samedi 13 juin 2009


Dramaturgie du sport
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Vous l’aurez compris, à CineFast – et contrairement au cinéphile moyen -, on n’a rien contre le sport, et même les sports de masse, comme le football, si souvent boudés de nos amis intermittents du spectacle*.

Ceci n’est pas un blog sur le sport, mais rien n’empêche d’en parler, la saison étant propice. Après un article sur rugby, il est intéressant de s’interroger sur leur cinématographie (voulue), et leur dramaturgie (non voulue, certes, mais quelque peu dictée par les règles). Le plus étonnant, en ce moment c’est sûrement le tennis, et Roland Garros en particulier. Pourquoi ?

On s’y attache rarement, parce qu’il fait partie de la culture française, mais le tennis est un sport très bizarre. Système de score alambiqué (15, 30, 40 au lieu de 1-2-3), limites de terrain ésotériques (on utilise les marques du Double alors que l’épreuve n’est pas retransmise), et organisation pléthorique : 9 arbitres, 6 ramasseurs de balles pour 2 pauvres joueurs.

Et surtout, un des rares sport où l’on ne connaît pas la durée de jeu : 40 minutes ou 5 heures ? Pourquoi ? Parce qu’au tennis, il faut blesser au moins deux fois l’adversaire de suite pour gagner. Blesser, plutôt que marquer, car le tennis s’apparente en fait à une joute (on dit d’ailleurs tournoi). Nous voilà revenu, pour ce sport aristocratique, au moyen âge !

Un sport tout à fait élitiste où il faut se taire comme à l’opéra, ou l’on tend la serviette au joueur, qui ne se baisse jamais pour ramasser une balle, et au fair play absolu (on attend l’adversaire avant de servir) ; toute cette considération pour le sport le plus cruel qui soit, qui ressemble souvent plus à une mise à mort qu’à autre chose.

Les larmes de Federer, dimanche dernier à Roland Garros, participent de cette dramaturgie. Le noble chevalier Roger, portant haut les couleurs de sa gente dame, a corrigé le soudard Söderling, et, triomphant enfin dans la lice du Roi de France, pouvait enfin verser de nobles larmes.

*anecdote personnelle : lors d’un week-end à la campagne avec des copains travaillant dans l’Usine à Rêves, et voulant organiser un match de foot, je fus obligé de racler les fonds de tiroir pour organiser un semblant d’équipe. Il fallut les tirer un par un de leurs transats. L’un d’entre eux se fit énormément prier « Je ne sais pas jouer / J’aime pas le foot ». Après un « T’as pas le choix » énergique, et une heure de jeu, le gus en question se révèle Zidane de la journée. Au retour, je complimente l’épouse de Zizou sur les talents de son mari. Réaction mi-étonnée, mi-effarée : « TOI, TU JOUES AU FOOT ??? » Quelle déception, après tant d’années de mariage !




samedi 13 juin 2009


Le Seigneur des Anneaux, un bilan
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les films ]

Quid de la trilogie, huit ans après ? Après une relecture familiale des trois opus, Le Seigneur des Anneaux, Les Deux Tours, Le Retour du Roi, il reste à faire un bilan global du nazgul jacksonien. Que restera-t-il de ces films dans dix ans, dans vingt ans ? Nul ne le sait en vérité. La postérité est une sorcière malicieuse, qui laisse peu d’indices aux vivants sur la trace qu’ils laisseront. « Make it count », pourrait-on simplement paraphraser le Jack de Titanic.

Pour ma part, la trilogie me fait penser à Ben Hur. Le Seigneur des Anneaux, la SF au cinéma en général (en tout cas la version survitaminée que se contente de nous proposer Hollywood depuis toujours)*, c’est le péplum de notre génération. Des films à grand spectacle, mais horriblement dépassés aujourd’hui. (A l’opposé, les western tiennent mieux la rampe).

Ben Hur, là-dedans, c’est le haut du panier. Ridicule, mais avec de la gueule. Une scène de chars irremplaçable, un beau scenario, et un peu de ridicule à droite et à gauche. Mais pas honteux, non plus.

Le Seigneur des Anneaux, c’est pareil. On moquera les préciosités elfiques, les combats confus, la musique ringarde, et certains acteurs cantonnés à des taches subalternes, comme on dit dans Drôles de Dames.

Mais on n’oubliera pas la performance de Frodon, de Sam, de Gollum et d’Aragorn, les belles scènes (la Moria, le Gouffre de Helm, l’Eriador, la Bataille de Minas Tirith. Et évidemment, la fin.

Selon la belle formule de l’ami Fulci, Le Seigneur des Anneaux est-il le Star Wars des années 2000 ? Sûrement.

Les chroniques :

Le Seigneur des Anneaux
Les Deux Tours
Le Retour du Roi


* évitant d’adapter correctement les œuvres plus intimistes (voir le traitement réservé à Dick, à Herbert, et à tous les grands auteurs de SF qui attendent d’être adaptés.




samedi 13 juin 2009


Un Village Français, part deux
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Bon, Un Village Français confirme : c’est fait à la française, justement, mal joué, mal mis en scène, pas une once de scénographie ; mais c’est toujours aussi bon coté propos : les collabos se mettent à collaborer, mais doucement, les résistants, à résister idem, mais on voit que rien est simple. Faut-il sacrifier un villageois, ou plutôt un espagnol que personne ne connaît ? Faut-il faire des poutres pour les allemands, ou mettre tous les ouvriers au chômage ? Même les communistes sont paumés, mais exprimer le doute, c’est « rompre avec la doctrine du Parti », comme le dit un personnage du film.

Les persécutions antisémites commencent, tout doucement : une directrice d’école est renvoyée, et on essaie de tirer un maximum de blé des juifs qui essaient de passer la Ligne… c’est la triste de France de 1940, ça fait du mal d’entendre ça, et en même temps, ça fait du bien de l’entendre, enfin, à la télé…

Un village français,
2 épisodes tous les jeudi, 20h35
France 3