lundi 13 mars 2006


Sans Capote
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Bon, elle est facile, mais , en tout cas, ce n’est pas une apologie du bareback… quoique ?

Encore +1 au palmarès des films sans scénario, le tout caché sous d’obscures prétentions artistiques. Tout est réuni pourtant pour un bon film (un sujet sulfureux : Truman Capote a-t-il utilisé les tueurs pour faire son beurre « de sang froid »), des sous, des acteurs formidables qu’on aime depuis toujours (Philip Seymour Hoffman, Catherine Keener*, Chris Cooper), une belle image, une musique minimaliste…

…et au final, Rien. Nada. Zéro. Queud’.

Pas d’histoire. Pas de personnage. On ne saura jamais où on veut en venir. Capote, victime ou salaud ? Les tueurs, victimes ou salauds ? Où est l’enjeu ? Que se passe-t-il durant deux heures ? On reconstitutionne… On imitationne… on déroule son joli petit film sans faire avancer l’histoire d’un iota. A tel point qu’on croit qu’on va apprendre un truc incroyable à un moment ou à un autre (complot gouvernemental ? ou pédophilie inavouée ?) Mais non, rien. Et puis, pof, les condamnés à mort sont condamnés à mort, c’est fini, c’est bien triste, Capote il est tout triste.

Ca donne au moins envie de lire « De Sang Froid », et c’est déjà ça.


*Ah, Catherine Keener !




lundi 13 mars 2006


Le Nouveau Monde : Absence de Malick
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Le style ne fait pas tout ; je viens de l’apprendre à mes dépens. Fan absolu de La Ligne Rouge, et même de Badlands, j’attendais comme le messie le nouveau Terence Malick. Pourtant, ce film prouve que le cinéma pas une science, ni un art, mais fait bien partie des pratiques magiques. Avec les mêmes ingrédients (narration déstructurée, montage « musical », film choral avec multitude de personnages, beauté de la musique et de l’image), on obtient des résultats absolument inverses.

Pourtant c’est le même homme aux commandes, la technologie n’a pas changé, les thématiques Malickiennes sont toujours là, mais Le Nouveau Monde est un échec pour les mêmes raisons qui font de La Ligne Rouge un chef d’œuvre.

L’histoire, donc. Le capitaine John Smith découvre l’Amérique et Pocahontas, elle le sauve et tombe amoureuse de lui. Il l’en dissuade. Elle rencontre un autre, qu’elle n’est pas sure d’aimer. Y’avait il matière à faire un film ? Sûrement, Disney l’a fait avec les dégâts que l’on sait* mais ici, Terrence Malick ne va quand même pas s’abaisser à raconter une histoire… Non, il a des thèmes à évoquer, le panthéisme, la place de l’homme dans la nature, tout ça. Donc on ne saura rien des motivations des personnages, des débats qui agitent les indiens qui seront survolés par de belles images planantes et une voix off pénible « où suis-je ? » « que penses tu mon amour ? », le tout en filmant des arbres vus d’en dessous, de l’eau sur les pierres, des poissons. Bien sûr les indiens sont beaux et gentils, et Pocahontas a dégoté une très joli minijupe qui lui va fort bien. Par contre, les anglais sont sales, cannibales, et leurs femmes sont moches. Heureusement ces clichés vont disparaître à la moitié du film, quand arrive Christian Bale, le nouveau M. Pocahontas. Là, le film reprend un peu corps, une tension dramatique s’installe. Pourquoi ne l’aime-t-elle pas ? Retrouvera-t-elle John Smith ? Il faudra patienter jusqu’à un final splendide qui, malheureusement, ne sauve pas nos deux heures d’ennui…

Le style, qui enluminait la structure classique du film de guerre (avant la bataille, la bataille, après la bataille) ici plombent le film, parce qu’il n’y a pas cette structure « classique » qui sous-tend tout le reste. Quelques exemples : les faux raccords sont ici insupportables, la musique mange toute l’image, et particulièrement l’utilisation du concerto n°23 de Mozart, complètement anachronique. Les acteurs sont absents, et le manque d’histoire est flagrant.

La Ligne Rouge , ou Badlands, proposait avec le même style les qualités inverses. Il y a avait la même thématique, certes, les mêmes effets, mais l’histoire était suffisamment forte pour porter ces thèmes, nous amener à y réfléchir. Chaque personnage avait son histoire à raconter, son drame personnel, et la bataille y était un aboutissement, tandis que la scène finale avec Clooney, montrait qu’il n’y avait pas de happy end final mais que la guerre ne serait qu’un incessant recommencement…

Cela fait de la peine à voir chez quelqu’un comme Malick, mais ici, nulle histoire, que du thème, que du style. Malheureusement, c’est loin de faire un film ; nous ne sommes pas à la Géode ; des belles images peuvent amener la rêverie, mais guère plus…

* une enfant interrogée sur Europe 1 à la sortie du film avait adoré Pocahontas, parce que (sic), il montrait que les indiens et les êtres humains pouvaient s’aimer