jeudi 28 juin 2007


L’avocat de la terreur
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Autre documentaire, franco-suisse, celui-là. Aux manettes, un grand pro, Barbet Schroeder (More, Tricheurs, La Vierge des Tueurs).

En deux heures quinze, Schroeder n’aura pas résolu l’énigme Vergès, mais il l’aura approché, et de très près. On passe ainsi de la guerre d’Algérie, à l’OLP, aux Fraction Armée Rouge, aux Khmers Rouges, aux attentats rue de Renne, et aux sales affaires des services secrets. Passionnant résumé de l’histoire contemporaine, de notre histoire contemporaine : autant on regarde avec une distance amusée la guerre d’Algérie, autant les années 80 font froid dans le dos ; mon père aurait sûrement la réaction inverse.

Le plus fascinant restant probablement de voir ces acteurs témoigner : anciens terroristes, anciennes tueuses de bidasses français devenues mère de famille ou ministre ou épicier. Comme si l’éternel mouvement de la vie finissait toujours par l’emporter.




jeudi 28 juin 2007


Kings of the world
posté par Professor Ludovico dans [ Documentaire -Les films ]

Splendide. Voilà un film qui fait honneur au cinéma français*, et au cinéma documentaire. Un film que devraient voir tous les anti-américanistes primaires, n’ayant que le mot « Bush » à la bouche, en évitant ainsi toute autocritique.

« Nous ne sommes pas ce que nous prétendons être » : Tout est dans l’affiche, et dans les cinq premières minutes du film. On y voit effectivement un texan débiter, dans une laverie, un condensé de tout ce qui nous fait détester l’Amérique : oui, heureusement que l’Amérique est là, oui, nous sommes la police du monde. Vous les européens, vous êtes bons pour critiquer, mais pour aller libérer l’Irak, y’a plus personne ! On se dit qu’il va être difficile de supporter ça pendant deux heures. Mais miracle, on n’est pas Michael Moore, c’est-à-dire pas dans la comédie, le plan coupé court, la chute façon sitcom. Non, ici on est chez Rivette, le plan séquence. Et le type continue à parler, pendant cinq minutes. Et ce qui est terrible, quand on laisse les gens s’expliquer, c’est qu’ils ont tout à coup un discours plus construit… Et si à la fin on n’est pas d’accord avec lui, il a exposé, un point de vue, qui, ma foi, se tient.

On n’est pas au bout de nos surprises : plan suivant, l’autoroute baigné de chaleur, de la Californie. A la radio, les news. Ca parle de quoi, les news ? De la mort de jacques Derrida. Et le speaker d’expliquer l’importance de Derrida, philosophe français, qui a si bien pensé les USA…Le film est lancé, et va alterner le chaud et le froid, « Amérique, terre de contrastes ! » Le film navigue ainsi, à l’occasion de la campagne Bush-kerry, dans l’Utah, le Nevada, la Californie. Paysages splendides, et rencontres : des mormons sexistes, un danseur, des intellos de gauche, des cowboys, des indiens…
Ou cet aumônier, vétéran des droits civiques, qui conclura de façon terrible : « J’aurais quand même voulu dire quelque chose de positif. Ce pays est grand. C’est très grand ! C’est très beau. C’est … dommage. »

Pour ne pas oublier qu’il existe un pays avec 125 millions d’opposants à Bush, et qui s’appelle les Etats-Unis. Le pays de The West Wing, The Wire, de Syriana à La Ligne Rouge, de Soderbergh et Clooney, Susan Sarandon et Tim Robbins, et Sean Penn.

* un film de Rémi Rozié, Valérie Mitteaux, et Anna Pitoun