vendredi 6 janvier 2023


Tokyo Vice
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

On peut tirer un très bon film (ou une bonne série) d’un assez mauvais livre. J’avais eu très envie de lire Tokyo Vice, la plongée du journaliste Jake Adelstein dans l’univers des yakusas, mais le livre avait laissé un goût d’inachevé et de confusion…

La série de J. T. Rogers, dramaturge américain qui fait ici ses premiers pas à Hollywood, réussit au contraire à construire une véritable histoire en repartant directement du narrateur. Le jeune Jake (fabuleux Ansel Elgort) a quitté pour des raisons mystérieuses son Missouri natal pour le Japon, avec un objectif : devenir journaliste. Ceux qui connaissent un peu l’Archipel savent à quel point il est difficile de s’intégrer, a fortiori d’y travailler. On suivra donc les pérégrinations, les erreurs, les rebuffades, les incompréhensions de Jake Adelstein dans les univers très ritualisés de la Presse, de la Police ou des yakusas, faits d’échanges d’information, de cadeaux qu’il faut – ou pas – accepter, de respect et d’auto-contrition. On y croisera des yakuzas tordus, et d‘autres respectueux de la tradition, des flics incorruptibles et des flics corruptibles, des journalistes consciencieux et d’autres beaucoup moins.

Ce qui fait le charme de Tokyo Vice, c’est ce qui fait le charme de Tokyo : cette proximité trompeuse avec l’Occident (même ville, mêmes voitures, même niveau de vie) et en même temps, le décalage absolu de l’âme japonaise. Tokyo Vice sent le Ramen et le Shabu-shabu à chaque plan.  

Scénaristiquement, le show tient la route, avec sa galerie de personnages attachants (l’hôtesse de bar américaine (Rachel Keller), le flic à principe (Ken Watanabe), le jeune yakusa rétif (Shō Kasamatsu)), mais on retiendra la révélation Ansel Elgort*, acteur principal et producteur de Tokyo Vice, dont le visage, à la fois solaire et tourmenté, illumine la série.

* vu ailleurs, mais pas par nous : Divergente, Baby Driver, et le West Side Story de Spielberg