jeudi 1 septembre 2011


La Ballade de l’Impossible
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Stanley Kubrick disait avoir choisi Shining comme sujet, car « les romans de gare sont plus faciles à adapter que les chefs d’œuvres ». Ce qui explique probablement l’impossibilité d’adapter La Ballade de l’Impossible, le joyau d’Haruki Murakami.

Trần Anh Hùng (L’Odeur de la Papaye Verte) se contente donc de suivre la trame du livre et seulement celle-ci : Watanabe est amoureux de la dépressive Naoko, mais soudain le jolie Midori apparaît dans sa vie.

Que choisir ? La fidélité ou la vie ? L’amour est-il éternel ? Ce sont les questions que posent le livre et le film…

Mais un vrai livre, comme le rappelait tout à l’heure King of Cote, c’est avant tout un style. La force de Murakami est là, dans ce style langoureux et nostalgique, où chaque digression est une vague supplémentaire de l’océan de ses romans.

En n’adaptant que la trame, le film devient un simple squelette. Malgré les acteurs, très bien, les décors japonais (sublimes, forcément sublimes), on s’ennuie, parce qu’on ne sait pas où l’on va. Qui plus est, Trần Anh Hùng s’est cantonné à l’année 1967, oubliant les fabuleuses premières lignes de La Ballade de l’Impossible : « J’avais trente-sept ans, et je me trouvais au bord d’un Boeing 747. L’énorme appareil descendait à travers de gros nuages chargés de pluie, et s’apprêtait à atterrir à l’aéroport de Hambourg. la pluie froide de novembre obscurcissait la et terre et tout absolument tout, du personnel technique revêtu de cires aux drapeaux quoi flottait mollement sur le bâtiment de l’aéroport, baignait dans la mélancolie classique des peintures flamandes. Une fois encore, j’étais de retour en Allemagne.

L’avion s’immobilisa sur la piste et les voyants lumineux d’interdiction de fumer s’éteignirent, et la douce musique d’ambiance s’écoula des haut-parleurs fixés au plafond : c’était la mélodie de Norwegian Wood. »

La nostalgie était cachée là, cher Trần Anh Hùng.