samedi 23 mai 2009


Dans la Brume Électrique
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Un film, ça tient à pas grand’ chose, c’est comme une recette de cuisine ; le préalable, c’est bien sûr d’acheter des bons produits, pas forcément très chers d’ailleurs (Tommy Lee Jones, Tavernier, la musique cajun, le Sud profond)

Après, c’est des choses toutes bêtes, comme le sel et le poivre, le tabasco, et le temps de cuisson. Mais là, la jambalaya, elle est trop cuite.

Y’a tout ce qui faut, c’est pas la question. Casting « local qui tue » : Tommy Lee Jones, John Goodman, Buddy Guy, Levon Helms (de The Band), John Sayles en réalisateur, et l’excellent Peter Sarsgaard, déjà vu dans Flightplan. Musique ad hoc, pas du blues traditionnel, mais quelque chose d’encore plus spécifique, que seuls ceux qui sont allés là-bas, comme Tavernier et son très beau documentaire Mississipi Blues, peuvent comprendre : le zydeco.

Mais voilà, Dans la Brume Electrique est comme Gran Torino, un film de vieux, à opposer à un film à l’ancienne, ce qui serait plutôt un compliment.

Un film à l’ancienne, c’est un film qui ne se croit pas obligé de couper au bout de deux secondes, de faire gigoter la caméra quand il y a de l’action, ou d’avoir un scénar « destructuré » pour faire moderne. Un film de vieux, c’est un film rebouilli, sans trop d’explications, pensant que le spectateur se fiche du réalisme, et que seuls compte les beaux sentiments qu’on met à l’écran. Mais le spectateur, il a évolué, mon petit Bertrand, et grâce à toi justement ! Il a vu les Hitchcock, les Borzage, les Capra. Et la génération Nouvel Hollywood a intégré tout le discours cinéphilique, l’a remâché, digéré, intégré. Et les Tarantino d’aujourd’hui ont redigéré aussi tout ça.

On ne peut plus faire ces films unidimensionnels aujourd’hui. C’est triste, mais c’est comme ça.

Alors quand Tommy Lee Jones est accusé de meurtre, on ne comprend pas pourquoi il reste flic. Quand il se fait tirer dessus, on ne comprend pas pourquoi il ne protége pas sa famille. Quand il va chercher le coupable présumé, on ne comprend pas qu’ils n’y aillent qu’à deux, comme dans Starsky et Hutch. Ca pouvait marcher dans La Soif du Mal, mais ce ne marche plus aujourd’hui.

Au final, malgré une belle ambiance poisseuse-qu’on-dirait-le-sud (comprendre sexe, racisme, vengeance, zydeco et fantômes), on s’ennuie paisiblement devant la Brume Electrique.


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