lundi 13 novembre 2006


Les Fils de l’Homme
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Voilà un film étonnant. Un film qui frôle le chef d’œuvre, sans jamais y sombrer. Un film d’une maestria incroyable, une vision hallucinante du futur, et un ratage total. Enfin, pas total, parce qu’on ressort quand même abasourdi. Doublement, même. Scotché par une telle prédiction de notre futur, rendu si prégnant par la qualité des décors, des accessoires, des costumes, des paysages : notre futur est là, sous nos yeux. On n’est pas dans Blade Runner (le futur noir), ni dans Minority Report (le futur blanc), non, on est dans le futur gris. Gris comme la vie de tous les jours. C’est la guerre, partout, comme aujourd’hui. Il y a des attentats, comme aujourd’hui. Des riches, des pauvres. Juste une petite différence : y’a plus d’enfants. Nulle part.

C’est là que ça commence à se gâter : les questions se bousculent dans la tête : « Pourquoi ? Comment ? ». On les repousse du bout d’un neurone, habitué qu’on est au scénario écrit au dos d’une boite d’allumettes de la production US. « C’est pas le problème ! » nous dit Hitchcock. Il est gentil, Hitchcok, mais il est anglais ! Et Les Fils de l’Homme, un film américain produit par Universal, qui se passe en Angleterre ? C’est louche… D’habitude, ils les adaptent ; dans le même genre, Spielberg avait situé sa Guerre des Mondes aux Etats-Unis…

Alors ca nous titille cette histoire, ces enfants qui manquent, tout ça… Mais heureusement, ça progresse : il en reste un, un enfant, qui reste à naître… Problème, il est dans le ventre d’une réfugiée, et il fait pas bon être réfugiée dans l’Angleterre de 2027. Alors le héros, il est contacté par son ex femme pour trouver un passeport, qui lui permettrait d’accoucher en pleine mer, auprès d’une mystérieuse organisation baptisé le Projet Humanité. Evidemment, le héros, Clive Owen, il veut pas au début, et puis ensuite, il veut. Et le reste du film va se dérouler de péripétie en péripétie, toutes aussi prévisibles les unes que les autres. Le héros et le femme enceinte sont pourchassés, ils s’échappent. Et, incroyable, les méchants les retrouvent une fois, deux fois. On ne sait pas trop comment ils font, mais ils y arrivent. Mais nos héros s’échappent à nouveau. L’héroïne accouche dans une sorte de camp de concentration ; et elle s‘échappe. Si ! Si ! Je ne vous dévoile pas la fin, tellement elle est difficile à deviner. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’on ne saura rien du projet Humanité…A la place, y’a un running gag de choix de prénom…

En bref : WHERE IS THE FUCKING SCENARIO ?

Là, je sens mes contempteurs habituels protester… « Il fait pas tout le temps le malin, le Professore ! Quand c’est le scénario de Spielberg ou Michael Bay, on l’entend pas gueuler aussi fort !!! »…. Eh oui ! C’est tout le problème des Fils de l’Homme : c’est une grosse connerie américaine déguisée en film d’auteur. Quand on voit ce film, on pense au Stalker de Tarkovsky, à Full Metal Jacket… on pense aussi à ce que V for Vendetta aurait pu être. Je le répète, ce film est un film incroyable, dotée d’une vision hors du commun, et qui mérite d’être vu rien que pour ça ! Mais il faut respecter le genre : si on fait un film aussi ambitieux, il ne faut pas prendre les spectateurs pour des neuneus. Si, au contraire, on fait dans le divertissement, il ne fallait pas être aussi sérieux…


Un commentaire à “Les Fils de l’Homme”

  1. CineFast » The Expanse, saison 2 écrit :

    […] Scénaristes des Fils de l’Homme : tout s’éclaire […]

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