dimanche 4 mai 2014


Only Lovers Left Alive
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines -Les films ]

Au début de Only Lovers Left Alive, Jarmusch filme en gros plan un 45 tours qui débite un vieux rock très lent, à tel point qu’on se demande si le disque n’est pas en 33 tours, et qu’une main amie va jaillir dans le champ pour régler l’électrophone sur la bonne vitesse.

Only Lovers Left Alive, c’est ça : très rock, très lent. Beaucoup trop lent. D’aucuns – et notamment le guitariste qui m’accompagnait ce soir-là, expliquera, mi fataliste, mi fan transi, que ben, bon, Jarmusch, c’est ça.

Ok, mais quand ça dépasse les limites du supportable, le corps se révolte, et on s’endort. Quand on se réveille, vingt minutes plus tard, on n’a rien perdu de l’intrigue. Certes, on imagine des voix s’élever dans la salle, sur la cohérence, pour ne pas parler de métaphore, avec la notion très distendue du temps qu’ont les vampires (du moins, ceux que je connais).

Certes, mais nous, on s’ennuie quand même.

C’est dommage, parce que le reste est bien, la musique, géniale, les décors, la photo, parfaite, l’argument, pas mal du tout*. Pas pratique pour se retrouver (vols de nuit obligatoires) et pour s’abreuver (on ne suce pas le sang des misérables humains comme ça, il fait rester discret) ; appliquant en cal le credo du revival goth vampirique des romans d’Anne Rice et du très populaire jeu de rôle Vampire : La Mascarade.

Mais tout cela est long, beaucoup trop long, chaque scène étant elle-même interminable. Et peu subtil : Jarmusch parsème son film de références vampiro-littéraires : Christopher Marlowe, Paganini. Tout cela tourne au name dropping. Dommage.

* Deux vampires s’aiment, mais vivent séparément, chacun à l’autre bout du monde : Adam (Tom Hiddleston) vit dans les très impressionnantes ruines de Detroit et compose de la musique, Eve (Tilda Swinton) vit à Tanger dans les pas de Bowles et Burroughs et lit -beaucoup).