samedi 7 novembre 2009


La Nuit des Rois
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Quatre cent ans après, le plus génial scénariste Hollywoodien bande encore : il s’appelle William Shakespeare. Rien n’a vieilli dans La Nuit des Rois, relookée Années 30 par Nicolas Briançon, au théâtre Comedia*

Une histoire invraisemblable : une jeune fille, Viola (Sara Giaudeau) se déguise en homme pour servir le duc Orsino. Mais elle tombe amoureuse de lui. Pas de chance : lui est amoureux de la comtesse Olivia, qui, évidemment, ne l’aime pas mais qui tombe amoureuse de Viola, qu’elle prend évidemment pour un homme.

L’amour, toujours l’amour : être aimé de ceux qu’on aime pas, et ne pas aimer assez ceux qui nous aiment**…

Et puis le théâtre, la pièce dans la pièce :

– Are you a comedian ?
– I’m not what I play…

Shakespeare vaut toujours le coup qu’on se déplace, et ici, comme c’est bien joué, qu’attend-on ? Car le théâtre possédera toujours cet avantage face au cinéma : il n’y pas ce quatrième mur (l’écran) entre nous, et eux, les comédiens…

*l’ancien théâtre Eldorado, salle rock mythiquee des années 80

**Entre-temps, la Professorinette est venue me voir avec une photo de Sara Giraudeau, me disant qu’elle avait vu aussi dans un film une fille comme Sara, déguisée en homme elle aussi. C’était évidemment une adaptation de La Nuit des Rois, dans un collège US, version teen-movie : She’s the Man.




samedi 7 novembre 2009


La Guerre des Mondes
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Brèves de bobines -Les films ]

Les cinq dernières minutes de La Guerre des Mondes qui passait lundi sur TMC, même en VF, même en basse définition, m’ont confirmé dans l’idée que l’adaptation de HG Wells est un chef d’œuvre méconnu de Steven Spielberg. Pourtant, ces cinq dernières minutes, c’est bien ce qu’on lui reproche : la happy end, la réconciliation familiale, Tom Cruise et tout le reste.

Pourtant le regard halluciné de Cruise, sur l’avant-dernier plan de film, son hallucination d’être vivant au milieu de cet holocauste, valent mieux que les jugements entendus à sa sortie.

On rendra grâce un jour au talent de Spielberg dans cette Guerre des Mondes-là : un grand film sur l’extermination, sur la fin de l’héroïsme US, sur la sauvagerie qui guette même les grandes nations démocratiques comme l’Amérique*. Il faut revoir d’urgence La Guerre des Mondes

*en attendant l’adaptation prochaine du chef d’œuvre de Cormac McCarthy, La Route.




lundi 2 novembre 2009


Jeunet : Le Cercle à la rescousse !
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les gens -Pour en finir avec ... ]

Un samedi d’insomnie, et nous voilà devant Le Cercle, une des bonnes émissions du PAF sur le cinéma. Des critiques d’horizons variés (Positif, Le Parisien, Le Nouvel Obs, France Culture), des jeunes et des vieux, des intellos mais pas que…

On parlait donc du Jean-Pierre Jeunet, Micmacs à Tire-Larigot, que, pour ma part, je n’irai pas voir. Mais bon, c’est bien de ne pas se sentir tout seul face à la promo.

C’est François Begaudeau, dont je n’ai toujours pas vu le film, qui porta l’estocade, avec un joli talent de rhéteur. Il est prof de français, ce n’est pas pour rien non plus…

Quelques instants auparavant, Philippe Rouyer, le critique de Positif qui avait aimé Micmacs à Tire-Larigot, avait décortiqué une scène du film en signalant que Jeunet, justement, s’était gentiment moqué des critiques « qui voient parfois dans les films des choses que le réalisateur n’a même pas voulu mettre ».

J’aurais dû bondir devant cette définition plagiaire de CineFast, mais c’est François Begaudeau qui le fit. « C’est bien ça le problème de Jean-Pierre Jeunet », dit-il, « Il ne peut tout simplement pas comprendre que l’on voit autre chose que lui dans son film, parce qu’il veut tout contrôler ! Tout ce qui est à l’image ! Le décor, les costumes, les acteurs, tout est millimétré ! C’est ça qui est chiant dans les films de Jeunet ! Mais ce qu’il veut mettre, lui, dans son film, on s’en fout ! Ce qui est intéressant, c’est ce que NOUS, spectateur, on y voit ! » et d’enfoncer le clou plus tard à propos des acteurs, Omar Sy (de Omar et Fred) et Julie Ferrier : « Ça aussi c’est symptomatique du cinéma de Jeunet ! Prendre un type comme Omar, qui a un énorme potentiel comique, et l’obliger à ne parler qu’avec des proverbes, ou Ferrier, l’obliger à jouer seulement la femme-caoutchouc, c’est dommage. C’est résumer chaque personnage à un cliché. Jeunet n’attend pas que ses acteurs lui amène quelque chose. Il n’a pas confiance dans ses acteurs… il n’a confiance qu’en lui-même. C’est pour ça qu’il veut tout contrôler… »

Je biche… Ça se voit ?

PS On avait déjà abordé le problème Jeunet, dans cette chronique « Jeunet : Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? » consacrée à Un Long Dimanche de Fiançailles).

Le Cercle
Vendredi à 22h20 sur Canal+Cinéma




lundi 2 novembre 2009


Braquo (4)
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Il fallait que ca arrive : Braquo dérape, Braquo vire gnangnan. La semaine dernière, à force d’épreuves accumulées, leur dénouement heureux n’en a paru que plus ridicule. Les enjeux (le DVD, le bébé, la séparation du couple), surmultipliés, les réactions, outrées, les sentiments, trop bons dans ce monde de brutes, ont coulé la série…

Espérons que tout ça sera rattrapé par un cliffhanger de fin de saison, ce soir…

Braquo
Tous les lundis sur Canal+, 20h45




dimanche 1 novembre 2009


Démineurs
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Kathryn Bigelow a un parcours exceptionnel à Hollywood : femme réalisatrice (il y en a peu), de films d’action à gros budget (il y en a très peu), qui ont tous un petit supplément d’âme. Kathryn Bigelow est unique, avec un parcours jusqu’ici sans faute. Il fallait bien un jour trébucher. C’est chose faite aujourd’hui avec Démineurs, un film le cul entre deux chaises, un film de guerre très fort, et qui pourtant n’émeut pas…

Voulant rompre avec le modèle Hollywoodien qui lui avait pourtant réussi (Point Break, K-19), les stars hard-boiled qui avait fait son succès (Harrison Ford, Jamie lee Curtis, Patrick Swayze), une certaine façon classique de filmer (Le Poids de l’Eau), Kathryn Bigelow s’égare avec Démineurs, qui sacrifie à la mode de la caméra portée, du film sans histoire, des personnages aux motivations vagues. On veut se la jouer cool, avec un sujet hot, et on ennuie son monde.

Il y a pourtant la matière, et les thématiques favorites de madame Bigelow : des mecs virils (quoi de plus couillu qu’un démineur ?) risquent leur vie en Irak, pour une guerre qu’il ne comprennent pas, et pour sauver des gens qui ne les comprennent pas. Pourtant, ils en redemandent, car, comme le dit pompeusement le générique : La Guerre est une Drogue. Toute ressemblance avec la guerre du Vietnam, mais surtout les films sur le Vietnam, n’est pas fortuite.

Car la génération actuelle n’arrive pas à trouver le film qui définira une génération : Jarhead surfait sur Apocalypse Now et Full Metal Jacket, et Voyage au Bout de l’Enfer, sans jamais vraiment choisir. Démineurs fait de même, dans un style pseudo journalistique…

Côté motivation des personnages, on ne saura rien, sinon que « La Guerre est une Drogue ». L’arrivée d’Evangeline Lilly en femme à soldat au dernier tiers du film, n’apportera aucun éclairage sur les motivations du sergent James (ce que Jarhead essayait de faire, en revanche…)

Au final, le film se laisse voir, mais on attendait mieux de Madame Point Break.




dimanche 1 novembre 2009


Braquo (3)
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Braquo continue sur la voie de l’excellence, même si des fissures apparaissent. Ces fissures sont-elles les failles de demain, annonciatrices de l’effondrement de la pyramide d’Olivier Marchal ? On ne sait.

Le traitement est toujours impeccable, froid comme l’hiver, souligné par une formidable musique (d’Erwann Kermorvant), une photo et un étalonnage sombre qui soulignent l’ambiance désespérée de Braquo. Mais comme le faisait remarquer la CineFasteuse Alex, back in black as always, ce formidable désespoir pourrait permettre de cacher les trous dans le scénario.

Car en copiant ostensiblement The Shield, Marchal hérite aussi des défauts. Ainsi, il charge dangereusement sa barque d’enjeux, et risque le naufrage pur et simple. Nos amis de la PJ, qui ont déjà l’IGS aux fesses, trois meurtres sur le dos, des petits problèmes de drogue personnels, des couples à la dérive, se rajoutent de l’action là où il n’en faudrait peut être pas. L’autre soir Caplan (Jean-Hughes Anglade) s’est pris une grenade, le lendemain il sort de l’hôpital pour sauver son pote, le soir, il protège la call-girl qui lui a fourni un alibi… C’est ce qui fait le malheur des séries de Shawn Ryan (Nip/Tuck et The Shield) : certes, la surenchère crée du rythme et accroche le spectateur dans les premiers épisodes, mais mène fatalement au ridicule à long terme.

De même, la noirceur du propos, mais aussi la noirceur esthétique (blousons noirs, pulls noir, cafés noirs), peuvent finir par devenir grandiloquents et finalement dévaloriser l’ensemble.

Mais on n’en est pas la : ne boudons pas notre plaisir et regardons Braquo

Braquo
Tous les lundis sur Canal+, 20h45




lundi 26 octobre 2009


I Love Huckabees
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Quoi de plus consternant que le cinéma américain qui se la joue « arty »?

Après avoir lu le chapitre sur David O. Russell dans Les Six Samouraïs, j’ai eu envie de voir ce film, réalisé en 2004, juste après le semi-échec Les Rois du Désert.

Pire, il y avait A.G. de CineFast mardi chez le FrameKeeper, et il y a eut consensus sur ce film. Cela aurait du nous mettre la puce à l’oreille, car CineFast est un champ de bataille, et pas un Woodstock de la cinéphilie. De même, Sharon Waxman décrit I Love Huckabees comme un film d’une grande profondeur… Suspect, non ?

Bref, après dix minutes (six cent secondes) de projection, Michel Vaillant et moi-même étions prêts à jeter Bob l’éponge, mais le Snake et Framekeeper, hardcore comme toujours, ne pipaient mot. Nous avons pris ce stoïcisme pour une incitation zen à aller jusqu’au bout de la douleur, et de toutes façons, il était déjà 23h, donc impossible de mettre l’intégrale Dogma dans le lecteur…

C’est bien beau tout ça, mais le CineFaster qui est resté jusqu’à cet instant de la chronique se demande encore ce qu’on peut bien reprocher à I Love Huckabees

En fait, tout. Derrière les bonnes intentions (faire un film existentiel « guilleret »), O. Russel produit un pensum pas drôle.

S’agiter, ce n’est JAMAIS faire du cinéma… I Love Huckabees fait partie de ces films hystériques et causeurs dont Keneth Branagh s’est fait la spécialité, avec, la plupart du temps, beaucoup plus de brio. Ici les personnages cabotinent, et ils sont bons à cela : jason Schwartzman, Lili Tomlin, Dustin Hoffman, Mark Wahlberg, Isabelle Huppert. Mais réunir un casting de stars, réunir un casting de pros, ne suffit pas non plus. Les dialogues, assénés pendant l’intégralité du film (pas un silence, pas un temps mort), sont creux, alors qu’ils croient justement profonds et intelligents. O. Russell voudrait être Wes Anderson, mais il ne l’est pas. Loin de là… A mi-parcours, je me suis endormi, tellement c’était vif et audacieux.

Non, ce genre de film mérite des spécialistes, le plus souvent européens, ou qui s’en approchent (Hal Hartley)…

Ce n’est pas donné à tout le monde…




dimanche 25 octobre 2009


Un Village Français, saison 2
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Un Village Français, c’est reparti. Rien que le titre de cette chronique pique les yeux, sachant qu’il s’agit de notre propre histoire : je doute que nos parents aient eu conscience d’attaquer la saison deux de l’occupation allemande en janvier 1941.

C’est tout le génie de cette merveilleuse série : un point de vue impeccable, inédit, sur cette période. Par ailleurs, la mise en scène est quelconque, les acteurs aussi, mais le scénario, le texte, les dialogues, sont aux petits oignons.

Un exemple dans le premier épisode de la Saison 2, on traite de la spoliation de juifs de manière presque anecdotique : on offre au fils de Marcel – le militant communiste – un jouet d’occasion à la brocante, qui pose les bonnes questions au collabo qui lui offre : d’où vient ce jouet ? Où est le petit garçon qui le possédait ? S’il revient, devrais-je lui rendre ? Le flic a du mal à lui répondre, car il n’en est pas très sûr lui-même… le tout traité sans pathos, sans pédagogie lourdingue, sans manichéisme aucun…

De même, on se met à résister par dépit : comme dit une pute : « Faut bien que quelqu’un fasse quelque chose ! »… Et quand un habitant du village parle de De Gaulle, les gens ricanent… C’est à ces petits détails qu’on reconnaît une grande ambition, celle de J.-P. Azema, consultant sur la série, qui, visiblement, n’était pas seulement chargé de choisir les Lüger chez l’accessoiriste…

Ne ratez pas la suite, et la fin de la saison 2 mardi prochain…

Un Village Français,
2 épisodes tous les mardi, 20h35
France 3




mardi 13 octobre 2009


Sons of Anarchy, le pilote
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

On a retrouvé Drea di Matteo ! On avait laissé l’épouse – vulgaire mais splendide – de Christopher Moltisanti disparaissant dans un sous-bois, abattue par les primo capo de Tony Soprano.

En fait, elle est vivante, enceinte et divorcé du beau Jax, le futur « President » des Sons of Anarchy, et elle a pris vingt kilos. S’il n’y avait que ça ! Sa belle-mère veut sa mort, elle se came à la mauvaise héroïne que lui vendent les néonazis du coin (dirigés par Mitch Pileggi, le Directeur Adjoint Skinner, qui, probablement lassé de toutes ces histoires d’extraterrestres,s’est lui aussi réfugié en Californie).

Vendredi, c’était donc le premier épisode de Sons of Anarchy, et on attendra la suite pour se faire un jugement. Ça a l’air bien fait, bien joué, avec plein d’intrigues annexes, mais on ne sait pas encore si on tient le nouveau Sopranos, ou si Sons of Anarchy joue juste aux Sopranos…

Sons of Anarchy
M6, 23h10




mardi 13 octobre 2009


Braquo (2)
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Aïe aïe aïe !!! Mea culpa, mea maxima culpa ! Errare humanum est ! J’ai dégainé trop vite et j’ai abattu Braquo, sans sommations. Or, c’est très bien Braquo ! Y’a bon Braquo ! J’avais promis de jeter un œil, j’ai même jeté les deux.

Certes, la parenté avec The Shield est évidente, mais Braquo est ce que The Shield aurait du être : moins hystérique, moins dans la surenchère, plus sobre…

Le pitch ? Quatre flics borderline arrêtent des voyous avec des méthodes de voyou : intimidation, torture, extorsion de fonds… Le Bien et le Mal confondus, dans une PJ de toutes façons dirigée par la politique et les statistiques.

Mais le talent de Braquo, c’est la mise en scène : parfois épurée (les interrogatoires vicieux de l’IGS), parfois ultra-moderne : (la course poursuite caméra portée, sur une musique élégiaque)

Ce n’est pas super bien joué, mais c’est tenu par des dialogues réalistes et peu conventionnels (on reconnaît Olivier Marchal aux commandes)

Donc on y retourne, dès lundi prochain…

Braquo
Tous les lundis sur Canal+, 20h45