisode fantasque (comédie musicale des X-Files), pas de saison ratée (Six Feet Under), pas d’intrigue bizarroïde (Sur Ecoute saison 5). Une fois qu’on a dit ça, il ne reste qu’un seul véritable adversaire aux hommes de Madison Avenue : une autre sorte de mafia new-yorkaise, les Soprano. Et comme Matthew Weiner a appris le métier sous la férule de David Chase, on acceptera volontiers que nos publicitaires et nos mafieux soient premiers ex æquo.


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