samedi 21 janvier 2017


The War Room
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Brèves de bobines -Les films -Séries TV ]

A regarder en ces temps difficiles pour l’Amérique, la campagne de Clinton de 1992 vue de l’intérieur par un très grand documentariste, DA Pennebaker. Coups bas, intrigues, motivations des troupes, tout est dans The War Room. Un Primary Colors en vrai.

Et on y découvre l’excellent James Carville, l’excellent protagoniste de K Street, la série de Soderbergh sur les lobbys de Washington.




vendredi 20 janvier 2017


De la démocratie en Amérique
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

« Il y a un passage très périlleux dans la vie des peuples démocratiques.Lorsque le goût des jouissances matérielles se développe chez un de ces peuples plus rapidement que les lumières et que les habitudes de la liberté, il vient un moment où les hommes sont emportés et comme hors d’eux-mêmes, à la vue de ces biens nouveaux qu’ils sont prêts à saisir. Préoccupés du seul soin de faire fortune, ils n’aperçoivent plus le lien étroit qui unit la fortune particulière de chacun d’eux à la prospérité de tous. Il n’est pas besoin d’arracher à de tels citoyens les droits qu’ils possèdent ; ils les laissent volontiers échapper eux-mêmes(…) 

« Si, à ce moment critique, un ambitieux habile vient à s’emparer du pouvoir, il trouve que la voie à toutes les usurpations est ouverte. Qu’il veille quelque temps à ce que tous les intérêts matériels prospèrent, on le tiendra aisément quitte du reste. Qu’il garantisse surtout le bon ordre. Les hommes qui ont la passion des jouissances matérielles découvrent d’ordinaire comment les agitations de la liberté troublent le bien-être, avant que d’apercevoir comment la liberté sert à se le procurer ; et, au moindre bruit des passions politiques qui pénètrent au milieu des petites jouissances de leur vie privée, ils s’éveillent et s’inquiètent ; pendant longtemps la peur de l’anarchie les tient sans cesse en suspens et toujours prêts à se jeter hors de la liberté au premier désordre.  

« Je conviendrai sans peine que la paix publique est un grand bien ; mais je ne veux pas oublier cependant que c’est à travers le bon ordre que tous les peuples sont arrivés à la tyrannie. Il ne s’ensuit pas assurément que les peuples doivent mépriser la paix publique ; mais il ne faut pas qu’elle leur suffise. Une nation qui ne demande à son gouvernement que le maintien de l’ordre est déjà esclave au fond du cœur ; elle est esclave de son bien-être, et l’homme qui doit l’enchaîner peut paraître. (…)

« Il n’est pas rare de voir alors sur la vaste scène du monde, ainsi que sur nos théâtres, une multitude représentée par quelques hommes. Ceux-ci parlent seuls au nom d’une foule absente ou inattentive ; seuls ils agissent au milieu de l’immobilité universelle ; ils disposent, suivant leur caprice, de toutes choses, ils changent les lois et tyrannisent à leur gré les mœurs ; et l’on s’étonne en voyant le petit nombre de faibles et d’indignes mains dans lesquelles peut tomber un grand peuple…»

Alexis de Tocqueville, De la Démocratie en Amérique, Livre II, 1840 




vendredi 20 janvier 2017


Miguel Ferrer
posté par Professor Ludovico dans [ Les gens ]

Il avait traîné sa carcasse de ci de là dans un paquet des films et des séries que nous aimions, de Robocop à Magnum en passant par Traffic. Récemment, il jouait dans quelque chose moins à notre goût : NCIS, Los Angeles.

Mais ce que nous n’oublierons pas, ce sont ses apparitions mémorables en Albert Rosenfield, collègue du FBI de l’agent Cooper, et notamment cet échange culte avec le shérif Truman. Après avoir copieusement insulté les bouseux de Twin Peaks, il fait au sherif, qui menace de le frapper pour de bon, cette étrange profession de foi :

I choose to live my life in the company of Gandhi and King. My concerns are global. I reject absolutely revenge, aggression, and retaliation. The foundation of such a method… is love.




mardi 17 janvier 2017


It Follows
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

It Follows faisait partie de la ToDo list de 2016 ; une affiche accrocheuse et une réputation flatteuse. Mais voilà encore une bonne résolution passée au chapitre des pertes et profits, suite à un emploi du temps cinéphilique surchargé. It Follows passe sur Canal, mais, là aussi, on laisse filer, arguant – avec une certaine mauvaise foi – qu’il faut être dans de bonnes dispositions pour regarder un film d’horreur.

Mais voilà, plus que deux jours : bien obligé de s’y mettre ce vendredi soir, malgré la fatigue. Depuis des années, je regarde les films en plusieurs fois, programmé que je suis par le format série qui m’empêche de regarder plus d’une heure la même chose.

Impossible de faire ça avec It Follows. Il est même difficile de se lever pour aller se ravitailler en gâteaux secs. Car le film de David Robert Mitchell est non seulement une merveille de film d’horreur, mais c’est une merveille cinématographique tout court. Splendide visuellement, mais sans esbroufe, It Follows parvient à réhabiliter le zoom comme forme cinématographique, ou à instiller une horreur sans nom par d’inquiétants panoramiques à 360°. Quiconque aura vu It Follows ne regardera plus jamais en arrière sans un soupçon de terreur.

La musique du film, elle aussi, est inouïe, au sens premier du terme. Expérimentale, mais audible. Pareil, on n’achètera pas la BO, de peur de ne plus jamais dormir.

Il y a aussi les jeunes comédiens, excellents (Maika Monroe, Keir Gilchrist, Jack Weary), et un scénario basé sur un pitch génial, dont malheureusement on peut rien dire, car c’est de l’effet de surprise et que naît la fascination pour It Follows.

Du haut de notre cinémathèque personnelle (2905 films au compteur), il est coutumier de sombrer dans le « pas mal, mais déjà vu chez… ». Ça n’arrivera pas ici : on n’a tout simplement jamais vu ça au cinéma. Le talent de David Robert Mitchell est, comme le Kubrick de Shining, ou, plus récemment, le Richard Kelly de The Box, est de prendre le genre au sérieux. Mitchell fait un film, pas un film d’horreur. Il filme des personnages, pas des victimes. Pas des ados Génération Y brainless, mais des personnages avec une âme, des tourments et les pulsions morbides de l’adolescence. Et propose pêle-mêle, en sous-texte, le trouble que le sexe engendre en ces temps de sida, l’angoisse de la banlieue pavillonnaire, la peur de l’océan ou l’occident en ruines, post-apocalyptique, vu de Detroit.

On pourra aussi, une fois qu’on l’aura vu, traîner sur Internet pour découvrir des richesses qu’on n’aurait pas forcément remarquées. Au cas où l’on n’aurait pas compris qu’It Follows est un très grand film.




dimanche 15 janvier 2017


The Walking Dead, saison 2
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Les acteurs français sont souvent comparés – défavorablement – avec les acteurs américains ; notamment dans ces colonnes. Pourtant, il est un endroit où l’on peut admirer de très mauvais acteurs américains : The Walking Dead. C’est criant dans ce début de saison deux, un véritable étalage de contre-performances. Tellement étonnant de voir Jon Bernthal (qui joue à la fois dans The Walking Dead et Show me a Hero), mauvais comme cochon dans l’un, et très bon dans l’autre*.

C’est tout bête, un acteur, c’est un violon : il faut un bon archet (le réalisateur) et une bonne partition (les dialogues) pour produire une mélodie harmonieuse. Bernthal est ici très mal servi par les discours à l’emporte-pièce sur la vie et la mort. Ce qui, en soit, est  une excellente adaptation de la BD de Robert Kirkman et Charlie Adlard. Elle aussi, ne faisait pas la fine bouche sur une phrase sentencieuse ou sur un bon cliché philosophico-métaphysique.

La série, parait-il, ne cesse de s’améliorer. Faut-il la regarder jusqu’à la saison 7 pour se faire un autre avis ?

* ou dans Fury, Le Loup de Wall Street ou Sicario




samedi 14 janvier 2017


Manchester by the Sea
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Quand Notre Agent au Kremlin et le Prince d’Avalon vous demandent d’aller voir Manchester by the Sea, on n’a pas trop le choix. Sauf à vouloir encourir d’intenses représailles, comme le blocus de la machine à café ou la privation de Topten.

Naan, j’déconne. J’allais le voir, ce film, tout simplement parce qu’il y avait Manchester dans le titre, Joy division, Happy Mondays, etc. Le temps de réaliser que Manchester by the Sea, c’est plutôt dans le Massachusetts, avec le petit Affleck, Boston, et les Celtics. C’est pas grave, je suis déjà dans la froidure de l’hiver, bien au chaud dans le 86, direction MK2 Bastille.

On aime Casey Affleck, on aime ses films, on aime son frère, on aime les films de son frère avec lui dedans. Et s’il n’y a pas de Ben Affleck à l’horizon, on est prêt à y aller quand même. Le début du film est assez décevant. On connait le jeu minimaliste de Casy Affleck, on sait qu’il ne jouera jamais Iron Man ou Tony Montana, mais on est étonné par le manque d’émotion que procure son jeu. Évidemment, c’est un leurre qui sera bientôt expliqué. Enfin, bientôt, c’est beaucoup dire : il faudra presque une heure pour comprendre les tenants et les aboutissants de cette histoire. Ce n’est pas ici, à CineFast, que l’on va se plaindre : cette heure toute en subtilité, en flash-back, va nous révéler patiemment cette histoire.

Si celle-ci est classique (Lee Chandler, un quadra solitaire retourne dans sa ville natale pour hériter de son frère, on comprend qu’il n’est pas le bienvenu), sa résolution ne l’est pas du tout. On est dans le terrain connu du mélodrame, mais si Kenneth Lonergan* semble un moment jouer des pistes habituelles de la rédemption hollywoodienne (travail, couple, famille), ces pistes en réalité, ne mènent nulle part.

Et c’est évidemment cette sécheresse affective qui contribue à l’énorme réussite du film. Nous aurons nos explications, mais nous n’aurons pas la fin que nous attendons. Et elle sera jouée de façon parfois très sobre, parfois totalement incandescente, par des comédiens d’exception qui se contentent parfois d’un tout petit rôle (Kyle Chandler, Michelle Williams).

Le buzz n’avait pas tort, Notre Agent au Kremlin et le Prince d’Avalon non plus : il faut aller voir Manchester by the Sea.

* Scénariste de Gangs of New York et … Mafia Blues




jeudi 5 janvier 2017


Bilan 2016
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

20 films cette année. C’est dire que le Topten va être facile cette année. 20 films moins 10 Top ten et moins 5 Bottom Five = 5 film à éliminer de ma très short list. La concrétisation d’un désamour du cinéma dans ces colonnes, qui me semble de plus en plus puéril, inachevé, aux personnages inexistants et aux formules toutes faites.

Qu’on soit bien clair : ce n’est pas un désamour du cinéma, ou de la chose filmée en général. J’ai vu une trentaine de long métrages à la télé, pour la plupart des classiques : Wings, Le Voyeur, Pas de Printemps pour Marnie, Sixteen Candles… J’ai vu surtout – peu ou prou – 120 heures de séries cette année, c’est à dire l’équivalent de 60 films ! Et J’ai lu une cinquantaine de livres, notamment sur le cinéma : Retour à babylone, Movie Wars, Seinfeldia, Hollywood sur Nil, L’anticyclopedie du cinéma

Non, c’est bien ce cinéma disparu des années 70-90, celui des auteurs américains first class (Coppola, Kubrick, Cimino) ou indépendants (Hal Hartley, David Lynch) tout autant que celui des grosses machines au bon goût de hamburger* (Spielberg, les frères Scott, Simspon&Bruckheimer) qui manque désormais.

Mais tant pis, never give up, never surrender

* Seul Deepwater entre dans cette case cette année. Symptomatiquement, le film de Peter Berg a été un échec aux Etats Unis.




dimanche 1 janvier 2017


The Affair, saison 3
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

On se demandait comment The Affair allait pouvoir adapter sa formula – très contraignante – sur plusieurs saisons. On sait que c’est désormais chose faite. Non seulement les auteurs (Hagai Levi, Sarah Treem) jouent avec, en alternant pas forcement deux personnages qui se croisent dans les deux parties d’un épisode. Mieux, ils se permettent avec talent de sortir du simple contexte de cette affair, cet adultère qui tourne au drame, pour en tirer les conséquences, sur des années s’il le faut.

Pourquoi ça marche ? Parce que les personnages sont très solidement construits, et encore plus solidement interprètes. Au delà des personnages principaux, on prendra pour exemple Jennifer Esposito, qui joue la sœur de Noah. Cette actrice, qu’on avait vu jusque-là plutôt dans Rescue Me ou NCIS – pas forcément les parangons d’un acting raffiné -, prend de l’ampleur dans cette saison trois. Le peu qu’elle avait dans la saison deux est suffisant pour construire une relation frère/sœur complexe, et c’est tout naturellement l’un des arguments de cette nouvelle saison. Et on pourrait multiplier les exemples avec la femme de Noah, ses fils, etc.

A ce rythme-là, The Affair peut durer encore longtemps.




samedi 31 décembre 2016


Passengers
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

2016 avait commencé par une révélation ; elle finit par une confirmation. Oui, Jennifer Lawrence est la grande actrice que l’on pressentait. Il faut la voir surnager dans Passengers – dans tous les sens du terme -, et dominer, de la tête et des épaules, le reste du cast.

Car Passengers, c’est la bonne surprise de cette fin d’année. C’est l’oustsider, bon dernier au Moulin de Longchamp, qui finit dans les trois premiers au Grand Prix de Paris…*

Seul le Théorème de Rabillon peut vous pousser à aller voir Passengers : un bon film de SF ne se rate pas, et un mauvais film de SF ne se rate pas non plus. Là ça commence très mal, c’est-à-dire le pompage version plastique/polystyrène du début d’Alien. Rien de moins. Un vaisseau interstellaire s’éveille ; ses passagers, en vie suspendue dans des cercueils cryogénisés (2001, Alien,…) dorment depuis des années.

Mais en voilà un qui se réveille. C’est Chris Pratt. Oups, le vaisseau n’est pas encore arrivé à destination (Alien). Allons donc voir ce qui se passe dans la cabine de pilotage Ikéa (Star Trek). La déco, hyper stylisée, ferait passer Cosmos 1999 pour un chef d’œuvre naturaliste.

Mais passé l’énervement du CineFaster après une poignée de minutes, on commence à comprendre. Une volonté pastiche se fait jour. Malheureusement, on ne pourra pas en dire plus sans déflorer l’intrigue originale de Passengers, une variation détonante sur le voyage interstellaire, façon Costa Concordia. L’intérêt principal étant l’arrivée de Miss Lawrence, et pas seulement pour quelques scènes de baignade mémorables. Notoirement surcastée pour ce film de genre, elle apporte son incroyable palette à un film qui serait pâlot avec une autre actrice.

On oubliera aussi l’avant dernier chapitre du film, particulièrement raté (encore une fois on ne peut pas dire pourquoi). On dira seulement ceci : s’il fallait le réalisateur d’Imitation Game** pour tirer le plus grand parti de Mr Pratt and Mrs Lawrence, il eut fallu confier cette partie orientée « action » à quelqu’un de plus compétent, au hasard, JJ Abrams.

Que cela ne vous prive néanmoins pas d’aller voir ces Passengers, car là n’est pas son principal intérêt.

* relire Paris Turf, SVP.
** Film culte du Framekeeper, on attend toujours la conférence-débat




mercredi 28 décembre 2016


Carrie Fisher
posté par Professor Ludovico dans [ Les gens ]

Je ne suis pas fan de Star Wars. Je n’ai jamais fantasmé sur la Princesse Leia en Bikini, contrairement à certains Friends. Carrie Fisher n’était pas une grande actrice, c’était une fille de star (Debbie Reynolds) qui, comme beaucoup, a vu une partie de sa vie détruite par les lumières du stardom.

Pourquoi être si triste, alors ? Peut-être parce que le personnage de Leïa Organa était très proche de la femme Carrie Fisher ; une princesse, oui, mais une princesse qui disait aux petites filles, n’attends pas le Prince Charmant, et ne demande pas aux hommes de sauver la Rébellion ! Prends un pistolaser et fais-le toi-même ! Et si tu es amoureuse d’un grand malotru parce qu’il a une veste en cuir, ne le laisse pas te marcher sur les pieds.

Au milieu d’un film basé sur des archétypes (le héros blond au cœur pur, le grand méchant vêtu de noir, le malandrin au grand cœur), Carrie Fisher créait un personnage comme on n’en avait rarement vu dans les contes de fée.

Adieu donc, Princesse, and may the force be with us.