dimanche 14 janvier 2018


Southland Tales
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

On se demandait pourquoi Southland Tales, le film du génie qui nous avait donné Donnie Darko et The Box, était resté lettre morte alors qu’il avait fait l’ouverture du Festival de Cannes. Il semble pourtant que le Snake nous avait alerté : simplement parce que Southland Tales n’est pas bon. Il a raison le Snake, le film est raté, complètement raté.

C’est intéressant a posteriori de voir ce genre de film pour comprendre que le nanar n’est jamais loin du chef-d’œuvre. Car l’ambition de Richard Kelly est immense, dans ce film ou ailleurs.

Dans Southland Tales, il veut raconter une histoire à la Philip K. Dick. Le temps a été déréglé par une nouvelle source d’énergie, et il est possible que deux avatars de votre petite personne en même temps. Kelly y agrège toutes les obsessions californiennes : fin du monde/porno/extrême droite.

Même si tout cela est très brillant, même si la fin fournit une forme de compréhension générale, le reste est bien trop abscons pour qu’on y prête attention. On saisit aussi l’intention humoristique, mais ça ne marche pas, car on n’arrive pas à s’accrocher à un personnage ou à une histoire.

On attend le prochain, Richard ?




dimanche 14 janvier 2018


El Presidente
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Quand on cherche à démontrer ce que le cinéma doit être, il y a El Presidente (La Cordillera en argentin). Une pure merveille de cinéma, caché dans un film argentin, coincé dans les profondeurs du programme du MK2, entre Coco, Paddington2 et Pitch Perfect3.

On n’y serait pas allé si le Prince d’Avalon ne nous y avait fortement invité, avec une prestation all-inclusive VTC-ciné-resto : on vient vous chercher, on vous emmène au restaurant et on vous redépose après. Avec une telle proposition, on aurait volontiers accepté La Promesse de l’Aube.

Mais peu importe, s’il s’agit de cinéma. Le cinéma, un art qui semble s’être perdu au début du XXIe siècle, qui collait côte à côte des plans et demandait aux spectateurs de réfléchir à que ça pouvait bien vouloir dire.

Dans El Presidente, l’intrigue est épaisse : on part sur une histoire de plombier, et ensuite on passe au bureau du président argentin Hernán Blanco (le chouchou Ricardo Darín). Au spectateur de se débrouiller avec ça. Et puis nous voilà au Chili, au sommet de la cordillère, pour… un sommet des pays d’Amérique du Sud. Et puis une fille du presidente qui ne va pas bien.

Évidemment le cerveau du cinéphile, complotiste comme chacun sait, cherche à relier les fils : la fille ? L’ex-gendre ? La conseillère ? La fille dans la chambre ? Et les Américains dans tout ça ? Et le plombier ? Pendant deux heures, le cerveau fonctionne à plein régime ; on ne peut pas dire ce soit le cas des films qu’on va voir ce moment. Et comme tout est sans couture apparente (jeu des acteurs, mise en scène, cadrages, musique, toute la technique reste invisible), Santiago Mitre, le réalisateur, a tout loisir de jouer avec nos nerfs. Le président est au bord d’une falaise : il va se faire pousser dans le vide ? Au bord d’une fenêtre ? Les Américains vont le tirer comme un lapin, comme à Dallas ? À chaque fois, Mitre s’avance. Profite de tous ces films qu’on a vus et qui propose des solutions au mystère. Et il s’arrête, pile au moment où ça pourrait devenir plus sérieux. Et met les spectateurs en tension jusqu’à la conclusion finale.

Jouer avec le cerveau du spectateur, ça s’appelle simplement le cinéma…