mardi 16 juillet 2013


Où va le cinéma américain ?
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

L’autre jour, pendant la séance de Man of Steel, il y avait trois bandes annonces. Très symboliquement, une partie des bandes annonces est désormais intégrée aux publicités, coincée entre M&Ms et la MAIF, l’Assureur Militant.

Symbole, oui, car évidemment, les films comme Man of Steel sont des produits. Ce n’est pas ici que nous dirions le contraire : le cinéma est une industrie, de luxe, certes, mais une industrie.

Les bandes annonces de ce lundi-là étaient parfaitement éclairantes de ce qu’est devenu le cinéma américain : Wolverine : Le Combat de l’Immortel, Pacific Rim, Sublimes créatures (le DVD)… Trois blockbusters, trois tentpoles, ces films de l’été gigantesques sous lequel toute la production de l’année est censée s’abriter : méga budget, méga profit, ou méga flop. Entre les films de super héros (Wolverine en est à son 5ème épisode), la chick-lit pour les filles, les films en 3D pour les enfants), que reste-t-il de notre cinéma américain…?? Où sont les films moyens, qui parlent de la vie quotidienne ?

Nous voilà coincés dans le rêve que nous avons contribuer à bâtir : ados, nous rêvions d’épopée intergalactiques et de barbares en short, alors que le cinéma ne nous proposait que des épopées de la seconde guerre mondiale avec des comédiens qui n’avaient même plus l’âge d’être sous les drapeaux, ou des comédies franchouillardes avec des acteurs pas drôles. Aujourd’hui, nous sommes submergés sous la mauvaise SF, le paranormal gore, les histoires de cousins au 3ème degré de super-héros. Les films indépendants coûtent des fortunes (20M$ pour The Descendants, ou pour le Cosmopolis de Cronenberg) !

Où va cet argent ? Où sont les histoires ? Lucas et Spielberg ont lancé récemment un appel prophétique : le cinéma est au bord de l’implosion, s’écroulant sous sa propre masse. Le futur, selon eux, c’est la broadwaytisation du cinéma : quelque mégafilms qu’on paierait 50$ la place dans des supersalles, tandis que les vraies histoires émigreraient vers la télé.

Une prophétie qui vient de gens qui ont bâti ce système, de Jaws à Star Wars. Mais au moins, c’était une époque où Hollywood bâtissait ses propres franchises… Chacun peut le constater : les histoires adultes sont désormais à la télé ; le divertissement devenant le seul viatique du cinéma : Game of Thrones sur OCS, Conan à l’UGC. Si l’on veut parler des grands sujets d’aujourd’hui, de politique, d’environnement ou tout simplement de l’évolution de la cellule familiale, il n’y a plus de « cases » pour parler de cela dans le cinéma américain contemporain.

Après Man of Steel, nous sommes allés manger – un burger évidemment – et nous avons parlé de Game of Thrones en nous désolant du nanar de Zack Snyder. Il y a trente ans, c’eut été l’inverse : se désoler d’une télé gangrenée par le foot et Dallas, et la satisfaction de trouver au cinéma un tout autre niveau.


4 commentaires à “Où va le cinéma américain ?”

  1. James Malakansar écrit :

    Effectivement Professor. Notre conversation à la sortie de Man of Stell, et cet article, en disent long… Moi qui ai pourtant longtemps milité pour conserver ces 16 ans d’âge mental qui permettent d’apprécier pleinement les GCA chères à nos cœurs, je ne peux qu’abonder (pour une fois) dans votre sens. Je me demande souvent ce que pensent aujourd’hui les ados que nous étions il y a longtemps (très, trop ?) et à qui on sert à longueur d’écrans, ces plats « fast food » formatés qui étaient si rares à l’époque (et là je vais faire vieux con) mais qui étaient inventifs, alors que maintenant la photocopieuse marche à plein régime.
    Alors Man of Stell… J’ai eu beau lutter pour me raccrocher à mon âme d’enfant mais bon, que dire si ce n’est répéter ma théorie du Mc Donald :
    Avant on a super envie d’y aller.
    Pendant on est content mais on sait pertinemment que le plaisir n’est pas vraiment au rendez-vous et que l’on nous prends pour des cons.
    Apres il ne reste qu’une lourdeur sur l’estomac.

    Les effets spéciaux sont superbes. Le concept et le design graphique sont magnifiques. Mais ces bagarres incroyables n’en finissent pas et au bout d’un moment on s’ennuie ferme. Les acteurs se débattent pour donner un peu de corps à leurs rôles mais en vain. Le film est tellement vide d’intentions à force d’être plein d’effets visuels 3D texturig mapping rendering intégration… Hollywood est devenu une machine à donner du travail aux graphistes, modeleurs, animateurs, artistes “Flame“ ou “Inferno“ Toutes les entreprises d’effets spéciaux sont de la partie avec en vedette les nouveaux golden boys Néozélandais de Wetta Digital et le générique final n’en finit plus pour rendre hommage (mérité) à cette multitude. Mais pourquoi en fait. A quoi sert cette course au toujours plus sans inventivité, sans émotion, sans profondeur… Bon ok, tout ça est antinomique avec le concept de GCA mais bon on peut rêver non ?

  2. CineFast » Iron Man 3 écrit :

    […] je sais moi, c’est que je vais de moins en moins au cinéma, de peur de voir Iron Man 3 ou l’un de ses clones. Je ne suis pas allé voir les 3ème aventures de Tony Stark, malgré l’affection que j’ai pour […]

  3. Professor Ludovico écrit :

    il reste le cinéma français !

  4. CineFast » Topten 2015 écrit :

    […] clair, qu’est-ce que ça veut dire? Est-ce que la prédiction de Lucas/Spielberg en 2013, sur la broadwaytisation du cinéma, est en rou… ? C’est à dire le cinéma comme super-industrie produisant quelques mégafilms à 500M$ en […]

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