dimanche 21 décembre 2008


Burn After Reading
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Ils sont forts, les Coen. Moi, j’avais pas très envie d’y aller, à Burn After Reading. Un sentiment de déjà vu, de répétition, qui forcément, au bout de 20 ans, touche les meilleurs (Tim Burton, etc.) Encore un Fargo ? Un nouveau O’Brother ?

Bref, je me suis laissé entraîné, et Burn After Reading est une merveille de comédie. Car même si les Coen se répètent (n’ont-ils pas conceptualisé eux-mêmes cette Trilogie des Idiots (O’ Brother, Intolérable Cruauté, Burn After Reading)?), ils savent à chaque fois se plonger à fond dans un nouvel univers.

Ici – et ce n’est pas innocent – c’est d’espionnage dont il s’agit. D’espionnage de nos jours dans l’Amérique paranoïaque que nous lègue George W. Bush. Et ça commence, comme toujours très réaliste chez les Coen, dans les bureaux de la CIA à Langley, après une plongée googleearthienne et musique angoissante ad hoc : on est bien dans un film d’espionnage. Respectant l’adage qui veut que l’on fasse sérieusement les choses drôles, les Coen ne font pas les choses à moitié.

Mais c’est là que le Bal des Cons – spécialité coenienne -commence : Gros Con (Clooney), Petit Con (Pitt), Sale Con (Malkovitch), Pauvre Conne (McDornand). Devant cet étalage de la misère humaine, on est a) forcé de s’y reconnaître un peu b) forcé de compatir un peu, et c) assuré de rire beaucoup.

C’est la force comique des Coen, de rire de tout, cruellement (du Ku Klux Klan aux suicides de 1929), sans jamais lâcher le spectateur dans le marais de la méchanceté gratuite. C’est ce qui fait toute la différence, par exemple, entre Sex and The City, serie cruelle mais généreuse, et Desperate Housewives, série cruelle et sèche.

Mais pour revenir à Burn After Reading, où est le pitch ? À vrai dire, le révéler vous gâcherait le plaisir des multiples surprises cachées tout au long du film. Sachez simplement qu’il s’agit de zozos qui débutent dans le chantage, et que ça ne leur réussit pas. Entre temps, les Coen auront évoqué la chirurgie esthétique, les fantasmes sexuels de Georges Clooney, les hotlines énervantes, et esquissé une critique des failles du système de contre-espionnage américain.

Si après tout ça, vous n’allez pas voir Burn After Reading, autant fermer ce site.


2 commentaires à “Burn After Reading”

  1. CineFast » Love Actually/Good Morning England/Burn After Reading écrit :

    […] ici, associer deux bouses avec la dernière perle des frères Coen, fallait oser. Non pas que Love Actually et Good Morning England n’aillent pas ensemble, bien […]

  2. CineFast » Ce qui cloche avec les Tudors… écrit :

    […] est cantonnée dans un local miteux, et que leur condition reste précaire… Dans Burn After Reading, la seule coupe de cheveux de Brad Pitt donne une idée de la superficialité du personnage, dans […]

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