mardi 31 octobre 2006


L’affaire Villemin
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

C’est vraiment le truc qui énerve. Un sujet extraordinaire, connu de tous, plein de rebondissements, des spectateurs déjà accros. Des moyens (6 fois 52 mn). Des comédiens plutôt bons dans l’ensemble. Et au final, une plantade franco-française dans toute sa splendeur.

Le scénario, signé par Pascal Bonitzer (Petites Coupures, Rien Sur Robert) et le réalisateur, Raoul Peck (Lumumba), est écrit dans ce français théâtreux parlé dans le sixième arrondissement, mais sûrement pas sur les rives de la Vologne…

Extraits : Un avocat : « Cher confrère, je ne vous connaissais pas z-ainsi » Jean-Marie Villemin : « Gregory était tout pour moi, je regardais par ses yeux, il regardait par les miens », etc.

Le montage est fait par un étudiant de l’IDHEC (coupe nette, au milieu d’un geste, sans transition sonore (sûrement un parti prix artistique)).

La mise en scène est absente. Les personnages sont debouts, lancent leur phrase, l’air pénétré. Source d’inspiration numéro un : Les Rois Maudits. Notamment cette superbe scène : à droite, debout, le petit juge, à gauche, l’expert graphologue, au fond, en silhouette, un gendarme. Qui ne bouge pas. Qui attend, sans rien faire, sa réplique. Une réplique qui vient : « laissez moi vous expliquer, M. Le Juge ! » Ouf ! On se demandait ce qu’il faisait dans le plan.

A titre de comparaison, deux exemples vu récemment :

Dans Les Aventuriers De L’Arche Perdue, une scène d’explication sur l’Arche entre Indy et son mentor, le Dr Brody. Indy parle, et c’est un moment assez faible dans la narration. Brody ne reste pas là, les bras croisés, à l’écouter ! Au contraire, un étudiant dépose une pomme sur le bureau d’Indy. Brody, tout en écoutant Indy, s’en empare, la regarde, l’essuie sur sa veste, et la croque. Ce n’est rien, mais la scène est vivante, humaine… Ca bouge ! On n’est pas des robots qui débitent leur texte !

Dans The Wire, série sur Canal Jimmy. Deux flics, en gros plan discutent de leur enquête qui part en couille. C’est un moment un peu décourageant. Derrière, on entend un bruit de pas très discret. On voit dans l’arrière-plan une ombre ; quelqu’un passe en effet sur le trottoir, et l’on se souvient alors que ces deux personnages sont dans une cave, où leur hiérarchie les a exilé.

Voilà deux exemples qui ne coûtent rien, qui enrichissent une scène à peu de frais. Il faut juste un peu moins de fainéantise.


Un commentaire à “L’affaire Villemin”

  1. CineFast » Wyatt Earp écrit :

    […] * Phénomène notamment identifié dans L’Affaire Villemin. […]

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